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Critique de JLBlecteur


Rien que la vision de ce singulier visage apposé en bandeau sur la couverture de ce livre confession m'évoque Jean-Paul Gautier, Jean-Paul Goude, Thierry Mugler ou Azzedine Allaïa, ces icônes emblématiques des mega-clinquantes années 80 qui faisaient la pluie et surtout le beau temps sur les milieux de la mode et des arts, toujours en avance d'une décennie sur le reste de la population, une avance culturelle qui mettait le métissage à la une, avec les visages atypiques de Grace Jones ou de Farida Khelfa, souvent explosés par les fantaisies créatrices du lutin de la photo découpée.

Bien plus que ne le dit le titre ‘une jeunesse française', c'est un destin français qui nous est donné à lire ici, un destin né sous les années Giscard, celles où les basses syncopées de la sono survoltée du Palace rythmaient les nuits parisiennes avant que ne les bain-douchent les années sida qui allaient faucher bien des étoiles scintillantes, pour certaines, seulement naissantes.

Années sida parce que l'héroïne dont il sera question ici n'a pas seulement les traits humains de l'autrice dont l'enfance maltraitée saura mettre le feux aux poudres de toutes sortes pour s'extraire du milieu malsain et mortifère où elle a vu le jour.

Transfuge et transclasse en transition à la fois éclair et permanente, elle se livre ici dans une autobiographie sans tabous et sans concessions où ses addictions diverses sont abordées, frontalement, comme en écho aux exactions paternelles dont elle su s'extraire pour se tracer un parcours hors normes depuis les HLM de Vénissieux jusqu'au quartiers chics de la haute bourgeoisie parisienne dont elle fait partie aujourd'hui, parcours avec handicap tant la violence familiale et de l'époque est prégnante et laisse des traces dont l'écriture semble aussi servir de thérapie.

Partir pour survivre.

Échapper à un foyer sans chaleur où on ne partage que les coups pour tordre le cou à une destinée mimétique et se retrouver, par hasard et par chance, dans le chaudron bouillonnant des créateurs révolutionnaires, eux-mêmes en rupture franche avec leurs prédécesseurs, au crépuscule des seventies quand le disco endiablé laissait la place à la froide new-wave.

Enfant de l'immigration, de parents algériens déracinés mais restés prisonniers de rites ancestraux à reproduire, il lui fallait fuir pour échapper à une forme de malédiction qui sévissait, silencieuse, entre les murs pourtant fins de l'appartement familial.

Une autobiographie sincère, pas linéaire, une confession décomposée aux ciseaux comme une création de JP Goude, le récit d'une émancipation douloureuse, le voyage d'une femme à qui la vie a souri mais qui trimballe pourtant de lourdes valises où reste tapi le souvenir d'une enfance écorchée à tout jamais, sans sérénité, sans repos.

Contre le passé, y a rien à faire…
 
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