Le sentiment de posséder le savoir absolu est le propre du fanatisme.
Pour moi, on peut parler de chef-d'œuvre quand j'éprouve la sensation puissante et claire d'avoir vécu ou pensé ce que l'œuvre je suis en train de lire, regarder ou écouter, exprime, qu'elle dit exactement la même chose que moi, mais au moyen d'une phrase meilleur, d'une composition plastique ou musicale plus belle que je n'aurais pu l'imaginer. Il m'arrive d'éprouver de manière fugace un sentiment de beauté et de bonheur. Si cela m'arrive en lisant un livre, c'est pour moi de la grande littérature, si cela se produit au cinéma, c'est pour moi du grand cinéma.
Notre échelle de mesure, notre savoir partiel et notre intelligence imparfaite ne nous permettent pas d'affirmer l'existence du pêché, d'évaluer l'étendue de la faute.
Au fond, nous, les cinéastes, nous nous trouvions dans la situation la plus luxueuse du monde, nous étions vraiment très importants grâce à l'existence de la censure. p. 166
Nous faisons soi-disant beaucoup pour nos proches, mais quand vient le soir, nous nous apercevons que nous n'avons plus la force ni le temps de les cajoler, de leur dire des mots doux et gentils. Nous n'avons pas le temps. Nous n'avons plus l'énergie. Tout s'est évaporé. Je considère que le vrai problème vient de là, du fait que nous n'avons pas le temps de manifester nos sentiments et nos passions. Quelque part, la vie nous glisse entre les doigts. p. 161
Je pense qu'il vaut parfois souffrir. La souffrance au moins est constructive. Quand on vit dans la facilité et le confort, on n'a aucune raison de se pencher sur autrui. p. 227
Le fait qu'en prison l'éventail de choix soit incomparablement réduit engendre paradoxalement un immense sentiment de liberté. p. 165