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Critique de Nastie92


Après s'être délivré du joug soviétique, après des années de guerre, l'Afghanistan vit maintenant sous le terrible régime des talibans.
Pauvres Afghans, tombés de Charybde en Scylla !
Le pouvoir est aux mains de fous de Dieu. de fous tout court.
L'arbitraire règne.
La vie humaine a bien peu de prix. Les arrestations sont légion. On ne s'encombre même pas d'un semblant de justice. Les exécutions, nombreuses, sont mises en scène lors de grands rassemblements où la foule est "invitée" à participer.
Spécialement les lapidations, au cours desquelles chacun apporte sa pierre à l'édifice, si j'ose dire.
Cette barbarie permet aux habitants de se divertir, et aux talibans et mollahs d'asseoir leur autorité : de tels spectacles coupent l'envie de se rebeller !
C'est sur ce fond historique glaçant que Yasmina Khadra a construit son histoire.
Et avec quel talent !
Dans ce roman, il s'est surpassé. le contraste entre la laideur des faits et la beauté de son écriture est saisissant.
Certains passages prennent littéralement aux tripes, atroces par le fond mais sublimes par la forme.
Yasmina Khadra a su décrire avec peu de mots toute l'abomination du régime qu'il dénonce.
La terreur permanente sous laquelle vivent les habitants dans une ville où tout est suspect, où même le silence fait peur. Où les gens n'ont plus le droit de chanter, d'écouter de la musique ou de rire.
Pauvre ville de Kaboul ! Pauvre pays ! Pauvres Afghans !
Avec beaucoup de finesse, Yasmina Khadra accuse. Il dénonce l'écrasement permanent que subit la population. Il montre comment les mollahs dévoient la religion qu'ils prétendent défendre.
Il prend fait et cause pour les opprimés, particulièrement pour les femmes qui subissent les plus grandes violences, et pour lesquelles il manifeste une immense tendresse.
Les malheureuses vivent sous cloche : elles n'ont droit à aucune autonomie et doivent obéir sans dire un mot à leur mari et aux religieux.
Elles sont reléguées au rang de citoyens de seconde zone. Elles ne valent rien.
En fait, elles n'existent pas. Elles vivent en cage et ne peuvent sortir qu'accompagnées, et encore, elles n'ont droit de le faire qu'accoutrées de ce monstrueux tchadri qui les invisibilise et les fait ressembler à des fantômes.
Elles n'ont pas le droit de se montrer, et n'ont le droit de voir le monde qu'à travers une mince fente grillagée.
Elles n'ont pas le droit de choisir leur vie, de prendre la moindre décision, elles n'ont même pas le droit de respirer l'air du dehors et d'admirer le paysage. Elles n'ont le droit de rien, elles sont des moins que rien.
Et au moindre faux pas : zou, lapidation !
Yasmina Khadra dénonce la condition des femmes avec beaucoup de sensibilité, il dénonce les injustices permanentes dont elles sont victimes avec une grande lucidité et un grand respect.
Les hirondelles de Kaboul est un livre dur, un livre qui fait mal, mais c'est un livre qu'il faut lire.
Merci monsieur d'avoir mis votre talent au service d'une si noble cause : la dénonciation des horreurs faites à un peuple, et particulièrement aux femmes.
Ce roman est tellement bien construit, tellement bien écrit, que ce serait un pur plaisir de lecture si ce n'était que de la fiction. Il décrit, hélas, une situation bien réelle, et sa lecture serre le coeur.
Heureusement que pour montrer toute cette laideur, l'auteur a employé sa plus belle écriture, et qu'il a fait preuve d'une très grande finesse : les personnages sont ainsi bien réels, très humains et profondément attachants.
Je ne peux pas terminer sans penser à Élisabeth Badinter, qui s'adressait il y a dix ans aux femmes qui choisissaient, en France, de porter le voile intégral. Ses propos sont lucides, intelligents et courageux... et hélas, plus que jamais d'actualité.
Voici un lien vers son texte : http://www.media-web.fr/elizabeth-badinter-et-le-port-volontaire-du-voile-integral-78-104-1167.html
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