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Critique de GabySensei


"L'Estonie, l'une des dernières régions païennes d'Europe, a été conquise au début du XIIIe siècle, dans le cadre d'une croisade, par des chevaliers-prêtres allemands, ancêtres des chevaliers teutoniques, arrivés par la mer. Durant tout le moyen-âge, l'élite est demeurée germanophone et très largement ecclésiastique (chevaliers-prêtre célibataires, moines et nonnes).

Dans les mythes nationalistes du XIXe et du XXe siècle, les Estoniens de la préhistoire, c'est-à-dire d'avant l'invasion allemande, vivaient unis, libres et heureux, en accord avec la nature à laquelle ils rendaient un culte. Ils étaient censés être "un peuple de la forêt" par opposition aux occidentaux, peuples d'agriculteurs, et aux cavaliers nomades des steppes orientales." (Note du traducteur)

Ce livre raconte l'histoire de Leemet, un jeune homme tiraillé entre deux mondes. Il est né dans un village et aurait pu devenir un agriculteur comme la plupart des jeunes de son époque. Mais à la mort de son père, sa mère va décider de ramener toute la famille dans la forêt pour qu'ils puissent vivre conformément aux traditions. Son oncle va lui apprendre 'la langue des serpents" qui permet de communiquer avec la plupart des animaux. La forêt leur fournit un abri sûr et de quoi vivre. Ils n'ont pas besoin de chasser car la langue des serpents obliges les animaux à leur obéir. Ainsi il suffit d'appeler un chevreuil pour que celui-ci se laisse égorger et fournisse le repas de midi.
Le peuple de la forêt voit d'un très mauvais oeil le village d'à côté qui obéit à un nouveau Dieu. Ils utilisent beaucoup d'outil de métal et s'épuisent à travailler la terre alors que la forêt pourrait leur fournir leur subsistance. Mais ces nouveautés et le confort matériel qui en découle attirent de plus en plus de gens de la forêt vers le village, au point de menacer l'ancien mode de vie.

Leemet sera le dernier homme à parler la langue des serpents. Il va lutter de toutes ses forces contre la modernité sans arriver à l'arrêter.

Ce livre n'est pas sans rappeler "Les brigands de la forêt de Skule" de Kerstin Ekman. Il partage avec lui de très belles descriptions de la nature et un anticléricalisme assumé. Il montre aussi cette lutte entre un passé qui est inéluctablement voué à disparaître et la décadence d'un monde moderne aliénant.
Mais si ces deux livres ont des points communs, "L'homme qui savait la langue des serpents" lui demeure supérieur (selon moi) par son style. L'auteur manie l'ironie avec une grande maîtrise et n'hésite pas à nous donner des scènes surréalistes et jouissives qui peuvent basculer parfois dans le gore. Cela donne un mélange étonnant de roman historique et de fantastique que je n'avais encore jamais vu.

Merci aux éditions Attila, qui comme à leur habitude, savent dénicher des petites perles qui auraient sans doute été ignorées par d'autres.
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