AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Melopee


La narratrice, une femme d'un certain âge dont on y ignore tout - situation familiale, nom, âge - est en vacances à Gerzett en Suisse. Elle est seule, paraît aigrie et parcourt le monde pour rétablir sa santé fragile. C'est donc dans les montagnes suisses qu'elle trouve refuge au début du roman et c'est à partir de ce lieu "insignifiant" que tout va se jouer. Car elle rencontre un homme, un parfait inconnu qui la questionne sur une dénommée Daisy Summers, une fille (une femme peut-être) qui est selon lui une connaissance, avec qui elle a grandi là-bas. Dans ce là-bas se dessine l'Afrique du Sud, terre lointaine et tabou où la vie s'est arrêtée. Même si les noms, les lieux ne sont jamais clairement désignés, on sent que le passé de notre narratrice renferme un secret. Derrière sa froideur, son mutisme et son obstination à tout nier, peu à peu elle se rappelle.
Car l'homme de Gerzett a rallumé les cendres d'un souvenir qu'elle pensait oublier.
Suite à cette rencontre des plus imprévues, et à tous les flash-backs qu'elle engendre, la narratrice fuit vers la mer. Car au soleil et sur le sable chaud personne ne peut l'importuner et cette supposée Daisy Summers reste dans les profondeurs de sa mémoire. Quoique...
Malgré l'Allemand qu'elle rencontre, malgré le fait qu'elle soit partie plus loin, les souvenirs persistent et deviennent plus oppressants. En filigrane le dialogue avec l'homme de Gerzett, très insistant, vient obscurcir les pages. On se rend compte que les lieux ou les gens disparaissent petit à petit derrière le récit de cet avant, de ces jours où elle était en internat de jeunes filles, dans son pays natal.

Ce livre est étrange car le personnage de cette femme alanguie et imbue d'elle-même est particulièrement déplaisant. Oui elle est antipathique, oui une bête aurait sans doute davantage de sentiments qu'elle. Car la compagnie des autres l'ennuie et ces résurgences du passé polluent son esprit qui était juste prêt à passer des vacances sans contrainte.

Tout est dit je crois. Pour le reste il ne vaut mieux pas lire la quatrième de couverture qui une fois de plus nous en révèle bien trop sur les noeuds de l'action. le style de Kohler est implacable, incisif et incroyablement mesuré. On sent qu'elle joue de retenue comme avec cette assertion, "la dénommée Summers", qui jusqu'à la fin restera une fille que notre narratrice pourrait connaître... ou peut-être pas !
Il y a ce flou volontaire sur le temps, le lieu qui perdure pour mieux nous envoyer à la figure tous les ressorts de l'affaire. On avance à tâtons dans ce récit et finalement on se laisse prendre au jeu et guidé sur les traces du passé.

Encore une escapade dans les noirceurs de l'enfance ! Décidément, les personnages féminins ont l'air de tenir toutes les ficelles du monde adulte, sous la plume de Kohler. Quant à moi je n'ai qu'un mot à dire "j'aime" !
Commenter  J’apprécie          10







{* *}