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Critique de Yaena


Yaena
09 novembre 2022
Jake Eping alias George Amberson, selon qu'il se trouve dans le passé, le présent, voir le futur, ça dépend de quel point de vue on se place, est un anti héros comme seul Stephen KING sait en faire. Jake a une mission et pas des moindres : sauver JFK. le problème c'est que nous sommes en 2011, aucun souci une petite faille spatio temporelle et le tour est joué.

Vous l'aurez compris 22/11/63 nous parle de voyage dans le temps, un vieux thème éculé vu et revu, raconté sous tous les angles, explorer en long, en large et en travers. C'est mal connaître S KING. Ce qu'il nous propose c'est du haut niveau. Accrochez-vous car vous allez être émotionnellement très secoués. Ce voyage dans le temps est certes le centre de l'histoire mais c'est aussi un prétexte pour nous parler d'autre chose. de beaucoup d'autres choses.

22/11/63 c'est d'abord un livre inclassable : science-fiction, roman historique, roman d'amour (et oui !), roman d'horreur, roman initiatique, épopée, road trip, aventure, polar, fantastique ? Oui et non. C'est ça, mais c'est aussi plus. C'est ça et puis c'est autre chose. C'est ça mais pas vraiment. C'est du grand Stephen KING !

La construction est d'une fluidité étonnante pour un livre aussi foisonnant qui regroupe plusieurs histoires. Plusieurs histoires ou plusieurs versions ? c'est toute la question. On ne voyage pas dans le temps sans conséquences aussi agréable soit la destination. Et elle l'est ! La plongée dans les années 50/60 est savoureuse. L'auteur fait appel à nos 5 sens. On entend ronronner le moteur d'une Chavy (amateurs de vieilles voitures américaines vous allez être ravis) tandis qu'on traverse la rue envahie des fumées malodorantes des usines. En poussant la porte du petit resto pour aller s'enfiler un burger on entend les petites clochettes tintinnabuler. Accoudé au bar un chic type à la coupe rockabilly nous prépare un coca avec du sirop et de l'eau de Seltz tandis que le juke box tout neuf diffuse un lindy pop endiablé. Des garçons en Blue jeans envoient voler leur partenaire dans un joyeux mélange de queues de cheval, de jupons vaporeux, et de socquettes blanches. Parce que la vie est une danse !

Avec un souci du détail impressionnant le KING nous fait revivre ces années pas si insouciantes au contexte politique tendu. Rien n'est laissé au hasard, pas d'anachronisme, la partie historique dénote d'un travail minutieux et titanesque. Pourtant nous ne sommes pas dans un livre d'Histoire, on vit aux côtés de Jake. Et on vit intensément, passionnément. Des histoires d'amitié, d'amour, des moments de tension insoutenables, des moments bucoliques, des moments de suspense, de dénouements (oui plusieurs), des respirations, un souffle coupé, un espoir, un désespoir, des peurs, des angoisses, du bonheur et toujours de l'intensité. Et puis il y a ces moments où on sent planer la menace de forces supérieurs. Ces forces à l'oeuvre dont on ignore tout, même si on comprend que le passé ne veut pas être changé. Il y a aussi ces questionnements sur la vision manichéenne du bien et du mal. Ici la frontière est brouillée, floutée et est source de bien des interrogations.
Comme d'habitude Stephen KING en profite pour égratigner la société américaine par des réflexions que j'ai trouvé ici, plus profonde qu'à l'accoutumé.

1000 pages et pas une seconde d'ennui.

Je le dis souvent, ouvrir un livre de Stephen King c'est aller retrouver un vieux pote. Ici c'est d'autant plus vrai que l'auteur fait un beau clin d'oeil à Ça, qui ne gênera pas ceux qui ne l'ont pas lu mais qui enrichira encore la lecture de ceux qui se sont frottés au célèbre clown et qui ont arpenté les rues de Derry. Une véritable immersion dans l'univers de l'auteur. Un régal.

Ce livre est un condensé d'humanité, de vie. Je suis passée par toute la palette des émotions à la fois enivrée, chavirée, bouleversée, émue… et puis la dernière page est arrivée. La fin est parfaite ; mais c'est la fin. Rideau, retour en 2022, pas envie. Après autant d'intensité il y a un vide, un gouffre, c'est à ça que je sais que je viens de lire un grand livre !

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