AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Dandine


Il fait chaud. Tres. Pas la force de courir les librairies. Ni les bibliotheques de mes amis. Ma pal m'atterre. Je panique a la pensee que je me suis engage a recenser des oeuvres judeo-espagnoles. Je me refugie dans la Bibliotheque Russe et Slave. Ce Korolenko fera l'affaire. Un classique ssez court.

Ca se veut tres psychologique. Comment un enfant aveugle ressent le monde alentour. Comment il s'habitue a sa cecite. Comment en grandissant il passe par des moments, des epoques d'abattement, pour finir par surmonter ses desarrois, ses anxietes, grace a l'attention et l'amour de ses proches, et surtout grace a l'amour d'une jeune fille, une ame soeur.

Korolenko excelle a decrire comment un aveugle peut suppleer a son infirmite. le tact, le toucher, l'aidera de prime abord, mais ensuite l'ouie peut etre aussi sinon plus importante. L'ouie lui permettra d'apprehender non seulement des mouvements, des agissements autour de lui, mais aussi des sensations, des sentiments, des emotions. C'est le cas du petit Piotr, le heros de ce livre: “Les sons constituaient pour lui la principale et immédiate expression du monde extérieur ; les autres sensations ne servaient qu'à compléter les impressions de l'ouïe, dans lesquelles, comme dans des moules, se fondaient toutes ses images”.

Les melodies traditionnelles que tire un des employes de sa maison d'un simple chalumeau le transporteront. La musique sera le moyen de surmonter son infortune, ses chagrins, sa detresse. Elle lui permettra avec le temps de s'affermir, de se reveler au monde comme un grand musicien.

Korolenko reussit, en une prose simple, a faire imaginer au lecteur ce que l'aveugle imagine, a lui faire comprendre ce que ce dernier peut percevoir. Il a de tres belles pages sur les sons de la nature, sur les bruits que font les hommes inconsciemment, et surtout sur la musique et les emotions qu'elle peut faire naitre. J'ai aime comment l'oncle de l'aveugle lui traduit les couleurs: “quand arrive l'automne, dans le feuillage alangui, les fruits se gonflent de sève et rougissent. le fruit est plus rouge du côté qui reçoit le plus de lumière ; toute la force de la vie, toute la passion de la nature végétale paraît se concentrer en lui. Tu vois qu'ici aussi la couleur rouge est la couleur de la passion, dont elle est, du reste, le symbole. C'est la couleur de la tendresse, de l'enivrement, la couleur du courroux, de la fureur ; c'est l'emblème de la vengeance implacable. Ce n'est pas pour rien que les masses populaires, quand la passion les soulève, cherchent l'expression du sentiment commun dans un drapeau rouge qui flotte au-dessus d'elles comme une flamme...” […] la couleur blanche, c'est la couleur de la neige glacée ; c'est aussi la couleur des nuages les plus élevés qui planent dans le froid inaccessible des hauteurs célestes ; c'est la couleur des cimes des montagnes, cimes majestueuses mais infertiles... C'est l'emblème de l'impassibilité, de la haute sainteté, l'emblème de la future vie immatérielle... Quant à la couleur noire... — Je sais, interrompit l'aveugle : c'est l'absence des sons, des mouvements... c'est la nuit... — Oui, et c'est pour cela que c'est l'emblème de la mort... Pierre tressaillit et dit d'une voix sourde : — Tu as dit toi-même : de la nuit. Mais est-ce que pour moi tout n'est pas noir... toujours et partout noir ? — Ce n'est pas vrai, répliqua vivement Maxime ; pour toi existent les sons, la chaleur, les mouvements”.

Un livre touchant en de nombreuses pages qui finit en un happy end. Parce que la vie, toute vie, est toujours, ou du moins devrait etre toujours selon Korolenko, teintee d'espoir.
Commenter  J’apprécie          625



Ont apprécié cette critique (62)voir plus




{* *}