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Critique de horline


J'étais loin de me douter que l'Arctique était matière à fiction, et pourtant, sous la plume de Monica Kristensen, cette vaste étendue de glace traversée par les vents et les ours polaires, se révèle être un formidable terreau pour la littérature. La promesse d'inconnu, la lumière aveuglante, le froid qui s'infiltre rapidement dans les vêtements si on n'y prend pas garde, le danger de la dérive des floes, et le sentiment que l'aide d'urgence n'arrivera probablement pas à temps si une mésaventure devait arriver suffisent à donner une tonalité inquiétante à n'importe quel type de récit se déroulant sur ce territoire hostile à l'homme.
Monica Kristensen l'a très bien compris puisqu'elle a imaginé une route inédite pour une expédition pour le Pôle Nord menée par quatre citadins d'Oslo depuis le point le plus septentrional de la Norvège_le Svalbard. Mais avec une écriture qui insiste sur tous les éléments qui concourent à renforcer la perception des manques, des troubles et des états fuyants de ses protagonistes, l'auteure norvégienne offre à ce périple encore moins de perspective rassurante. Les gps et instruments de mesure ne sont là que pour indiquer une tragédie.
Et la présence de deux narrateurs en observateurs avisés et attentifs dans un mouvement de balancier entre présent et passé fait apparaître une croûte purulente de failles, de dissimulations et de sombres desseins.

Roman d'aventures, polar, drame, la tension est bien au rendez-vous même si elle n'a pas le visage qu'on lui prête dans les récits à suspense plus académiques. Ici, Monica Kristensen parvient à retranscrire un univers sans concession avec une construction qui isole chacun des narrateurs afin de laisser germer des idées pernicieuses qui s'insinuent partout.
Mais l'idée la plus manifeste est certainement celle qui veut que sur un territoire où la nature peut réduire l'homme à néant, la menace la plus dangereuse ne vient pas forcément de l'extérieur, mais des recoins insoupçonnés de notre âme. le pire ennemi de l'homme demeure lui-même.
Roman captivant. L'exactitude des évocations donne une incroyable dimension à cette histoire, la qualité de glaciologue de l'auteure n'y est certainement pas étrangère.
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