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EAN : 9782908024388
166 pages
Éd. Circé (30/11/1992)
4.03/5   16 notes
Résumé :
Ce roman de Vladimir Korolenko plonge dans la société rurale de la Petite-Russie au début du siècle dernier.
Pierre est né aveugle. Sa famille l'accueille comme tous les enfants qu'elle a déjà accueillis. Son éducation va lui apprendre les choses de la vie qui lui sont hélas inaccessibles, les couleurs par exemple, c'est la musique qui le guidera.
L’analogie sons couleurs revient souvent dans son discours (on pense aux Correspondances de Baudelair... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Il fait chaud. Tres. Pas la force de courir les librairies. Ni les bibliotheques de mes amis. Ma pal m'atterre. Je panique a la pensee que je me suis engage a recenser des oeuvres judeo-espagnoles. Je me refugie dans la Bibliotheque Russe et Slave. Ce Korolenko fera l'affaire. Un classique ssez court.

Ca se veut tres psychologique. Comment un enfant aveugle ressent le monde alentour. Comment il s'habitue a sa cecite. Comment en grandissant il passe par des moments, des epoques d'abattement, pour finir par surmonter ses desarrois, ses anxietes, grace a l'attention et l'amour de ses proches, et surtout grace a l'amour d'une jeune fille, une ame soeur.

Korolenko excelle a decrire comment un aveugle peut suppleer a son infirmite. le tact, le toucher, l'aidera de prime abord, mais ensuite l'ouie peut etre aussi sinon plus importante. L'ouie lui permettra d'apprehender non seulement des mouvements, des agissements autour de lui, mais aussi des sensations, des sentiments, des emotions. C'est le cas du petit Piotr, le heros de ce livre: “Les sons constituaient pour lui la principale et immédiate expression du monde extérieur ; les autres sensations ne servaient qu'à compléter les impressions de l'ouïe, dans lesquelles, comme dans des moules, se fondaient toutes ses images”.

Les melodies traditionnelles que tire un des employes de sa maison d'un simple chalumeau le transporteront. La musique sera le moyen de surmonter son infortune, ses chagrins, sa detresse. Elle lui permettra avec le temps de s'affermir, de se reveler au monde comme un grand musicien.

Korolenko reussit, en une prose simple, a faire imaginer au lecteur ce que l'aveugle imagine, a lui faire comprendre ce que ce dernier peut percevoir. Il a de tres belles pages sur les sons de la nature, sur les bruits que font les hommes inconsciemment, et surtout sur la musique et les emotions qu'elle peut faire naitre. J'ai aime comment l'oncle de l'aveugle lui traduit les couleurs: “quand arrive l'automne, dans le feuillage alangui, les fruits se gonflent de sève et rougissent. le fruit est plus rouge du côté qui reçoit le plus de lumière ; toute la force de la vie, toute la passion de la nature végétale paraît se concentrer en lui. Tu vois qu'ici aussi la couleur rouge est la couleur de la passion, dont elle est, du reste, le symbole. C'est la couleur de la tendresse, de l'enivrement, la couleur du courroux, de la fureur ; c'est l'emblème de la vengeance implacable. Ce n'est pas pour rien que les masses populaires, quand la passion les soulève, cherchent l'expression du sentiment commun dans un drapeau rouge qui flotte au-dessus d'elles comme une flamme...” […] la couleur blanche, c'est la couleur de la neige glacée ; c'est aussi la couleur des nuages les plus élevés qui planent dans le froid inaccessible des hauteurs célestes ; c'est la couleur des cimes des montagnes, cimes majestueuses mais infertiles... C'est l'emblème de l'impassibilité, de la haute sainteté, l'emblème de la future vie immatérielle... Quant à la couleur noire... — Je sais, interrompit l'aveugle : c'est l'absence des sons, des mouvements... c'est la nuit... — Oui, et c'est pour cela que c'est l'emblème de la mort... Pierre tressaillit et dit d'une voix sourde : — Tu as dit toi-même : de la nuit. Mais est-ce que pour moi tout n'est pas noir... toujours et partout noir ? — Ce n'est pas vrai, répliqua vivement Maxime ; pour toi existent les sons, la chaleur, les mouvements”.

Un livre touchant en de nombreuses pages qui finit en un happy end. Parce que la vie, toute vie, est toujours, ou du moins devrait etre toujours selon Korolenko, teintee d'espoir.
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première critique sur cette nouvelle, je vais donc essuyer les plâtres...
Un récit plein de poésie, sans trémolos qui nous raconte l'histoire de Pierre alias Petroussia, aveugle de naissance qui va apprendre à s'orienter, se mouvoir, reconnaître les visages, grâce à l'amour bienveillant de sa mère Anna et de son oncle Maxime, homme qui a beaucoup bourlingué, dans sa jeunesse rejoignant Garibaldi, à la recherche d'un idéal.

« En ces moments, le guerrier mutilé songeait que la vie est une lutte où il n'y a pas de place pour les invalides. Il se disait qu'il était sorti à jamais des rangs, et qu'il était une charge pour autrui ; il se faisait l'effet d'un cavalier désarçonné par la vie et gisant sur le sol. »

Un soir, en s'endormant, il entend des sons différents qui échappent à l'oreille maternelle et comme cela se reproduit, elle comprend que cela provient du chalumeau de Jokhime et la musique va faire son entrée dans l'univers de l'enfant.

Pétroussia utilise ses autres sens pour tenter de percevoir et comprendre ce que ses yeux ne peuvent pas voir.

La découverte du piano que sa mère a acheté car elle en jouait autrefois : mais l'enfant est plus attiré par le chalumeau. Les chansons cosaques l'émeuvent plus que la musique classique. La façon dont la mère entre en compétition avec le paysan est touchante, car dénuée d'animosité.

« Oui, l'instrument viennois avait de la peine à vaincre le chalumeau du petit-russien. Une minute ne s'était pas encore écoulée que l'oncle Maxime frappa tout à coup rudement de sa béquille contre le plancher. »

Vladimir Korolenko livre une réflexion profonde sur la souffrance physique (comme celle de l'oncle Maxime dont le corps est usé) et la souffrance morale : Pétroussia souffre de ne pas être comme les autres, de son hypersensibilité qui fait de lui une véritable éponge et peu à peu le fait sombre dans la mélancolie quand il approche de l'adolescence. L'entrée dans sa vie d'une petite voisine de son âge, Eveline, va encore enrichir la palette de ses émotions.

Les réflexions sur les sons pour exprimer les couleurs, les vibrations sont très belles (le texte a été écrit en 1886) ou lorsqu'il sent par la peau l'évolution de la course du soleil ou de la lune…

Ce récit romantique ne sombre jamais dans le pathos, les mots sont simples mais percutants, une fois le livre commencé, on n'a plus envie d'en interrompre la lecture.

Cet auteur est classé dans les auteurs russes alors qu'il est en fait Ukrainien (le petite Russie disait-on à l'époque où elle faisait partie de la Russie tsariste… J'aime bien l'expression « Petit-Russien » pour parler des Ukrainiens

Un auteur qui m'a beaucoup plu alors que je n'en avais jamais entendu parler et dont j'ai envie de continuer à explorer l'oeuvre.

Challenge XIXe siècle 2017
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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"Le Musicien aveugle" est un roman de l 'écrivain Ukrainien
Vladimir Korolenko .L ' Ukraine était, autrefois, désignée par la Petite-Russie .Ce livre nous plonge dans la société rurale de l 'Ukraine au début du siècle .Il s 'agit d' une famille qui a un enfant ,le seul d 'ailleurs qui est naît avec un grand handicap : il est aveugle ! Ses parents l 'accueille normalement .L ' enfant est entouré de parents bienveillants .Une mère aimante et non possessive .Un père débonnaire et effacé car pris par son travail .Dans la maison,on trouve aussi l 'oncle Maxime qui est unijambiste ,il est mutilé au cours de ses combats en Italie aux côté du révolutionnaire Garibaldi . Dans la maison , on y trouve aussi la servante et Jokhime , le serviteur .Le roman dresse un tableau du développement intellectuel de l 'enfant :Pierre .On doit lui apprendre tout ce qui lui sera utile dans sa vie ultérieure .Son éducation va lui apprendre les choses de la vie qui lui sont hélas inaccessibles comme les couleurs , par exemple .Pierre dit Pétroussia a un grand avantage : le sens de l'ouïe est très
développé chez-lui .Il saisit toutes les nuances des sons .Il
aime la musique , il est initié par Jokhim qui joue le chalumeau , une sorte de flûte .Sa mère lui procure un piano .Il découvre le monde extérieur grâce à l 'ouïe . Des
fois , il passe des moments difficiles : déprime ,angoisse ,..
La providence mettra sur sa route une jeune et belle fille :
Evelyne .Cette amitié évoluera en amour .Ils finiront par se marier .
La lecture de ce roman , donne l' occasion de découvrir
un grand auteur .Ce dernier arrive à décrire l 'indicible et
nous faire sentir ce que ressent Pétroussia car toute l 'action se passe dans l 'âme du héros .
l''auteur nous donne à lire un très beau livre .Ce dernier
est une profonde réflexion sur la souffrance physique et la souffrance morale .
La lecture est aisée et captivante à la fois .













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Allez, petit détour par la littérature russe avec un classique plutôt méconnu chez nous, et le livre qui passe pour le chef-d'oeuvre de Korolenko: le Musicien aveugle.

Korolenko n'est pas au panthéon des auteurs russes les plus renommés, mais il a connu une certaine notoriété à la fin du XIXe siècle en France avec la traduction de cet ouvrage qui sera même distribué aux enfants sous forme de livre de prix.

Il raconte le parcours (depuis la naissance quand même) d'un aveugle qui deviendra musicien, connaîtra l'amour, la paternité et la notoriété. Ce qui surprend de prime abord c'est la grande simplicité d'écriture ; la capacité d'évocation avec des moyens fort limités. Korolenko ne se disperse pas, il va à l'essentiel, et en même temps, il parvient si bien à traduire ce qu'il veut, en particulier en terme de sentiments, qu'il n'a pas besoin de multiplier les circonvolutions et les jolies tournures pour donner à éprouver à son lecteur. Au demeurant, saluons la traduction française, car la langue russe a généralement cette simplicité qui a souvent du mal à être rendue en français par un nombre de mots aussi restreint et des phrases sans rallonge intempestive.

L'histoire est tout aussi simple que la langue, et l'on sent le caractère rustique du décorum et des gens. Korolenko donne une franche cohérence à son ouvrage, et sans doute est-ce là sa grande force. Il se dégage de ce livre une puissante sincérité et un réalisme qui pour son optimisme derrière les épreuves, n'est pas sans rappeler la vague des romans naturalistes à connotation morale qui a essaimé en France à la même époque contre le misérabilisme. Car oui, aussi réaliste que soit ce roman, il n'est pas misérabiliste, et c'est d'ailleurs un point à souligner: dans ce roman russe, tout le monde ne devient pas fou ou ne meurt pas à la fin!

Vraiment, c'est une lecture très recommandable, car même si le Musicien aveugle n'est pas très fourni en rebondissements et ne se démarque pas follement de nombreux ouvrages publiés à cette époque (ce n'est pas le roman qui m'a fait dire "ouah! quelle originalité!"), c'est très bien écrit et il y a de ce parfum tourbé non dénué de poésie de la vie du temps en Petite Russie. Une belle découverte qui en plus ne vous prendra pas trop de votre temps car ça se lit vite.



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Au vue des précédentes critiques je m'attendais presque à un chef d'oeuvre oublié et j'ai été un peu déçue. En même temps, malgré tout, c'est à l'évidence un auteur injustement oublié, en Russie il était de moins en moins dans la ligne bolchévique, en Occident il avait été traduit puis oublié (il faut dire qu'en plus il est mort en 1921 sans avoir eu vraiment d'ennuis avec le régime). J'ai trouvé cette lecture très "19ème siècle", avec un romantisme un peu à la limite du mièvre pour ce qui concerne les états d'âme de l'aveugle, alors que le propos de l'auteur fait aussi preuve de naturalisme et d'une tendance réaliste dès qu'il dépeint le contexte, les situations,… J'ai trouvé le mélange un peu bizarre. Pourtant j'ai trouvé aussi beaucoup de qualités à ce récit. D'abord la façon dont il évoque le monde sonore puis la musique, cela m'a fait un petit peu penser à Janko le musicien, et surtout aux premiers tomes de Jean-Christophe. Romain Rolland avait d'ailleurs sans doute connaissance de ce texte ! Toutes ces pages sont remarquables. Il y a aussi la peinture de la société ukrainienne de l'époque, et les personnages de Maxime et de ses amis, révolutionnaires dans l'âme. Et puis surtout, il y a le thème du handicap, central et remarquablement traité, avec une certaine modernité. Toutes ces qualités font que malgré quelques poncifs romantiques le musicien aveugle est un récit original et attachant.
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Le fruit est plus rouge du côté qui reçoit le plus de la lumière ; toute la force de la vie ; toute la passion de la nature végétale paraît se concentrer en lui . Tu vois qu 'ici aussi la couleur rouge est la couleur de la passion , dont elle est,
du reste , le symbole . C 'est la couleur de la tendresse , de
l 'enivrement ..
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C’est ainsi que les sons constituaient pour lui la principale et immédiate expression du monde extérieur ; les autres sensations ne servaient qu’à compléter les impressions de l’ouïe, dans lesquelles, comme dans des moules, se fondaient toutes ses images.
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Le son faible d’une corde résonna, indécis. Le garçon écouta pendant longtemps les vibrations déjà abolies pour l’ouïe de la mère ; puis, avec l’expression d’une attention extrême, il frappa la touche suivante. Ensuite, promenant sa main sur tout le clavier, il arriva aux notes élevées. À chaque son il s’arrêtait un peu de temps ; et un à un, ils vacillaient, vibraient et mouraient dans l’espace. Le visage de l’aveugle exprimait, avec une tension excessive, un plaisir extrême ; il était évident qu’il admirait chaque son en particulier ; et déjà, dans ce délicat souci des sons élémentaires, parties constituantes d’une future mélodie, se révélait comme un tempérament d’artiste.
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Cela suffisait pour que le petit être aux beaux yeux morts fût devenu le souci exclusif de la famille ,un despote
inconscient dont le moindre caprice était une loi pour toute la maison .
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Pendant que l’oncle Maxime ruminait de sang-froid
cette pensée cuisante, combinant, mettant en regard toutes
les raisons pour et contre, devant ses yeux commençait
à grandir un nouvel être dont le sort avait fait un infirme
dès sa naissance. D’abord, il ne prêta pas grande attention
au petit aveugle ; mais après, la similitude de
l’existence de l’enfant avec la sienne propre parut intéressante
à l’oncle Maxime.
— Hum, oui ! dit-il un jour d’un air pensif en jetant
sur l’enfant des regards obliques ; ce petiot est aussi un
infirme. Si l’on faisait l’addition de nous deux, on pourrait
peut-être avoir au total un seul bonhomme passable.
À partir de ce moment, son regard s’arrêta sur l’enfant
de plus en plus souvent.
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