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Critique de Nastasia-B


Voici l'un des plus beaux poèmes qu'il m'ait été donné d'apprécier. Une forme anaphorique devenue quasi légendaire et un succès qui ne se dément pas de génération en génération. Si, par chance, vous ne le connaissez pas encore, si vous en exprimiez le désir, je ne puis que vous conseiller de le découvrir et de le faire découvrir à la jeunesse à laquelle ce bel album se destine.

Si, par hasard, vous ne l'avez pas lu depuis longtemps, j'aime à vous rappeler qu'il est agréable de revenir s'y abreuver. Et si, comme moi, vous aimez tirer sur les bouts de racines qui sortent de terre et essayer d'en suivre le tortueux cheminement le plus profondément possible, alors vous avez probablement connaissance des origines de SI.

Mais si vous n'en avez jamais entendu parler, alors je me permets de vous orienter vers la source inépuisable d'inspiration de tout un pan de la littérature anglaise et anglophone (Brave New World, Sound And Fury, The Winter of Our Discontent, etc.), vers le phare luminescent d'où tous les rayons divergent, j'ai nommé, le bienheureux Shakespeare.

Et en plus, ici, on est dans la crème de la crème de Shakespeare car, si je ne m'abuse, c'est d'Hamlet que vient la source. Je vous recopie tel quel un morceau de la tirade de Polonius à son fils à la scène 3 de l'acte I :

« Grave dans ta mémoire ces préceptes.
Ne donne pas de langue à tes pensées,
Ni d'acte à des pensées hors de mesure.
Sois familier, ne sois jamais vulgaire ;
Éprouve les amis que tu te fais
Puis retiens-les par un grappin de fer,
Mais n'use pas ta paume à accueillir
Un quelconque blanc-bec, un spadassin.
Tiens-toi loin des querelles, mais, forcé,
Fais que ton adversaire te redoute.
Offre l'oreille à tous, à peu la voix,
Prends l'avis de chacun, mais garde tienne
Ton opinion ; que ton habit soit riche,
Dans la mesure où le permet ta bourse ;
Mais point d'excès de fantaisie : du riche,
Pas voyant ; l'habit, souvent, dit l'homme,
Et, en France, les nobles les plus hauts
Mettent leur point d'honneur dans la dépense.
Ne sois ni emprunteur ni créancier :
Qui prête perd — son prêt et ses amis —
Et qui emprunte émousse le tranchant
De son esprit d'épargne ; mais, surtout,
Toi-même, reste vrai avec toi-même,
D'où il suivra, mieux que la nuit le jour,
Que tu ne seras faux avec personne. »

Vous voyez, c'est confondant, n'est-ce pas ? On comprend donc qu'avec de tels géniteurs, un tel pedigree, le poème en question ne pouvait être que très bon. Mais de ceci encore, ce sera à vous d'en juger, car, comme dit un adage typiquement babeliesque : si tu es capable d'écouter tous les avis et de ne t'en remettre aveuglément à aucun, alors, tu seras un vrai lecteur, mon fils…
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