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Critique de Jmlyr


Je suis sous le coup de l'émotion pure, j'ai épousé son âme, entendu les battements de son coeur quand il évoque Charlie, et Algernon. J'ai répondu à son invitation, me suis glissée au creux de ses souvenirs, quand il m'a fait visiter la cave où il cache la matière de ses romans, tel que nous en avons tous... mais si, vous avez surement une malle aux trésors, une cachette sous l'escalier, une trappe dans le plafond… et vous y cachez des notes, des souvenirs, des idées, des brouillons, des photos, en vous disant : un jour, j'en ferai une nouvelle, ou un roman...

Je suis un ectoplasme errant, je flotte au-dessus de mon clavier, je me sens encore hantée par Keyes, suis à peine sortie de son esprit, j'en ressens encore la douleur de tant d'années passées pour donner vie à ce personnage qui l'habite définitivement : un garçon qui lui a demandé un jour de le rendre plus intelligent... et son bonheur immense, enfin, mais à quel prix !
Quoi de plus intime comme partage que cette genèse d'une oeuvre qui restera intemporelle, un hymne à la tolérance, à l'amour malgré la différence .
Lecture purement jouissive, plus encore que lorsque Stephen King s'est essayé au même exercice.
Je me doutais bien que si « Des fleurs pour Algernon » m'avait autant touchée, c'est qu'il y avait mis plus que ses tripes, qu'il l'avait forcément nourri de tout son vécu tant j'avais senti l'écrit « vrai ». Gagné !!!
J'ai tout retrouvé, et découvert d'autres souvenirs. J'ai été l'enfant pauvre, j'ai soigné en tant que mauvais médecin, j'ai pratiqué ce massage cardiaque avec la même angoisse face à la mort, j'ai fait des petits boulots, j'ai cassé des assiettes, on s'est moqué de moi. J'ai enseigné à une classe de déficients mentaux, j'ai tapé ses mots dans le coin de sa chambre modeste, j'ai pleuré de rage quand son manuscrit a étérefusé et maintes fois critiqué. J'ai déprimé, coulé, sombré en même temps que lui, et consulté les psy. Allongée sur le divan, comme lui. Je me suis battue, suis revenue à l'écriture de Charlie avec lui, ça s'est imposé, je l'ai senti. C'est une vie entière que j'ai vue défiler.
Je suis KO. Tant d'années, tant de relectures, de réécritures, de déceptions. J'ai appris : n'est pas écrivain qui veut.
J'ai compris le travail titanesque, la douleur, le besoin, l'obsession, les mots qui viennent la nuit, quand les autres dorment... finir le roman, surtout, nécessité absolu avant de mourir : plus important que tout, fini, même si non édité, mais FINI.

Immense. Quelle générosité dans ce partage, quel cadeau sublime ! Et je vous laisserai découvrir la fin ,quand des jeunes « surdoués » le remercient de les avoir aidés à prendre conscience de l'être (surdoués), et à comprendre la nécessité de se mettre parfois au même niveau que les autres, pour communiquer.

Merci, Monsieur Keyes, je suis Charlie.

…Enfin, je retombe, les pieds sur terre, la tête encore dans les étoiles, je redeviens Cathy, je suis quand même mieux dans ma peau, mais vous m'avez donné une grande leçon d'écrivain. Merci.
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