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sur 3157 notes
Une histoire déchirante, bouleversante, triste, révoltante...
Avant d'entamer ma lecture, je savais qu'étant donné le contexte de l'histoire, le roman n'allait pas être rose. Mais je ne m'attendais pas non plus à une histoire aussi prenante et touchante.

Kaboul, dans une ville meurtrie où les talibans sèment la terreur, vit Atiq un geôlier ayant perdu le goût de vivre auprès de Mussarat, sa femme malade.
Mohsen et sa belle épouse Zunaira, tentent d'affronter la misère quotidienne en rêvant du bonheur de leur vie passée.
Au milieu des exécutions, des lapidations, de la violence et du désespoir, ils tentent malgré tout de se préserver. Mais parfois la volonté ne suffit pas...

C'est mon deuxième roman de Khadra et je dois dire que sa plume est toujours aussi poignante et poétique. Cet auteur possède l'art de donner vie à ses personnages avec une telle profondeur que l'on fini forcément par s'y attacher.
Il décrit avec beaucoup de force l'accablement et le désespoir de la vie de ses personnages à travers leurs comportements.
Au départ, j'ai détesté Atiq (le personnage principal), car je le trouvais dur et insensible. Mais au fil de la lecture, j'ai finalement trouvé une certaine beauté à ce personnage et j'ai même fini par m'y attacher.
J'ai également beaucoup aimé la sensibilité du couple Mohsen et Zunaira.

C'est selon moi un roman magnifique, plein d'émotions qui reflètent malheureusement la triste réalité d'une population qui subit les violences et les horreurs quotidiennes.
J'ai ressenti à travers l'écriture de Khadra, un profond respect pour la femme. Je pense qu'à travers son histoire, il a tenté de leur rendre hommage en témoignant des injustices qu'elles subissent chaque jour.


C'est un roman très court (148 pages) mais d'une grande intensité. Même si c'est une histoire très triste, je ne regrette pas du tout ma lecture.
Ce roman permet de comprendre un peu mieux ce que peut endurer le peuple afghan chaque jour et de partager par la pensée ce que ces personnes peuvent subir. Il permet également de réaliser la signification de la notion de liberté.
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Un roman court (148 pages), dur, déchirant, mais oh combien nécessaire pour nous rappeler ce qu'a vécu ce peuple afghan. Dès la première page, le décor est planté : "Les terres afghanes ne sont que champs de bataille, arènes et cimetières." Yasmina Khadra, notamment par l'intermédiaire de deux couples, va réussir à nous faire vivre et ressentir la vie quotidienne à Kaboul, telle qu'elle est devenue depuis que les Taliban et les Mollahs font régner sur le pays un régime dictatorial.
Il y a Atiq Shaubat qui ne se déplace jamais sans sa cravache et son trousseau de clés. il est geôlier à la maison d'arrêt. Cet ancien moudjahidine est plus ou moins en train de perdre la raison en voyant ce qu'est en train de devenir son pays, d'autant que sa femme Mussarat est mourante.
Il y a d'autre part Moshen Ramat époux de la belle et instruite Zunaira qui se retrouve à avoir fait quelque chose d'impensable pour lui : " Une prostituée a été lapidée sur la place. J'ignore comment je me suis joint à la foule de dégénérés qui réclamait du sang. ... je me suis surpris à ramasser des cailloux et à la mitrailler, moi aussi."
Les destins croisés de ces quatre personnes nous plongent dans ce régime qui impose peur et violence à la population. Une petite lueur d'espoir peut cependant encore naître dans le coeur de certains habitants. Il faut noter que dans le roman, ce brin d'espoir et de révolte est porté par des femmes. Ces femmes dont les conditions de vie sont impensables tant elles sont inhumaines. Grâce à elles, un homme, même s'il va finir par sombrer dans la folie aura tenté de se redresser et aura pu vivre des instants de vraie vie.
L'auteur va nous entraîner avec ces personnages sous une chaleur accablante, l'air empli d'une odeur épouvantable, dans les rues de Kaboul. Nous avons l'impression d'être au coeur de cette foule loqueteuse, de frôler ces vieillards, ces mendiants ou ces invalides de guerre qui hantent les rues ou la cour de la mosquée, entourés parfois par des nuées de mioches livrés à eux-mêmes.
Avec "Les hirondelles de Kaboul", nous nous retrouvons dans un lieu, une nation privée de liberté et d'humanité, un pays où les droits sont inexistants, où la justice est entre les mains des talibans et où les femmes n'ont plus de place et n'ont droit qu'au mépris. Difficile de survivre et de garder quelque espoir dans un tel contexte.
Un livre d'une vérité effrayante, d'un réalisme bouleversant, mais dans lequel la poésie n'est pas absente et qu'il faut avoir le courage de lire car Il rend compte d'événements que nous préférerions occulter.
C'est avec impatience que j'attends l'opportunité d'aller voir le film d'animation éponyme, adapté de ce roman.
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Yasmina Khadra possède le talent de développer en peu de pages tout le contexte d'une tragédie, celle du peuple afghan, écrasé et privé de toute autonomie par un régime d'une cruauté totale, prétendant fonder toutes les contraintes et tous les interdits qu'il impose sur les préceptes religieux islamistes.

Les femmes sont les victimes permanentes du régime, les hommes n'ont guère mieux à espérer, à ceci près qu'ils sont quasiment tous les persécuteurs des premières.

Le propos de l'auteur est illustré par deux couples qui vivent au quotidien cette terreur, les dialogues aussi bien que les silences sont percutants et traduisent parfaitement les états d'âme des protagonistes.

Quelques personnages satellites viennent donner encore plus de force à cette histoire tragique qui est avant tout celle d'un martyre enduré par les femmes, avec deux grandes héroïnes qui ont conservé une capacité personnelle de décision et d'action, quitte à en payer le prix le plus cher et le plus terrible.

L'installation de l'histoire au coeur d'une chaleur accablante sur Kaboul en renforce la puissance évocatrice, l'ensemble donnant un roman avec une fin superbe, aboutissement inéluctable de l'histoire de chacun.
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Nous sommes il y a un peu plus de vingt ans, sous le premier gouvernement des Talibans. Kaboul en ruines vit dans la peur d'un quotidien rythmé par les exécutions publiques et les lapidations de femmes. Même rire y est répréhensible, ce dont d'ailleurs les habitants, désespérés, ont perdu la force. Atiq, le moudjahid devenu gardien de prison, ne peut se résoudre à répudier, comme le voudrait la norme, son épouse atteinte d'un cancer. Mohsen et sa femme Zunaira, autrefois avocate et maintenant confinée à l'étroitesse sans visage ni identité du tchadri, ont vu leurs carrières et leur mode de vie réduits à néant. Ils ne sont pourtant tous les quatre qu'au début de la tragédie qui va les réunir...


Les scènes choc se succèdent, révoltantes, insupportables, dans une Kaboul livrée à la folie terrifiante et à la violence abjecte d'un totalitarisme obscurantiste proprement effarant. « A Kaboul nous sommes tous des mendiants. » « Nous avons tous été tués. Il y a si longtemps que nous l'avons oublié. » « Aucun soleil ne résiste à la nuit. » Accablés par le lent pourrissement qui les gagne, dans le dégoût de leur impuissance complice lorsque chaque jour accroît leur compromission horrifiée d'humains tremblant de sauver leur peau, Atiq et Mohsen ne savent plus comment trouver de paix, alors qu'en dépit d'eux-mêmes et de la pression fataliste des autres hommes de leur entourage, ils ne peuvent tout à fait se résoudre à accepter l'inacceptable. C'est une femme, ultime incarnation de ce qui survit de leur âme et de leur coeur, qui sert finalement de détonateur à leur révolte et à leur colère, dans un sursaut désespéré, avant la mort et la folie, pour tenter de sauver une once de liberté, et, du même coup, d'humanité.


Ce premier volet d'une trilogie illustrant « le dialogue de sourds qui oppose l'Orient et l'Occident » est un livre fulgurant, aux images fortes et aux dialogues percutants, qui, sur le fond apocalyptique d'un Afghanistan jeté dans un chaos économique et humanitaire inouï, met en lumière le désespoir sans fond d'une population persécutée par un régime de terreur lui imposant d'inconcevables et draconiennes restrictions. L'on y frémit en particulier du sort des femmes, ni plus ni moins rayées de la condition humaine, si tant est que ce terme ait encore une signification pour un régime bannissant jusqu'à pensées et sentiments au prétexte d'obédience aveugle à l'autorité religieuse. Pourtant, c'est justement par les femmes, que, dans ce drame réaliste non dénué de la poésie d'un conte persan, réussit à subsister un semblant d'espoir, incertain et fragile.


Un roman coup de poing, plus que jamais d'actualité, sur l'infinie tragédie afghane, et une magnifique invitation à réfléchir à la notion de liberté. Coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Après avoir fini le superbe Ce que le jour doit à la nuit, j'ai eu envie de me replonger dans un livre de Yasmina Khadra. J'aime ses histoires qui vous prennent aux tripes (celle-là n'y déroge pas), j'aime son écriture poétique qui raconte les atrocités comme les merveilles. La guerre, le fanatisme religieux, la misère comme la beauté du monde.

Les hirondelles de Kaboul est un évocation puissante et inoubliable de ce monde déchiré et paradoxal. L'histoire de deux hommes, à l'image de beaucoup d'autres dans ce pays magnifique - Atiq, un moudjahid reconverti en geôlier et Mohsen, le mari de Zunaira, la belle avocate condamnée à cacher son visage - qui se désolent de ce qu'ils sont devenus. De ce que les Russes n'ont pas réussi à faire et que les Taliban ont fait d'eux : des lâches ou des tortionnaires, peut-être, des êtres dont la vie n'a plus de sens, sûrement.

Car ce qui a fait suite à la guerre contre les Russes, qui représentait une bataille honorable, n'est pas la libération attendue. À Kaboul, il n'y a plus de joie, plus de musique, plus d'amis. Les cerfs-volants ont disparu, c'est l'heure des lapidations des femmes, de leur déchéance, de leur négation, et de la cruauté gratuite. Celle de la persécution religieuse, perpétrée par des fous de Dieu, qui donne naissance à une déshumanisation qui paraît sans fin.
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J'ai pu découvrir le film grâce au 37° Festival International du Premier Film d'Annonay et je n'ai pas été déçu par l'adaptation de ce court roman mais le livre, comme d'habitude, apporte davantage de détails, de précisions et les deux se complètent admirablement.

Cette plongée dans l'Afghanistan des talibans est terrible de réalisme et de folie. L'adaptation au cinéma de ce roman court et tellement fort, Les Hirondelles de Kaboul, par Zabou Breitman et Eléa Gobbé-Mévellec, sous la forme d'un film d'animation m'a motivé pour réparer un oubli fâcheux, la lecture du livre de Yasmina Khadra.
Cet écrivain algérien, de son vrai nom Mohammed Moulessehoul, a adopté les deux prénoms de sa femme comme pseudonyme en hommage à celle qui l'a toujours soutenu. Ex-officier de l'armée algérienne, il avait publié déjà plusieurs livres quand il a décidé de se consacré au métier d'écrivain en 2000. Son oeuvre littéraire est importante et reconnue mondialement.
Dans Les Hirondelles de Kaboul, Yasmina Khadra s'attache aux pas d'Atiq Shaukat (42 ans), gardien de la geôle où sont enfermées les femmes condamnées à mort. Il joue facilement de la cravache lorsqu'il se déplace dans les rues surpeuplées de Kaboul. Bien sûr, sa femme, Mussarat, très malade, reste à la maison.
Nous sommes en 2001. Les talibans ont conquis le pouvoir par la guerre et appliquent leurs principes religieux comme des forcenés, s'en prenant essentiellement aux femmes, bannissant toute musique, interdisant de rire dans la rue et envoyant de force les hommes à la mosquée écouter les prêches enflammés de mollahs illuminés.
D'emblée, l'horreur s'impose avec cette lapidation publique d'une prostituée, scène insupportable au cours de laquelle Moshen Ramat, fils de bourgeois bien élevé, marié à la belle Zunaira, jeune magistrate licenciée sans procès ni indemnité, participe à l'horreur, emporté par l'hystérie collective.
C'est lorsqu'il avoue cela à Zunaira que leur couple craque. Au fil des pages, lisant le style épuré de l'auteur, j'ai constamment ressenti toute l'horreur d'un régime traitant les femmes comme des êtres inférieurs, les enfermant sous cette toile de tente grillagée devant leur visage dès qu'elles sortent, le tchadri, obligatoirement accompagnées par un homme.
L'histoire de ces deux couples que tout oppose, Atiq et Mussarat d'un côté, Moshen et Zunaira de l'autre, m'angoisse au fil des pages alors que les talibans brutalisent, arrêtent, exécutent, que les enfants sales traînent dans les rues de la capitale, que les blessés de guerre tentent d'épater les passants en enjolivant leurs exploits et que le mollah Bashir prêche pendant plus de deux heures à la mosquée où Moshen a été conduit à coups de cravache.
Il y a aussi le vieux Nazish qui était muphti à Kaboul et qui rêve de partir alors que ses fils ont été tués à la guerre. Qassim Abdul Jabbar, milicien réputé, méprise sa famille et n'espère qu'une chose : diriger la forteresse, le plus grand centre pénitentiaire du pays. Pour plaire aux mollahs, il fournit des condamnés à mort dont les exécutions attirent la foule et ravissent les dirigeants.

Je n'en dis pas plus car ce roman révèle une surprise que je n'ose qualifier de belle mais je salue l'imagination de l'auteur qui réussit à apporter une note d'espoir dans un pays qui, s'il a été depuis délivré des talibans, est toujours déchiré par des luttes sanglantes.
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Ce livre, écrit en 2002, raconte l'atmosphère pesante des rues de Kaboul à cette époque.
C'est l'été, la chaleur est étouffante, la poussière s'infiltre partout, la mort est omniprésente, la folie guette..
Deux couples sont particulièrement sur le devant de la scène : Atiq et son épouse malade Mussarat, Mohssen et la belle Zunaira. Des couples d'amoureux à l'origine et dont les destins vont s'entremêler.
Malgré tout, les femmes (les hirondelles sous leur tchador) semblent plus fortes que les hommes et résistent mieux à leur manière à l'oppression que font régner les talibans.
Je ne les oublierai pas de sitôt.

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Lapidation : pratique qui consiste à lancer des pierres sur un homme ou une femme jusqu'à entraîner sa mort.
"La lapidation est une pratique illégale qui constitue une violation de toutes les normes internationales en matière de droits de l'homme." (source A.F.P.)

Les-hirondelles de Kaboul est le troisième roman que je lis de l'auteur et c'est selon moi l'un des plus difficiles.
Une écriture vraie et sans détour (ce à quoi l'auteur nous a habitués), ça claque, ça fait mal Un récit de 180 pages seulement mais ô combien intenses et douloureuses dont les faits se déroulent au début des années 2000 en Afghanistan, à Kaboul, au lendemain de l'avènement des Talibans.
Kaboul ville damnée, meurtrie par dix-huit années d'atrocités dont il ne reste que les ruines et les désillusions de ses habitants. Kaboul, qui n'a plus connu la paix depuis 1979.

La cruauté telle que l'auteur nous la montre, révulse, indigne mais elle est nécessaire car elle témoigne pour tous ces hommes et toutes ces femmes victimes de crimes de guerre, pour que nous sachions et que nous n'oublions pas.
Pour y parvenir, l'auteur met en scène les destins croisés de deux couples : Mohsen et Zunaira, qui sont issus de familles de notables et de bourgeois, elle était avocate promise à la magistrature, lui se prédestinait à une carrière de diplomate. Mais ça c'était avant. Avant que la guerre ne leur prenne tout, leurs biens, leurs rêves, leurs ambitions et même leurs illusions...
Atiq et Mussarat, qui eux sont nés dans la pauvreté et n'ont connu que la misère. Lui est geôlier de prison, un "garde chiourme" comme l'appelle son ami Mirza ; elle, est atteinte d'un cancer en phase terminale, ses jours sont comptés, il n'y a plus d'espoir.
Une dispute éclate entre Mohsen et Zunaira après qu'il lui a avoué avoir participé à la lapidation publique d'une prostituée. Une dispute qui sera la dernière car l'impensable se produit et ces deux couples que tout oppose mais que les ravages de la guerre et les désillusions rassemblent vont voir le cours de leur vie irrémédiablement modifié.

Les personnages principaux sont attachants, à fleur de peau, il ne saurait en être autrement dans le contexte qui est le leur. L'auteur a su apporter une dimension psychologique significative à chacun d'entre eux (plus poussée sur le personnage central qui est Atiq) pour nous permettre d'endurer leur histoire.
Un roman fort qui pose la question de la place et de la condition de la femme dans la société afghane face à l'idéologie des Talibans mais qui nous parle aussi d'amour et de sacrifices.
Jusqu'où l'homme est-il prêt à aller par amour ?

Je terminerai par quelques vers d'un jeune poète âgé de 23 ans qui s'appelle Ramin Mazhar dont les textes emplis d'espoir ont été fortement relayés sur les réseaux sociaux en février dernier après qu'il en a fait une lecture publique. Peut-être avez-vous eu déjà l'occasion de les lire.

Pour la Paix...

Chaque étape, chaque destination,
Je t'aime
Malgré les traditions meurtrières,
je t'aime
Tu es pieux, tes baisers sont des prières
Tu es different, tes baisers sont ta protestation
Tu n'as pas peur de l'amour, de l'espoir,
de demain
Je t'embrasse au milieu des Talibans,
tu n'as pas peur
...

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Quelle lecture...

J avais beaucoup entendu parler de livre et lu "L attentat" du même auteur. Je suis tombée sur ce livre tout à l heure et j ai entamé ma lecture. J en ressors tellement dégoutée... Vraiment, c est le dégoût qui tapisse ce roman, du début à la fin.

On est plongés dans Kaboul, où l on est directement happé par l écoeurement : une femme appelée ou considéree comme une prostituée se fait lapider. Elle est ensevelie sous la terre jusqu au genoux pour ne pas s échapper, baillonnee, et le visage couvert. La foule s excite, exulte, tout le monde s y met, on lui balance des pierres déjà déposées là à cet effet.

Lors de ce lynchage public, Mohsen, un homme droit qui respecte son épouse Zunaira et l aime, est pris d'une folie soudaine et lui jette également des pierres dont une qui la touche à la tête. Il racontera cela à sa femme, compréhensive, gentille et moderne, mais qui cependant aura beaucoup de mal à digérer ce geste.

En parallèle, on suit le geôlier Atiq, un homme qui a été secouru par sa femme par le passé, et qu il a épousée. Elle est malade depuis quelque temps, traîne au lit avec un visage violacé et il ne sait que faire. Atiq semble avoir perdu son âme, indifférent à la mort qu il côtoie tous les jours, désagréable avec sa femme, parfois violent.

Dans ce livre, comment ne pas s énerver face aux discours tenus par les hommes envers les femmes ?! Ils en parlent comme des "femelles", des objets inutiles, des êtres malsains et incompréhensibles, que les hommes subissent alors qu ils ne devraient jamais rien leur devoir.

J ai fait des bonds au plafond d indignation.

Cette sensation d être dans cette ville à la chaleur écrasante, à l odeur pestilencielle, avec les Taliban partout, prêts à vous brailler dessus en vous frappant de leurs armes, parce que vous, femmes, n êtes pas derrière votre mari, parce que vous, humains, riez et qu on n est pas au cirque... Ce droit de prendre la liberté à tout être, de lui ôter d un mot, d un geste sa dignité. Et se dire que c est une réalité. Mais que c est à vomir !

Attention, le reste de la critique pourrait divulguer des éléments de la fin donc ne descendez pas plus bas.

J ai trouvé affreux que Mussarat se sacrifie. Qu elle aide son mari à sauver une femme qu elle ne connaissait pas et pour qui il a réussi à ressentir de l empathie, chose qu il n a jamais éprouvée pour elle. C est absolument horrible. Ce type ne méritait absolument pas ce geste... Elle méritait tellement d être aimée et soignée correctement. Et la vanité de son geste rend complètement fou le lecteur... Autant qu Atiq !

En conclusion, un livre très intéressant, joliment écrit, mais qui décrit tellement bien la cruauté et l inhumanité de certains que l on ne peut qu en sortir bouleversé.
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« Les terres afghanes ne sont que champs de bataille, arènes et cimetières. Les prières s'émiettent dans la furie des mitrailles, les loups hurlent chaque soir à la mort, et le vent, lorsqu'il se lève, livre la complainte des mendiants au croassement des corbeaux. »

Kaboul, ville de ruines, accablée sous un soleil aussi impitoyable que la tyrannie des talibans.
Ici les rires ont laissé la place aux discours haineux des mollahs; les femmes, derrière leurs tchadri grillagés ont tout l'air de fantômes et les seules manifestations d'hilarité ont lieu les jours d'exécutions publiques.
Dans cette ville exsangue, Atik, Moshen, Zunaira ou Mussarat voient leur vie, leur amour, leur raison, disparaître dans les tourments d'une nation livrée aux fous de Dieu.
Car que peut-on faire lorsque la haine devient souveraine ?
Que peut faire désormais Zuneira, la belle avocate, condamnée à ne plus sortir de chez elle si elle n'est pas accompagnée de son mari?
Que peut Moshen, son époux, commerçant ruiné par les talibans, qui sent son coeur se remplir de fiel et de colère, d'amertume et de désillusions?
Que peut faire Atik, le gardien de prison, lorsque l'intégrité de sa foi est chaque jour remise en question par les violences et les injustices dont il est à la fois le témoin et l'exécuteur forcé ?
Et que peut faire Mussarat, sa femme, dont l'attente d'une mort lente et douloureuse s'assortit qui plus est d'une menace de répudiation, car dans l'Afghanistan des talibans, un homme ne reste pas avec une femme malade ?
Ces vies brisées, bafouées, humiliées arriveront-elles à conserver leur dignité et leur part d'identité dans cette ville où l'obscurantisme assombrit les plus beaux espoirs et éteint même les sentiments les plus lumineux ?

Par l'énergie d'un style prenant, théâtral, très évocateur, Yasmina Khadra nous offre encore une fois avec « Les hirondelles de Kaboul » un texte intense, grave, dur et éprouvant, porté par une poésie lyrique, ardente et enflammée.
Sa plume vibrante de rage et de conviction décrit parfaitement un peuple à bout de souffle, accablé par les guerres et le poids de traditions archaïques, où la femme asservie, brimée, maltraitée, assujettie à des règles et des devoirs inconcevables, est l'une des premières à subir les affres de ce pays qui, sous le couvert de Dieu, s'adonne à la barbarie et à la cruauté avec une frénésie toute paranoïaque.
« Avec ce voile maudit, je ne suis ni un être humain, ni une bête, juste un affront ou une opprobre que l'on doit cacher telle une infirmité. »
Ici, Dieu est sur toutes les bouches, dans tous les gestes, dans toutes les actions, dans le murmure de la prière psalmodiée comme dans le cri de la foule lors des lynchages publics, dans le prêche hargneux d'un mollah et dans le tas de pierre préparées pour la lapidation; Dieu se décline à tous les temps, sur tous les modes, dans tous les genres, surtout celui des interdits, des brimades et des punitions.
Peu d'espoir perce dans cette Kaboul qu'on croirait "maudite" tellement l'emprise de la religion est grande, tellement la liberté, enchaînée aux versets d'un Coran déformé, n'est plus qu'un rêve lointain et inaccessible.
Dans ce terrible et dramatique réquisitoire contre la domination religieuse, Yasmina Khadra n'omet rien de l'oppression et de la misère qui sévissent au quotidien dans un pays où les êtres humains ne sont plus que des ombres à genoux.
Témoignage de la folie des hommes, cri de révolte contre le régime de la peur, la condition tragique des femmes "fantômes" et l'obscurantisme religieux, « Les hirondelles de Kaboul » est un roman sombre et puissant mais c'est aussi un hommage poignant au courage des femmes de là-bas et un bel hymne à la tolérance et à la dignité.
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