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Citations sur Le dernier loup (9)

[...] il ressentit la même angoisse que là-bas, et fut horrifié de constater que cette angoisse était de toute évidence plus forte que le vide dans lequel il connaissait le calme et le repos, dit-il en élevant la voix, une angoisse qui l'avait saisi lorsqu'il était assis dans la jeep, juste après avoir entendu l'histoire de José Miguel, mais surtout sur le chemin du retour vers Albuquerque, lorsque, alors que le jour commençait à décliner, José Miguel avait raconté que le jeune mâle avait disparu, d'après les traces de l'animal, on avait supposé qu'il s'était enfui vers la frontière portugaise, et il avait eu beau espérer, espérer de tout son coeur, dit-il en contemplant le désert de la Hauptstrasse, que l'histoire de José Miguel s'arrêterait là [...]
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(…) Ils redoublaient de prudence, d’intelligence, de ruse, et de courage, mais ils ne partaient pas, et cela, personne ne le comprenait, tous ceux qui à l’époque avaient suivi cette histoire de loups s’attendaient à ce que ces deux animaux si intelligents quittent définitivement la région, mais non, ils étaient restés, car voyez-vous, lui dit le garde-chasse en faisant démarrer la jeep, ça se passe comme ça chez les loups, quand ils ont un territoire, ce territoire demeure le leur à jamais, même s’il ne couvre qu’une cinquantaine d’hectares ils ne peuvent pas le quitter, c’est la règle, un principe, qui guide leur pensées et détermine leur existence, si ces deux derniers loups n’ont pas bougé d’ici, c’est parce qu’ils ne pouvaient pas partir, ils avaient beau être conscients du danger permanent, abandonner leur territoire, dont ils ne cessaient de marquer les frontières, était tout simplement impensable, et puis, ajouta José Miguel, il était personnellement convaincu que la fierté jouait également un rôle important dans leurs lois, c’était donc probablement en partie par fierté qu’ils n’étaient pas partis, le loup est un animal très fier, très fier, dit-il en crachant quasiment chaque syllabe, après quoi il se tut, resta un long moment perdu dans ses pensées, et les autres le laissèrent à sa rêverie (….)
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...ou bien ils ignoraient que la personne qu'ils voulaient inviter n'existait plus, il y avait bien eu, dans le passé, un homme portant ce nom, se dit-il le soir en retournant la lettre car finalement il ne l'avait pas jetée, mails il n'y avait plus personne derrière ce nom, et plus de "professeur" précédant ledit nom, si à une certaine époque ce titre figurait effectivement devant son nom, cela faisait belle lurette que ce genre de fadaise n'avait plus cours, il n'avait plus rien à voir avec cet homme d'autrefois, cet homme qui, ne sachant pas encore que la pensée était finie, écrivait des livres, des livres illisibles gorgés de phrases lourdement déficientes mues par une logique déprimante et une terminologie suffocante...
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...tout cela pour dire qu'il rit, mais seulement du bout des lèvres, à cause de cette vanité et ce mépris qui gangrenaient sa vie...
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[...] José Miguel se tourna vers lui, le regarda dans les yeux avec une profonde émotion, comme si cela venait de lui arriver, il faut dire qu'aujourd'hui encore il voyait la scène aussi nettement que si elle s'était déroulée la veille, la louve écrasée, éventrée, avec sa future portée, il la voyait encore aujourd'hui et il ne cesserait jamais de la voir, car il avait immédiatement compris que si la louve avait été écrasée, s'ils avaient réussi à l'écraser, c'était uniquement parce que son ventre était trop lourd, qu'à cause de cela elle n'avait pas pu traverser la route assez vite, n'avait pas pu éviter l'accident, et échappé aux intentions vraisemblablement meurtrières du conducteur de la voiture, et lorsqu'il avait compris cela, il était resté pétrifié, au beau milieu de la route, à côté de l'animal mort [...]
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...comment expliquer à ces braves gens si enthousiastes qu'il n'était désormais plus possible de penser, que la pensée avait perdu son sens de l'aventure, du défi qu'elle n'avait plus de profondeur, plus de hauteur, qu'elle se limitait désormais à exprimer des saletés primitives telles que DONNE MOI ÇA...
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Comment pourrait-il décrire ce qui lui a tellement pesé, comment pourrait-il expliquer combien il avait abandonné il y a longtemps l'idée de la pensée, le point où il a compris pour la première fois la manière dont les choses étaient et savait que toute sensation que nous avions de l'existence était simplement un rappel de la futilité incompréhensible de l'existence, une futilité qui se répéterait à l'infini jusqu'à la fin des temps et que non, ce n'était pas une question de chance et de son pouvoir extraordinaire, inépuisable, triomphant, invincible à donner naissance ou anéantir, mais plutôt le prétexte à un but démoniaque et sombre, quelque chose de profondément enfoui dans le cœur des choses, dans la texture des relations entre les choses, la puanteur dont le but remplissait chaque atome, que c'était une malédiction, une forme de damnation, que le monde était le produit du mépris, et que Dieu aidait la santé mentale de ceux qui s’appellent eux même penseurs
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Il se mit à rire, mais pas vraiment de bon cœur car son esprit était occupé par des questions du genre : quelle est la différence entre la vanité des choses et le mépris, et à quoi cela se rapporte-t-il, d’après lui, cela se rapportait clairement à un tout émanant de tout et de partout, or si quelque chose s’appliquait à tout et émanait de partout, il était difficile de déterminer ce tout et ce partout, tout cela pour dire qu’il rit, mais seulement du bout des lèvres, à cause de cette vanité et de ce mépris qui gangrenaient sa vie, il ne faisait rien, absolument rien de ses journées, traînait à droite à gauche, passait des heures assis au Sparschwein en compagnie d’une bouteille de Sternburger, et tout autour de lui était saturé de vanité et de mépris, parfois, il s’apaisait, parfois, il cessait d’y penser, et se contentait alors de regarder dans le vide, totalement hébété, ou bien passait de longues minutes à contempler une fissure ou une tache sur le plancher du bar, pour lui le plus simple était, sitôt levé, de se rendre au bistrot du coin, d’y commencer et d’y finir sa journée, pas pour s’enivrer, non, il n’en avait pas les moyens, plutôt par habitude, et comme un jour il avait, optant pour le moins cher, dit : « Sternburger, bitte », depuis on lui servait toujours cette boisson …
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[...] mais non, ils étaient restés, car voyez-vous, lui dit le garde-chasse en faisant démarrer la jeep, ça se passe comme ça chez les loups, quand ils ont un territoire, ce territoire demeure le leur à jamais, même s'il ne couvre qu'une cinquantaine d'hectares ils ne peuvent pas le quitter, c'est la règle, un principe, qui guide leurs pensées et détermine leur existence, si ces deux derniers loups n'ont pas bougé d'ici, c'est parce qu'ils ne pouvaient pas partir, ils avaient beau être conscients du danger permanent, abandonner leur territoire, dont ils ne cessaient de marquer les frontières, était tout simplement impensable, et puis, ajouté José Miguel, il était personnellement convaincu que la fierté jouait également un rôle important dans leurs lois, c'était donc probablement en partie par fierté qu'ils n'étaient pas partis, le loup est un animal très fier, très fier, dit-il en crachant quasiment chaque syllabe, après quoi il se tut, resta un long moment perdu dans ses pensées, et les autres le laissèrent à sa rêverie, car quelque chose dit-il au Hongrois qui, accoudé à son comptoir, commençait à piquer du nez à l'écoute de la voix monocorde du stammgast dans le bar désert [...]
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