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Critique de Cancie


Un roman court (148 pages), dur, déchirant, mais oh combien nécessaire pour nous rappeler ce qu'a vécu ce peuple afghan. Dès la première page, le décor est planté : "Les terres afghanes ne sont que champs de bataille, arènes et cimetières." Yasmina Khadra, notamment par l'intermédiaire de deux couples, va réussir à nous faire vivre et ressentir la vie quotidienne à Kaboul, telle qu'elle est devenue depuis que les Taliban et les Mollahs font régner sur le pays un régime dictatorial.
Il y a Atiq Shaubat qui ne se déplace jamais sans sa cravache et son trousseau de clés. il est geôlier à la maison d'arrêt. Cet ancien moudjahidine est plus ou moins en train de perdre la raison en voyant ce qu'est en train de devenir son pays, d'autant que sa femme Mussarat est mourante.
Il y a d'autre part Moshen Ramat époux de la belle et instruite Zunaira qui se retrouve à avoir fait quelque chose d'impensable pour lui : " Une prostituée a été lapidée sur la place. J'ignore comment je me suis joint à la foule de dégénérés qui réclamait du sang. ... je me suis surpris à ramasser des cailloux et à la mitrailler, moi aussi."
Les destins croisés de ces quatre personnes nous plongent dans ce régime qui impose peur et violence à la population. Une petite lueur d'espoir peut cependant encore naître dans le coeur de certains habitants. Il faut noter que dans le roman, ce brin d'espoir et de révolte est porté par des femmes. Ces femmes dont les conditions de vie sont impensables tant elles sont inhumaines. Grâce à elles, un homme, même s'il va finir par sombrer dans la folie aura tenté de se redresser et aura pu vivre des instants de vraie vie.
L'auteur va nous entraîner avec ces personnages sous une chaleur accablante, l'air empli d'une odeur épouvantable, dans les rues de Kaboul. Nous avons l'impression d'être au coeur de cette foule loqueteuse, de frôler ces vieillards, ces mendiants ou ces invalides de guerre qui hantent les rues ou la cour de la mosquée, entourés parfois par des nuées de mioches livrés à eux-mêmes.
Avec "Les hirondelles de Kaboul", nous nous retrouvons dans un lieu, une nation privée de liberté et d'humanité, un pays où les droits sont inexistants, où la justice est entre les mains des talibans et où les femmes n'ont plus de place et n'ont droit qu'au mépris. Difficile de survivre et de garder quelque espoir dans un tel contexte.
Un livre d'une vérité effrayante, d'un réalisme bouleversant, mais dans lequel la poésie n'est pas absente et qu'il faut avoir le courage de lire car Il rend compte d'événements que nous préférerions occulter.
C'est avec impatience que j'attends l'opportunité d'aller voir le film d'animation éponyme, adapté de ce roman.
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