Quand un loup choisit sa demeure, il opte de préférence pour une bergerie.
"J'enfilais un pantalon de toile beige et une chemise bleue de belle facture. Des chaussures anglaises noires, vernies à la perfection, assureraient le bon coordonné haut-bas, une harmonie que je ne romprais pour rien au monde. Ainsi, vêtu, je m'installais confortablement dans mon fauteuil de velours rouge, ouvris le livre posé sur le guéridon et entamai la lecture du deuxième tome du Seigneur des anneaux pour la vingt-troisième fois." (P.64)
Je me nomme Werner Von Lowinsky. Mon père était prussien et ma mère française. Mélange ô combien explosif si l'on se replace dans le contexte historique de mes jeunes années. Je suis né en 1812 à New York. Je suis un vampire. Voilà. Croyez-moi ou pas, craignez-moi ou pas, peu importe. Les choses sont ainsi.
Bien loin des caricatures décrivant des goules putrides, je corresponds plus à l'image d'un dandy qu'à celle d'un cadavre décomposé.
Un pouvoir perçu est un pouvoir reconnu.
Le temps du deuil touchait à sa fin. Rendre hommage aux absents est une chose, se complaire dans la lamentation en est une autre. L’action est la seule solution face au malheur. Mourir d’amour était une perspective qui avait traversé l’esprit de cet amateur de littérature, élevé à la lecture de Roméo et Juliette et des Hauts de Hurlevent. La grandeur du drame, la noblesse de la souffrance. Mais il n’y a rien dans l’abandon, ni grandeur ni romantisme
Rendre hommage aux absents est une chose, se complaire dans la lamentation en est une autre. L'action est la seule solution face au malheur.
Je consacre l'essentiel de mes journées à la lecture. J'adore lire. A l'époque où les heures m'étaient comptées, il s'agissait d'un loisir par trop luxueux. Aujourd'hui, c'est une véritable drogue.
"- Werner, qui êtes vous?
- Je suis un mort qui marche et qui parle. Je suis un monstre obligé d'exister loin de tous, pour leur sécurité et la mienne. Je suis une aberration. Je suis un vampire, Barry." (P. 189)
Le New-York qu'il connaissait n'avait rien d'une carte postale idyllique. Il tenait plus du cloaque nauséabond, peuplé de clochards vautrés dans des poubelles boursouflées par les rebuts d'une bourgeoisie indifférente.