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Critique de Luniver


Si le communisme, et le stalinisme en particulier, n'ont pas perduré longtemps à l'échelle de l'Histoire, ils ont néanmoins inspiré une série d'auteurs de talent : Orwell, Soljenitsyne, Koestler, … Koestler a été un précurseur dans la dénonciation de ce qui se passait réellement en URSS, ce qui lui a d'ailleurs valu un accueil très froid en France.

Le roman raconte l'histoire de Roubachof, ancien cadre du parti emprisonné aujourd'hui pour sabotage, complots, actes anti-révolutionnaires, et tout le lot d'accusations habituel. Roubachof se fait peu d'illusions sur son sort : il sait très bien qu'une fois pris entre les mâchoires de l'appareil répressif soviétique, on en sort rarement indemne.

Il faut dire que Roubachof connaît très bien les mécaniques du système, pour les avoir utilisés plus d'une fois lorsqu'il était encore en état de grâce. En faisant le point sur sa vie, il remarque qu'elle n'a été qu'une succession de trahisons, de lâchetés, d'exécutions sommaires, pour servir la doctrine soviétique et, accessoirement, sauver sa peau. C'est presque avec soulagement qu'il accueille son inévitable condamnation, qui mettra un terme à la comédie qu'a été sa vie.

Mais le parti n'envisage pas de le laisser s'en tirer à si bon compte. Il ne lui suffit pas d'éliminer les éléments indésirables, il faut encore les briser et leur faire admettre avec un repentir sincère qu'ils ont eu tort sur toute la ligne.

La vie sous un régime communiste a dû être particulièrement marquante, car tous les auteurs que j'ai lu sur le sujet sont capables de disséquer avec précision la vie quotidienne et ce qui se passe dans la tête du citoyen moyen. Koestler nous décrit ici toute la « mythologie » soviétique : la certitude absolue d'être les premiers à comprendre le sens de l'Histoire et de pouvoir l'orienter, d'avoir d'avoir la capacité d'instaurer le paradis sur Terre, et que pour cette raison, la fin justifie tous les moyens. le Parti ne peut jamais être pris en défaut : si les faits lui donnent tort, il faut changer les faits, ou réécrire les prédictions faites à l'époque ; si des objectifs ne sont pas atteints, il faut trouver des saboteurs ou des traîtres, d'autant plus haut dans la hiérarchie de l'état que l'échec est grand. Koestler décrit également l'espèce de schizophrénie qui touche tous les membres assez haut placé : fabriquer des preuves et des témoignages de toute pièce, et en même temps les professer comme des vérités absolues.

L'ambiance du roman est assez oppressante, mais avec de tels auteurs, on a l'impression de connaître intimement le stalinisme sans jamais l'avoir vécu.
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