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Critique de Sando


Professeur d'anglais jeune et charismatique, adulé par ses élèves et reconnu par ses collègues pour sa capacité à gérer les situations difficiles, Seiji Hasumi est, a priori, un homme sur lequel on peut compter et s'appuyer… Par ailleurs, dans une société où il ne faut surtout pas faire de vagues, cet homme discret et secret est très apprécié pour ces deux qualités. Mais, ne vous a-t-on jamais dit qu'il fallait se méfier des apparences car elles peuvent s'avérer trompeuses? Ce vieux proverbe n'a jamais semblé aussi juste qu'avec ce personnage glaçant, capable de mettre son intelligence supérieure au service des desseins les plus noirs… Car, pour Seiji Hasumi, le meilleur moyen de régler un problème, c'est d'éliminer sa source et peu importe qu'il s'agisse d'une vie humaine ou animale… Alors, quand le jeune professeur se sent sur le point d'être démasqué, il n'hésite pas à frapper le premier, quitte à provoquer un véritable bain de sang…

Voilà un moment qu'un roman ne m'avait pas pris aux tripes de la sorte! J'ai été littéralement sidérée et glacée par cette surenchère de violence gratuite qui m'a rappelé le souvenir quelque peu traumatisant que m'avait laissé le film “Battle Royale”, adapté du roman de Koshun Takami, quand j'avais 14 ans…

Cela dit, j'ai trouvé le personnage de Seiji Hasumi absolument fascinant. Il incarne la figure du psychopathe dans toute sa splendeur: un esprit brillant et manipulateur, un coeur dénué de la moindre empathie, un individu pragmatique et dépourvu d'émotions, qui suit sa propre logique de manière implacable et qui fait preuve d'une maîtrise parfaite de ses réactions. Bref, tout ce qui fait que l'homme est faillible et vulnérable semble absent chez cet être et fait de lui, par la même occasion, une véritable machine à tuer, impitoyable car dénuée de conscience… Et, même si le lecteur, de par sa position, découvre avec un malaise croissant les facettes insoupçonnées de cet aimable professeur, il n'imagine à aucun moment les proportions et les rebondissements à venir et se retrouve pris, malgré lui, dans une espèce de spirale infernale devenue incontrôlable.

L'effet de surprise tient notamment au rythme de l'intrigue, plutôt lent au début. L'auteur prend le temps de planter son décor en nous présentant un système scolaire japonais assez peu reluisant, ainsi que les nombreux personnages qui le composent (enseignants et élèves compris). Ce n'est qu'à la deuxième partie du roman que le rythme s'accélère et que l'on découvre le passé de Seiji Hasumi. La tension va croissante et les présages quant au drame à venir ne cessent de s'accumuler. le sentiment d'horreur, léger au début, s'intensifie et parvient à nous surprendre, malgré les nombreux indices semés au fil de la lecture… Finalement, la dernière partie s'achève sur une apothéose de violence difficilement imaginable (à moins d'avoir un esprit tordu!).
Ainsi, avec “La leçon du mal”, Yûsuke Kishi nous offre un thriller terrifiant, à la mécanique implacable qui s'avère terriblement efficace et addictif et qui n'hésite pas à bousculer son lecteur.
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