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Critique de 5Arabella


Un nouveau livre de Laszlo Krasznahorkai est toujours un événement pour moi, même si comme ici, il ne s'agit que d'une longue nouvelle d'une soixantaine de pages.

Une soixantaine de pages dans lesquelles se déploie une seule phrase, dans des volutes, des digressions, un rythme ample, un souffle puissant. le narrateur, un professeur de philosophie déclassé, qui végète et survit de petits travaux alimentaires, raconte à un barman hongrois, dans un bar minable, dans un quartier en déliquescence, un voyage en Espagne, en Estrémadure. Vrai voyage ? Voyage fantasmé ? En partie vrai ? En partie inventé ? Mais où mettre la frontière entre le réel et l'imaginaire, et lequel est le plus tangible ?

Invité par un organisme pour écrire quelque chose au sujet d'une région en pleine mutation, sans doute pour en donner une image positive, l'ex-professeur, l'ex-philosophe, qui n'écrit plus, n'enseigne plus, ne fait rien d'autres que traîner, ne comprend pas la raison de cette invitation qui lui est faite. Elle lui semble très mystérieuse, due à une erreur, comme une sorte d'ironie du destin. Il se décide quand même à faire le voyage, même s'il sait qu'il sera incapable d'écrire quoi que ce soit, les mots et les idées l'ayant en quelque sorte quittés définitivement. Il visite un peu au hasard, sur des impulsions des lieux, amené par un chauffeur, accompagné par une traductrice. Un article l'amène à enquêter sur la mort du dernier loup dans cette région : l'histoire va se révéler plus complexe qu'il ne semblait, avoir des ramifications, des épisodes, une charge émotionnelle, et des interrogations qui vont bien plus loin que le destin de l'animal.

Laszlo Krasznahorkai est un magicien, du verbe et du récit, qui tient son lecteur en haleine, et le laisse au final avec plus de questions que de réponses. Ce qui permet de continuer longtemps, une fois la dernière page lue, à imaginer et à voyager à l'intérieur du livre.
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