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Critique de LaBiblidOnee


Je ne pouvais qu'accrocher à ce livre dès les premières lignes, j'ai bien dit lignes et non phrases vous noterez, ce détail a son importance vous allez comprendre pourquoi, dès les premières lignes, donc, puisque de phrases il y en a peu, et que la première fait très exactement six pages - six pages ? s'étouffe Chou dans son café matinal, mais comment as-tu fais pour reprendre ton souffle Onee-chérie, toi qui lisais ça avec la plus grosse crève que tu aies eu depuis des années, six pages, comment as-tu respiré, toi que j'entends te moucher, souffler et aspirer difficilement par la bouche quelques bribes d'air coloré de romarin, que diffuse ce bol d'eau chaude que tu laisses en permanence auprès de toi pour maintenir un taux d'humidité acceptable pour tes narines asséchées, oui six pages mon amour mais ça se lit si bien, ça coule si facilement qu'on ne se voit pas tourner les pages, vois-tu, pour la simple et bonne raison que nous voulons arriver à la fin de cette sentence pour avoir enfin le fin mot du message qu'elle met tant de volonté et de virtuosité à nous délivrer, et puis en une phrase, tu sais, il se passe beaucoup de choses car en une phrase, l'auteur donne la parole à plusieurs personnes qui nous relatent plusieurs faits et, surtout, en une seule phrase l'auteur nous fait voyeur et nous fait entendre les pensées les plus intimes, les plus obscures voire les moins avouables de chaque personne présente dans la pièce et qui font un échos, parfois dissonant et c'est tout l'intérêt, à leur discours oral et public puis, parfois, l'auteur se décide à nous abandonner un point en pâture, là, comme ça, il change de paragraphe dans la foulée mais, tout accaparés que nous sommes par les pensées du personnage précédent, nous ne nous en rendons même pas toujours compte et nous poursuivons, sans nous arrêter, la course folle des pensées d'une autre personne, et nous nous en apercevons à un détail, un mot, une expression déjà utilisée auparavant ou le contexte qui a changé, et nous raccrochons les wagons sans plus d'effort, presque sans y penser tant nous sommes nous-mêmes devenus ce flux de pensées ininterrompues délivré par l'auteur, oui, délivré, comme s'il avait ouvert la cage des pensées des personnages de toute cette ville hongroise et que celles-ci nous parvenaient toutes pêle-mêle, les unes après les autres, les unes avec les autres, les unes mélangées, que dis-je, intriquées aux autres car, après tout, c'est bien leur somme qui constitue ce personnage à part entière qu'est cette ville - ne dit-on pas d'ailleurs qu'une ville se compte en âmes ? Eh bien ici elles ouvrent les vannes jusqu'à faire bouillonner votre cerveau, bouillonner ces êtres qui ensemble s'échauffent et s'écharpent dans un contexte économique tellement peu favorable que, crois-moi ou pas Chou, tous les habitants de cette ville misent leur avenir sur l'arrivée du fameux Baron WENKHEIM éponyme alors que, devine quoi, je te le demande devine un peu, s'il revient au bercail après tant d'années passées en Argentine c'est, selon la rumeur, la queue entre les jambes et sans le sou du fait de son addiction aux jeux mais ça, Chou, ce n'est pas un spoil alors pourquoi les gens semblent tant croire qu'ils va redresser la situation de la ville, ça, ça reste un mystère d'autant que, si tu veux mon avis, leur baron l'est pas fin-fin l'amigo mais bon, pas de jugement toussa-toussa alors je ne dis rien, je laisse le public juger par lui-même car, tu verras, le public n'est pas ce qui va manquer dans cette funeste farce, alors donc tu me le conseilles, ose timidement un Chou quelque peu déprimé à l'idée de devoir se coltiner 500 pages sans pouvoir souffler alors que, ce genre d'écriture, c'est précisément ce qui le fait souffler tout son saoul habituellement et puis d'ailleurs, la Onee elle est bien mignonne mais elle ne lui a pas encore dit ce que ça racontait tout ça finalement, qui sait si je ne vais pas me retrouver à devoir lire 500 pages d'un livre qui ne raconte que l'arrivée tant attendue du baron, eh bien oui, lui avoua-t-elle après qu'il ait eu l'impudence d'exprimer ses craintes à haute voix : oui mon amour, tu m'as bien vue venir avec mon étoile en moins tombée du ciel babéliote qui en comporte normalement 5, oui l'histoire en elle-même tient toute entière dans l'attente, par chaque personnage, de cette arrivée qu'ils veulent tous providentielle puis, et là un espoir s'immisce dans les yeux du mari pour s'éteindre aussitôt après, à la moitié du roman, lorsque le baron arrive enfin, l'histoire ne tient plus qu'à la réaction de toute la ville face à la déception qui l'attend mais, et Onee se dépêche de glisser ce « mais » avant que Chou n'oppose un véto ferme et définitif à cette lecture, si tu ne lis pas ce livre en exigeant de lui ce qu'il ne peut pas t'offrir, c'est à dire une action foisonnante avec les réponses à toutes les questions qu'il t'a minutieusement posées depuis le début, alors seulement tu seras en mesure de profiter pleinement de son rythme, lent mais actif, long mais truculent, et sa fin romanesque mais symbolique, car sous ses airs d'exercice de style le Baron Wenkheim cristalise tous les ingrédients de la satire sociale qui lave ses dessous de table pas très propres en public, oui, et tu crois que tu vas convaincre tes babelpotes avec une critique pareil ma Chérie ? lui demandais-je un peu dépité de savoir qu'elle allait me la faire relire avant de vous la présenter et que, sauf à croire au miracle, j'allais très certainement devoir faire face à ce que l'une d'entre vous appelle une "chronique miroir" et donc, certainement, une critique sans point… Alors, comme si vous la lisez c'est que je l'aurais validée, soyez sympa ne jetez pas le mot « tomate » en MP sur ma page Chou_dOnee, oh mon Dieu ça y est elle m'amène l'ordinateur et je vois, oh non, pas un ou deux mais mille mots brûler en même temps de se faire lire, comme ça, sans point, sans ordre, non pas l'un après l'autre bien ordonnés mais tous en même temps, pêle-même et à la suite et, rien qu'à voir cette page, mon cerveau prend feu… c'est l'enfer !!! Onee m'a tuer et son prince charmant va redevenir... crapaud ;-)
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Matériel utilisé et disparu pour faire cette critique - entre autres :
- énergie,
- temps,
- Chou
- etc…
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Matériel utilisé et détruit par cette critique :
- cerveau de chou.
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