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Critique de NANA29


Tout d'abord, merci Babelio pour m'avoir sélectionnée dans le cadre de l'opération Masse Critique, et merci pour ce présent que j'ai eu le plaisir de découvrir.

N'étant pas une grande amatrice de polars (bien qu'ayant eu ma période) et avant de recevoir "Des visages et des morts" j'avais plus ou moins vidé les rayons de ma bibliothèque de ce tout ce qui attrait au genre en question, un peu lassée il faut bien le dire de retrouver des redondances propres à un genre très saturé, visité et archi visité. La plupart des romans policiers n'ont d'autre vocation que de faire vibrer le lecteur au gré des pérégrinations d'une enquête menée par des flics charismatiques et rusés, et ne proposent guère de réflexion idéologique sur le monde et d'ouverture philosophique. En gros c'est du divertissement et ça s'arrête là. Mais, vous me direz, pourquoi pas après tout ?


Et c'est vrai. C'est avec une certaine curiosité que j'ai entamé la lecture du premier livre de Koudéro, bien décidée à me laisser surprendre par un auteur peut-être d'un genre nouveau dans le domaine du polar.


Première déception, "Des visages et des morts" rentre exactement dans la catégorie décrite plus haut : n'apportant que peu de nouveauté, on retrouve tout au long de l'ouvrage des concepts qui, par le passé, ont eu leur heure de gloire, mais dont d'autres auteurs (et ils sont nombreux) ont déjà fait le tour maintes et maintes fois. Pour faire simple, c'est du réchauffé.


bref idéologiquement on est à fond dans les années 90, c'était très innovant à l'époque, mais malheureusement, on est en 2018 et je pense qu'il faut changer de disque.


Autre déception : dès le premier meurtre, on bascule dans le "sensationnel". C'est peut-être ce que je reproche le plus aux auteurs contemporains de policiers, façon Chattam: pour plaire, pour attirer l'attention du lecteur, il faut en faire des caisses. Alors le meurtre devient tape-à-l'oeil et fait l'objet d'une surenchère indigeste d'un ouvrage à l'autre. le succès est à qui décrira le meurtre le plus sanguinaire et le meurtrier le plus désaxé qui puisse exister. Quel ennui.... Néanmoins je nuance mon propos, je soupçonne l'auteur d'avoir voulu taper très fort dans la catégorie tape-à-l'oeil pour accrocher le lecteur dans un premier temps, puisque très vite, le travail d'enquête prend le dessus sur l'atrocité des crimes, et heureusement on ne bascule pas dans du profiling à l'américaine.
En cela, après un moment de flottement, je me suis laissée séduire par ce travail d'enquête à la française, un peu vieille école, où le médecin légiste apparaît en toile de fond tel un figurant parmi d'autres, sans monopoliser le devant de la scène. La relation entre les enquêteurs franco-belge, la collaboration entre les différentes branches de la police judiciaire est très plaisante. J'ai un peu moins aimé la description du moi profond du capitaine Esposito, féministe à gogo sombrant un peu dans le cliché, jusqu'à perdre sa lucidité de flic.


Dans l'ensemble, sauf à la fin, le livre est calme, l'enquête suit son cours, d'un élément à un autre, sans pour autant nous faire bondir dans tous les sens, harassé par un suspense insoutenable. Mais loin de moi l'idée d'en faire à Koudéro le reproche. Au contraire, c'est agréable, avec ce livre on quitte la scène du polar dominée par l'action à l'américaine pour un style plus européen, plus tranquille et plus réaliste.





En dehors de ça, l'ouvrage se lit bien. Koudéro est efficace. Bémol cependant sur la manière dont le suspense est amené, du genre " ce fut le coup de tonnerre". Inutile de nous le dire, on le sent que le moment est grave. Cette maladresse est assez présente tout au long de l'ouvrage, un peu comme si l'auteur avait peur que le sens ou l'ambiance échappe au lecteur, et que les dialogues échouent dans leur puissance évocatrice. Il faut faire plus confiance au lecteur qui a de l'imagination à revendre. On sait lire entre les lignes et c'est tout l'intérêt de la rencontre entre un lecteur et un livre ... tout ne peut pas être maîtrisé, il faut laisser une part à l'imaginaire.

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