« La bonne musique ne se trompe pas, et va droit au fond de l’âme chercher le chagrin qui nous dévore » ...
Stendhal .
« ———On sort tous de l’enfance et de l’adolescence avec des failles.
Ces cicatrices , ces souffrances permettent de créer notre structure psychique, mais notre identité se construit à mesure que nous avançons dans la vie grâce au regard de l’autre , et ce , principalement dans deux espaces : l’espace amoureux et l’espace du travail » .....
Une autre fois, les filles me tendirent une surprise enveloppée dans un papier de soie soigneusement décoré. Je pris mon temps pour ouvrir délicatement ce joli paquet sous leur regards impatients… C’était une chemise de nuit gris clair, très confortable. Au niveau de la poitrine était écrit en lettres d’or :
« HIBERNER».
Je lance le titre de Johnny, l'Envie.
- Je suis tombée en burn-out professionnel...J'ai été réduite à néant. Je ne me pensais pas si fragile, je lui ai donné la possibilité de m'abattre. J'aimais mon travail, je croyais le faire consciencieusement. J'ai eu le tort de m'y investir à fond. J'ai manqué de jugement et de courage face à cet homme. Je me sens coupable d'infliger de grandes souffrances à mon mari, mes filles, ma famille. Je culpabilise de ne plus être capable de tenir ma place dans mon foyer, d'être une maman protectrice. Je suis une loque, incapable de gérer mes émotions sans l'aide de médicaments. Je suis venue chercher l'envie de vivre, et surtout l'envie d'avoir envie.
Tout à coup, je le vois tel qu'il est : un homme. Ni le diable, ni un patron tout- puissant. C'est juste un homme médiocre qui a besoin de faire souffrir les autres pour se sentir puissant.
Je suis surprise de découvrir que révéler et partager sa souffrance avec des inconnus est un moyen de la sublimer.
Selon Kikka, auteure de cet ouvrage : "Le burn-out est un processus d'accélération qui entraîne une sortie de route. Le corps est alors catapulté puis violemment écrasé. La profondeur de l'impact détruit la confiance, l'estime et la dignité. Ce crash mène à la perte d'identité, la culpabilité ronge l'être."
Je laissai passer un silence, dans lequel nous partageâmes nos regrets d'avoir fait confiance à l'entreprise qui nous plantait un couteau dans le dos sans la moindre hésitation, et avec le sourire.
Chacun y allait de sa petite réflexion, qui m'écorchait à vif : "entoure-toi d'une carapace", "il faut laisser glisser", "c'est le milieu de travail, ma pauvre, c'est partout la même chose".
....
Je gravissais seule une montagne dont le sommet restait invisible...
« Tantôt, la colère prenait le dessus, tantôt je basculais dans la honte ou les regrets de toutes sortes : celui de n'avoir rien compris aux multiples manipulations, de m'être si mal défendue, d'avoir accepté toutes les humiliations. Plus forte encore fut la souffrance du désespoir : celui de ne pouvoir me protéger, mon impuissance à prouver les abus et la toxicité de Karl. J'étais certaine, à présent, qu'il avait été désigné président précisément pour nettoyer l'entreprise d'un certain nombre d'éléments. Quinze employés avaient déjà démissionné : n'importe qui s'en serait inquiété. Il avait le soutien total de la direction. Autrement dit, il était intouchable. Et bien trop rompu à l'art de la manipulation pour laisser d'autres traces que ma simple parole. » (p. 161)