Je ne te pensais pas si fragile

Face à des hommes récalcitrants, je devais trouver ma place, m'imposer sans arrogance. Il me fit travailler sur ma confiance en moi, ma légitimité - deux failles profondes que mes récents succès n'avaient pas tout à fait réussi à colmater. Avec son aide, je finis par faire taire mon syndrome de l'imposteur et par me sentir parfaitement à l'aise dans ce milieu intransigeant avec les femmes.

Est-il plus important de réussir ta vie ou de réussir dans ta vie ?

J'ai besoin de discerner ce que je fais ici, à discuter avec un psychiatre qui cherche le bon dosage de drogue pour me permettre de m'adapter au monde, alors que les harceleurs comme Karl vivent en toute liberté. Ce n'est pas moi le problème, mais lui. La société qui lui permet d'avoir du pouvoir sur moi et de me pousser à la folie.

« - Pourquoi s'en est-il pris à vous, à votre avis ?
Quelle importance ?
Essayez de répondre à la question, s'il vous plaît.
Je hausse les épaules.
Parce qu'il voulait mettre quelqu'un à mon poste ? Parce qu'il déteste les femmes au pouvoir ? Comment le saurais-je ?
Essayez de voir plus loin. Pourquoi vous, Clotilde ? Qu'a-t-il décelé en vous qui lui a permis de prendre l'ascendant ?
Je saisis enfin où il veut en venir. Cette réponse, j'en ai pris conscience en écrivant mon récit, mais je ne l'ai encore jamais prononcée à voix haute. C'est plus difficile que je l'imaginais. » (p. 116)

- Je ne pensais pas avoir de limites. Pourtant, il semblerait que je les aie dépassées...
Il me fixa droit dans les yeux. Dans son regard, aucune trace de pitié - seulement une sincérité à toute épreuve.
- Bienvenue chez les humains, dit-il alors.

Vous pouvez être satisfaite d'avoir craqué, ce qui prouve que votre psychisme est sain. Certains ne s'effondrent pas, ils se suicident !

Avant mon burn-out, j'étais persuadée de vivre sur le chemin de la réussite et du bonheur : un mari parfait, un job parfait, une maison parfaite, des enfants parfaits...

Terrifiée à l'idée de recommencer une telle erreur, je me mis à consigner dans un cahier l'ensemble de nos échanges ainsi que le résumé du programme d'action qu'il m'imposait. Dès que cela était possible, je les retranscrivais et les lui envoyais par e-mail. J'ignorais encore à quel point ces écrits me seraient utiles...

- Tout d'abord, tu dois prêter davantage attention au quotidien à ta tenue vestimentaire. Lorsque les Néerlandais sont là, tu es toujours tiré à quatre épingles, mais c'est loin d'être le cas quand tu te trouves avec ton équipe. Ils peuvent l'interprêter comme un manque de respect vis-à-vis d'eux.

Ton corps a besoin de soins, ton esprit a besoin de repos. Donne-leur ce qu'ils veulent.