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Critique de gabb


L'intelligence, disait Desproges, est le seul outil qui permet à l'homme de mesurer l'étendue de son malheur.

Pas très réjouissant, j'en conviens, mais pas complètement faux non plus...
D'ailleurs s'il est un homme dans la littérature pour confirmer cette sentencieuse affirmation, c'est bien Charlie Gordon ! Qui de mieux placé, en effet, que le héros des Fleurs pour Algernon ? Qui d'autre que ce brave Charlie, lui qui osa sacrifier son esprit limité sur l'autel de la science et qui, à l'issue d'une funeste expérience, passa en un temps record du statut d'imbécile heureux à celui de génie incompris ?

Au début bien sûr, l'augmentation soudaine des capacités cérébrales et cognitives du patient semble bien alléchante (et le lecteur taquin se prend à rêver : y aurait un espoir pour les Anges de la téléréalité ? ;-)).
Hélas très vite nous déchantons, quand nous réalisons avec Charlie que "les problèmes émotionnels ne peuvent être résolus comme des problèmes intellectuels", et que sa nouvelle vie de surdoué n'est pas celle qu'il imaginait...


Ecrit en 1966, donc bien avant notre folle époque d'intelligence artificielle, d'homme augmenté et autres délires transhumanistes, cet étonnant roman met donc en balance le développement de l'intellect et l'aptitude au bonheur, non sans aborder les thématiques complexes de l'identité, de la perception de soi et de l'autre.
Sur ce point je l'ai trouvé plutôt novateur et orginal, comme l'est sa construction sous forme de compte-rendus rédigés par Charlie lui-même, d'abord dans un style tout à fait primaire, truffé de fautes en tous genres (assez pénible à lire sur une cinquantaine de page, il faut bien l'admettre...), puis de plus en plus élaboré à mesure que croît le Q.I du cobaye.
L'ancien, le vrai Charlie n'est pourtant jamais bien loin ("rien, dans notre esprit, ne s'efface jamais vraiment. L'opération l'avait recouvert d'un vernis d'éducation et de culture, mais émotionnellement il était là, à observer et à attendre.") et Daniel Keyes nous présente là un cas d'école de schizophrénie aigüe.

Je ne peux pas dire pour autant que j'ai été complètement conquis par cette histoire moult fois primée et considérée par certains comme un classique de la science-fiction.
Elle traine parfois en longueur et son écriture un peu datée ne m'a pas toujours convaincu (à croire que les romans SF vieillissent un peu plus vite que les autres...) Charlie n'en demeure pas moins un personnage attachant, et je reconnais volontiers à Daniel Keyes le mérite de lui avoir rendu toute la dignité qu'il mérite.
Tout ça pour dire que je ne regrette pas une seconde d'avoir enfin découvert Des fleurs pour Algernon : ce soir je me coucherai moins bête.
Ou pas.
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