TATLINE
Tatline, l'intuitiste des pâles,
De la vis, le chantre exigeant
Du clan des attrapeurs d'étoiles.
L'espace aérien des gréements,
D'une main molle il l'a lié
En fer à cheval le ployant.
Les pinces, dans cet intuitisme
Voient ce qu'il a voulu montrer,
Des aveugles pris de mutisme.
Ainsi deviendra prophétique
Le fer-blanc dans sa main mystique.
(fin mai 1916)
p.119
LES NOMBRES
Attentivement je vous fixe, ô nombres !
Vous me paraissez habillés comme des bêtes dans leurs
peaux,
De la main appuyés sur des chênes déracinés.
Vous faites don de l'unité entre le lent serpentement
De l'échine de l'univers et la danse de la libellule,
Vous permettez de compter les siècles comme les dents
d'un rire bref.
À présent mes prunelles s'ouvrent fatidiquement
Pour savoir ce que Moi sera quand son dividende est
l'unité.
(1912)
p.97
CONJURATION PAR LE RIRE
Ô, ériez, rieurs !
Ô, irriez, rieurs !
Ceux qui rient de rires, ceux qui rièssent rialement
Ô irriez riesquement !
Ô, des diriations surriresques, le rire des riesques rieurs !
Ô éris-toi diriresquement, rire des rieux surriresques !
Rillasserie, rillasserie
Déris, surris, rirolets, rirolets,
Rirots, rirots !
Ô, ériez, rieurs !
Ô, irriez, rieurs !
(1908-1909)
p.81
« BOBÈOBI… »
Bobèobi se chantaient sur les lèvres
Véèomi se chantaient les regards
Pièèo se chantaient les sourcils
Liéèèï se chantait la figure
Gzi-gzi-gzèo se chantait la chaîne.
C'est ainsi que sur la toile de certaines correspondances
Hors de l'étendue vivait le visage.
(1908-1909)
p.83
LE GRILLON
Aileronnant de l'écriture d'or
De ses graciles nervures
Le grillon engrangea dans sa panse-grenier
Herbes et rosels riverains.
Ô aubes oiselines !
Ô fulgescences !
(1908-1909)
p.84
« PERCE-TEMPS, PERCE-PIERRES… »
Perce-temps, perce-pierres,
Sur la rive du lac
Où les pierres sont comme temps,
Où le temps est comme pierre.
Du lac sur la rive
Perce-temps, perce-pierres,
Sur la rive du lac
Enchanté chuchotis.
(1908)
p.77
« NUIT, D'ÉTOILES ILLUMINÉE… »
Nuit, d'étoiles illuminée,
Vastement tu scintilles, livre,
Mais de quelle rumeur, de quelle destinée ?
Le joug ? La liberté de vivre ?
À minuit, quel sort dois-je lire
Dans le vaste ciel qui se mire ?
(1912)
p.96