AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de BillDOE


Kurt Krausmann est médecin à Francfort. Il est marié à Jessica depuis plus de dix ans. Leur mariage prend l'eau sous le poids de la routine et de leurs occupations professionnelles. Un soir qu'il rentre tard, il trouve le corps de son épouse habillé et flottant dans la baignoire. Jessica s'est suicidée. Envahi par le chagrin, il accepte la proposition de son ami Hans, de partir à bord du voilier de ce dernier pour les Comores afin d'apporter une aide humanitaire à un hôpital. Au milieu de la mer rouge, près du golfe d'Aden, leur bateau est arraisonné par des pirates. Ils sont kidnappés et emmenés à terre en vue d'une demande de rançon… Commence la longue attente d'une libération, la séquestration, les privations et la maltraitance…
Yasmina Khadra est le pseudonyme de l'écrivain algérien Mohammed Moulessehoul. Il commence à écrire dès l'age de dix-huit ans avec un recueil de nouvelles qui ne sera publié que bien plus tard. Retraité de l'armée, il consacre son temps à l'écriture. Son oeuvre est régulièrement récompensée. Il a une renommée internationale.
Son roman « L'équation africaine » raconte avec beaucoup de vraisemblance et d'humanité le calvaire d'occidentaux pris en otage mais aussi le cheminement qui conduits ces pirates vers cette barbarie. Ainsi l'un d'entre eux dit :
« Je n'ai pas choisi la violence. C'est la violence qui m'a recruté. de mon plein gré ou à mon insu, peu importe. »
Cette histoire est une plongée dans l'enfer de l'incarcération sans procès, dans des conditions insoutenables et surtout sans aucun horizon, où tous les espoirs sont anéantis jour après jour. L'auteur décrit non seulement la barbarie des ravisseurs mais aussi le quotidien de leur victime et ce rapport ambigu entre une culture africaine indomptable et indomptée, et une culture occidentale rationnelle et rigide. S'il y avait une explication à donner à ces actes guerriers, elle serait de remarquer qu'il est logique que ceux qui n'ont rien se servent sur le compte de ceux qui ont tout. On peut l'admettre sans pour autant justifier les méthodes utilisées. de même qu'il est vain de vouloir imposer le modèle occidental de la démocratie à une civilisation en devenir, qui doit inventer son propre modèle de société égalitaire avec ses propres matériaux en fonction de sa propre identité et pour ne pas la corrompre. le copié-collé ne fonctionne pas.
Le roman de Yasmina Khadra va au-delà de la fiction. C'est à la limite du reportage tant le propos est crédible. L'auteur explore brillamment les souffrances psychologiques de l'otage. Il les dissèque.
« le courage, monsieur Krausmann, le courage tout court, c'est de croire en soi. »
Le débit de la narration ne laisse la place à aucun temps mort. On ne s'ennuie pas un instant pendant cette lecture haletante et addictive. La course vers un dénouement que l'on espère heureux tient le lecteur de bout en bout de cette histoire, car la plus grande richesse de ce continent c'est l'espoir, plus grande que tout l'or ou les diamants que ne renfermerons jamais ses terres car la plus rare d'entre toutes.
Il y a ces vers qui résument parfaitement ce continent, mais pas seulement :
« Vis chaque matin comme s'il était le premier
Et laisse au passé ses remords et méfaits
Vis chaque soir comme s'il était le dernier
Car nul ne sait de quoi demain sera fait. »
Soulignons la remarquable écriture de Yasmina Khadra, le verbe précis, la parfaite maitrise de la langue française, d'autant plus que ce n'est pas la langue maternelle de l'auteur. Exemplaire…
On aimerait égoïstement que cette histoire ne finisse jamais pour ne jamais avoir à quitter cette Afrique magique.
A dévorer sans aucune retenue.
Editions Julliard, 327 pages.
Commenter  J’apprécie          672



Ont apprécié cette critique (58)voir plus




{* *}