Franchement, un bonnet rouge à pompon… Il avait l’air un peu crado. Des cheveux longs, pas nets. Ils n’avaient rien à faire ensemble ces deux-là, lui crasseux, elle classe. — Avez-vous vu autre chose ? — J’ai été interrompu par un client. Quand je suis revenu avec sa commande, j’ai vu la blonde s’éloigner. — Combien de temps sont-ils restés ensemble ? — Difficile à dire. Pas très longtemps, peut-être deux ou trois minutes. — La blonde a parlé au bonnet rouge pendant deux à trois minutes, reformula Cranier. — Oui, c’est ça. — Et ensuite ? — Après je ne l’ai plus jamais revue, regretta le serveur. — Et l’homme au bonnet rouge ? — Ah oui, je l’ai vu parler à un homme, très peu de temps, et après il y a eu d’autres clients. Voilà, c’est tout ce que je sais. — Juste quelques questions encore, si vous voulez bien. La femme, a-t-elle donné quelque chose à l’homme au bonnet rouge ? — Non, elle ne lui a rien donné, je suis sûr de moi, je ne l’ai pas quittée des yeux.
Elle avait même suggéré de faire rouler les trains sur des cadavres, quelle indécence ! Les gens sont d’un égoïsme monstrueux. Ils ne pensent avant tout qu’à eux-mêmes. C’est la nature humaine. Dès qu’on a compris ça on peut les manipuler à sa guise.
Lorsque la présentatrice passa au sujet suivant, la blonde du garçon de café conclut muettement : travaillez-bien les petits poulets et retrouvez-moi si vous pouvez…
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La quatrième personne était un voisin de Bastien Dimier, l’homme au bonnet rouge. Vivant seul, il regardait le journal télévisé tout en dînant dans sa cuisine. Incrédule, il plaqua la main sur sa bouche. Bastien était sorti précipitamment dans l’après-midi, mais il ne l’avait pas entendu rentrer. Il avait l’air agité, perturbé. Était-il rentré maintenant ? Était-ce lui l’homme au bonnet rouge dont le journaliste venait de parler ? Qui à part Bastien, se promenait dans Paris
Qu’il ait avoué sous la contrainte de la menace physique n’enlevait rien à la pertinence de ses aveux. Pour Petitjean tout cela était du temps perdu, le psy était coupable, point barre. Face à ce manque flagrant de motivation, le commissaire avait préféré confier la suite de l’enquête à Brice Cranier plutôt que d’ordonner à Petitjean de poursuivre les investigations. Le commissaire connaissait bien le capitaine, il aurait à coup sûr salopé le boulot.
Ce crétin n’a même pas été foutu d’empêcher une putain de nana à particule de faire mieux que lui). Et c’est le psy qui avait fait le coup ! J’aurais dû m’en douter. Je le sais pourtant que ce sont tous des malades ! Pour l’instant, il n’a pas encore avoué, pourvu qu’il ne le fasse pas avant mon arrivée, parce que moi je lui ferai cracher la vérité, aussi vrai que je m’appelle Petitjean et comme ça l’honneur de conclure l’affaire me reviendra.
L’affaire me parait claire : un taré a poussé un homme sous le train et je te fous mon billet qu’on ne saura jamais pourquoi, parce qu’on ne sait jamais ce qui se passe dans la tête des tarés. C’est d’ailleurs pour ça qu’on les appelle des tarés. D’après le conducteur du train, le fou aurait entraîné l’autre homme parce qu’il était sur sa trajectoire, sans l’avoir spécifiquement ciblé.