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Critique de Esorlecram


Mes dernières lectures de l'auteur m'avaient un peu laissé sur ma faim (Les sirènes de Bagdad, La dernière nuit du Raïs). Ici, c'est un autre Khadra que l'on découvre. le fond historique - la conquête de l'indépendance algérienne -, bien que sousjacent dès le début, n'est développé que dans les cent dernières pages. Et pas question ici de bons et de méchants: Khadra comprend les revendications -légitimes- des Algériens, mais il s'associe aussi au chagrin de ces Français qui ont dû fuir en catastrophe une terre qu'ils adoraient. Tous n'étaient pas de méchants colonialistes!
"Ce que le jour doit à la nuit", c'est l'histoire du petit Younès , de son enfance à l'âge adulte, des années 30 jusqu'à l'indépendance de l'Algérie en 1962.
Younès vit dans une famille très pauvre de la campagne oranaise. L'incendie de la récolte annuelle oblige sa famille à déménager: son oncle, riche pharmacien qui a épousé une Française, leur dégote un taudis dans un quartier mal famé d'Oran. La situation de la famille ne s'arrange pas, au point que le père surmonte son immense orgueil pour accepter l'offre de son frère: recueillir Younès pour lui donner une chance dans la vie.
le changement est total: Younès devient Jonas et vit dans le monde des "roumis", des riches Européens. Ses nouveaux copains portent des prénoms bien français: Simon, Fabrice, Jean-Christophe, André...
Jonas est plutôt heureux, mais il garde en lui un vague sentiment qui l'empêche de se sentir chez lui: il est arabe, le seul de la bande. Ce n'est pas la religion qui fait obstacle: son oncle est un intellectuel musulman, sa tante est catholique, son copain Simon est juif. Non, c'est son appartenance à une autre race. Avec son talent habituel de conteur, Yasmina Khadra décrit en de (trop) nombreuses pages la vie insouciante de cette bande de copains qui travaillent quand bon leur semble. Jonas a repris la pharmacie de son oncle (sans aucune formation!) mais sa présence n'y est pas souvent indispensable. Les filles constituent la principale source de problèmes entre eux. Elles sont belles (toujours ce côté superficiel de ces européens: n'est-ce pas parce qu'il est beau lui aussi que Jonas est accepté?) . L'auteur ajoute ici une romantique histoire d'amour un peu fleur bleue. Jonas est amoureux d'Emilie, et cet amour est réciproque. Tout va donc pour le mieux dans le meilleur des mondes? Pas du tout, bien au contraire car il ne peut accepter cet amour . le lecteur sait pourquoi, mais Jonas se tait, ne répond jamais aux questions d'Emilie. Il donne d'ailleurs toujours l'impression d'hésiter, de ne pas oser prendre position. Cette attitude le rend parfois peu sympathique. On le croit lâche mais sans doute se sent-il un peu étranger à ce monde.
En 1954 éclatent les premières détonations de la guerre d'Algérie. Jonas sent peu à peu se défaire les liens avec ses amis, qui commencent à le fuir. Il reste obsédé par l'image d'Emilie, qu'il retrouve mais elle ne lui pardonne pas son silence de jadis.
La fin du roman se passe en 2008, en France, lors de retrouvailles entre Younès et ses anciens copains. C'est mélo mais Khadra raconte si bien que l'on risque la larme à l'oeil.
En conclusion: un roman agréable à lire, mais inégal.
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