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Critique de PetiteBichette


Jonas Hassen Khemiri a sans nul doute beaucoup mis de lui-même dans ce roman, et ce livre semble être une vengeance personnelle vis-à-vis de son père.
Il nous plonge au sein d'une famille suédoise banale, les parents sont divorcés, les enfants, une fille et un garçon devenus grands sont parents à leur tour.
C'est surtout sur la relation entre le fils devenu père et son propre père que le livre se focalise et sur la fameuse clause paternelle, qui exige du fils, en tant qu'aîné, qu'il prête son studio à son père un mois par an lorsque celui-ci revient en Suède pour garder son titre de séjour, et s'occupe de son courrier administratif en son absence.
L'histoire m'avait semblé alléchante, couronnée par le Prix Médicis Etranger2021. Malheureusement, le plaisir de lecture n'a pas été au rendez-vous, le style m'a agacé, tout d'abord cette façon de ne pas donner de nom ni de prénom aux personnages mais de les nommer uniquement par « le père qui est un grand-père », « le père qui un jour a été un fils », …, puis, des allers-retours dans la narration faite par les différents personnages sur une même situation qui ont fini par me lasser car l'histoire faisait du sur place…
Les rôles de chacun sont campés avec un humour féroce, celui du fils étant le plus fouillé et le plus savoureux, contrôle freak au bord du burn-out, complètement dépassé dans son rôle de père modèle, névrosé, paranoïaque. le personnage du père, que l'on adore détester, est un monstre froid d'égoïsme, profiteur, d'une radinerie ahurissante, imbu de lui-même, considérant les autres avec condescendance, à commencer par son propre fils, particulièrement dévoué qui cède à tous ses caprices…
Chacun des ses enfants s'applique à ne surtout pas ressembler à ce père atroce, à qui ils continuent à ouvrir leur porte et leur coeur malgré tout.
Les caractères dépeints ainsi que les relations entre tous les membres de cette famille sont formidablement bien écrits. Cependant, le récit manque de rythme, et les liens sont parfois trop superficiels, trop lisses. J'aurais aimé plus de grinçant, que les personnages se jettent leurs quatre vérités à la figure, pour accéder à plus de profondeur, à la faille, et mieux découvrir ce qu'ils avaient dans le ventre.
J'ai fini par m'ennuyer dans cette lecture qui ronronne, les nombreuses ellipses d'un personnage à l'autre font perdre le fil, d'autant que beaucoup de fils tirés n'aboutissent sur rien, restent en plan ou sans explications, et j'en en ai été frustrée à la longue.
Jonas Hassen Khemiri nous interroge, comment se définit-on ? ; comme celui que l'on voudrait-être ou celui que l'on ne veut surtout pas être ? Peut-on passer sa vie à ne pas être quelqu'un ?
J'ai découvert un auteur original avec une grande finesse d'observation psychologique, son approche narrative est intéressante, mais pas encore complètement aboutie.
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