Vis chaque matin comme s'il était le premier
Et laisse au passé ses remords et méfaits
Vis chaque soir comme s'il était le dernier
Car nul ne sait de quoi demain sera fait.
Celui qui ne voit l'Afrique qu'une seule fois dans sa vie mourra borgne.
La solitude est pire que le malentendu
Là où l'amour sème, on récolte sans compter car tout redevient possible lorsque le coeur et la raison fusionnent.
"Vis chaque jour comme s'il était le premier
Et laisse au passé ses remords et méfaits
Vis chaque soir comme s'il était le dernier
Car nul ne sait de quoi demain sera fait."
Si je devais mettre un visage sur la générosité, ce serait le visage d’un Africain. Si je devais mettre un éclat sur la fraternité, il aurait celui d’un rire africain.
Depuis les temps reculés, se méfiant de ce qui ne le fait pas souffrir, l'Homme court après son ombre et cherche ailleurs ce qui est à portée de sa main, persuadé qu'aucune rédemption n'est possible sans martyre, que le revers est un déni de soi, alors que sa vocation première réside dans sa faculté de rebondir... Ah ! L'Homme, ce prodige réfractaire à ses chances et fasciné par l'échafaud de ses vanités, sans cesse écartelé entre ce qu'il croit être et ce qu'il voudrait être, oubliant que la plus saine façon d'exister est de demeurer soi-même, tout simplement.
Je cherche une morale à leur narcissisme et ne lui trouve aucun réel mérite, sinon la pratique sidérante de l'anorexie, cette faim volontaire qui se veut le critère majeur de la perfection. J'ai vu en Afrique des êtres squelettiques, des ventres sous vide, des poitrines sans souffle, des bouches ouvertes sur des gémissements qui mouraient à ras les lèvres ; je suppose que, là-bas, la piste est moins attrayante avec les contingents de damnés qui l'empruntent – une piste truffée de traquenards meurtriers, jalonnée de cadavres sans sépultures pourrissant à l'air libre, si amochés que les rapaces répugnent à les honorer. (…) Ce que l'argent décide, les dieux le valident ; ces mêmes dieux qui, en Afrique, s'inscrivent aux abonnés absents, qui font ceux qui ne sont pas là lorsque les pauvres bougres prient, qui regardent ailleurs pour se disculper des guerres décimant les contrées...
(…) les hommes sont ce que la nature a engendré de pire et de meilleur ; les uns meurent pour un idéal, d'autres pour des prunes ; certains périssent de leur générosité, d'autres de leur ingratitude ; ils s’entredéchirent pour les mêmes raisons, chacun dans son camp, et dans cette ignoble mise en scène, l'ironie du sort joue aux bons auspices jusqu'à réconcilier, dans une même fosse putride, l'éclairé et l'enténébré, le vertueux et le pervers, le martyr et le tortionnaire rendus à la mort éternelle comme des siamois au ventre de leur mère.
Mais depuis les premiers dollars versés aux kidnappeurs, les cordonniers ont rangé leurs clous et leur glu, les portefaix ont renoncé aux couffins des ménagères et n'importe quel crève-la-dalle s'imagine à la tête d'un pactole dès lors qu'il croise un étranger sur son chemin... Les gouvernements n'auraient pas dû céder aux chantages des ravisseurs.