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Critique de 4bis


Comme beaucoup d'entre nous parmi mes amis Babelio, je n'avais jamais lu King. Sans goût pour la science-fiction, avec encore moins d'attirance pour les livres d'horreur, je m'étais retranchée derrière le snobisme des ignares qui consiste à épingler sur ce qu'ils ne connaissent pas toute la condescendance d'étiquettes indues. Ainsi je pensais que le succès de cet auteur s'expliquait par une forme de démagogie un peu vulgaire, que caresser les peurs était une chose, écrire de la littérature une autre. Qu'il n'était en somme rien de plus qu'un faiseur.
C'est grâce à la proposition de Yaena et NicolaK de faire une lecture commune autour de Stephen King que j'ai pu interroger ces préjugés et en rabattre un certain nombre.
Le roman met en scène la possibilité d'un retour dans le passé qui permet d'en changer le cours. Par le biais d'une sorte de faille temporelle, il devient possible de vivre en 1958, de laisser filer les années et de tenter d'empêcher l'assassinat de JFK. En modifiant le cours de l'histoire, al et Jake espèrent bien éviter la guerre du Vietnam et voir l'Amérique prendre un tour moins réactionnaire que celui qu'elle a connu.
Le plus grand talent de King est, à mon sens, de transformer son livre en un de ces objets capables d'absorber et de neutraliser les ondes, les humeurs, l'air du temps afin de créer une bulle spatio-temporelle dans laquelle n'existe que vous et l'histoire racontée. Tant que dure la lecture, on ne quitte jamais vraiment les années 60 américaines. Tandis que nous vaquons à nos occupations du moment, emballer des cadeaux, cuire des fournées de petits gâteaux, assister à une quelconque réunion, une part de nous-même reste reliée à Jodie, cette charmante bourgade où l'on danse et où l'on mène une vie saine. Et c'est ainsi que l'on éprouve une nostalgie pour une époque et un endroit que l'on n'a même pas connu. Et qui, je le croyais au moins jusqu'à présent, ne m'intéressait pas vraiment. Désormais, je soupire après le retour des gars d'un match de baseball ou d'une répétition théâtrale, je rêve du froufrou des robes pour aller danser et de la moiteur des nuits d'été étoilées.
Ce tour de force est pour le moins perturbant puisqu'il parvient même à faire jaillir (chez moi en tout cas) la possibilité que l'épaisseur de notre époque à nous, telle que nous la ressentons, n'a peut-être pas l'homogénéité qu'on lui prête et qu'elle est vraisemblablement truffée de trous, d'incursions d'autres boucles temporelles venant se télescoper avec elle. Genre : et si mon chat venait du futur ?
C'est cette expérience de lecture qui m'a le plus plu dans 22/11/63. Pour le reste, j'ai ressenti quelques longueurs, trouvé la traque d'Oswald parfois aussi vaine que fastidieuse. Mon côté midinette s'est réchauffé à l'intrigue amoureuse entre Jake et Sadie au point que mon intérêt, mais celui de la narration également non ?, était davantage aiguisé par leur devenir que par la perspective de l'assassinat de Kennedy.
Comme si le livre, prétextant une uchronie à enjeu politique, n'était en fait qu'un roboratif moment de nostalgie, un donuts bien moelleux et régressif qui fait saliver même ceux qui n'aiment pas ces pâtisseries.
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