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Critique de BASSANO


Sept Hiboux

Je trouve que la publication de 7 Hiboux dont je viens de terminer la lecture mérite beaucoup mieux que ce qui en a été dit le 10 octobre. J'ai en effet été enchanté par cet ouvrage et je trouve certains commentaires injustes et parfois pas très ouverts à la langue et à la culture hongroises.

J'avais lu plusieurs livres de Guyla Krudy mais je ne l'ai véritablement découvert qu'à travers la traduction récente de cet ouvrage qui montre au public français d'autres facettes de son talent. Il est vrai que tout en demeurant l'une des toutes premières références de la littérature hongroise, celui-ci n'en reste pas moins méconnu chez nous. La faute à qui ? J'en suis à me demander si notre monde littéraire, qui semble ne pas s'y retrouver aisément avec Krudy, ne fait pas barrage. Ne voudrait-on pas que Krudy vienne jouer sur notre terrain, copie nos grands auteurs, reprenne nos schémas et nos manies pour se faire accepter alors qu'il n'en a cure et devient agaçant par son obstination à être d'abord lui-même.

Pardonnez-moi mais je lis avec surprise que des notes de bas de page parfois traduites en hongrois -que j'ai trouvées utiles pour ma part, même si on pouvait tout autant les retrouver en fin d'ouvrage- font obstacle à une lecture confortable. Il est permis de tourner la page. Si on se réfère au foisonnement de cette formule dans les publications d'hier et d'aujourd'hui, il y a de quoi s'étonner. de même le maintien de noms ou prénoms hongrois non francisés- et avec accents- semble indisposer. Il est vrai que cela peut obliger à changer ses bésicles et que cela agace. L'usage de l'anglais aurait-il suscité de telles remarques ?

Krudy n'est pas Marai et comparaison n'est pas raison. Marai est d'abord un romancier, talentueux et occidentalisé dans l'approche intellectuelle et dans la narration, on songe parfois à Zweig, et son intégration dans la littérature et la culture française s'est réalisée sans heurt, à travers l'évocation de récits et de drames qui s'inscrivent sans peine dans notre univers. Et puis Marai est décédé en 1989, lorsque Krudy s'est éteint en 1933. L'oeuvre de l'un se termine – à un moment clé de l'Histoire- lorsque commence celle de l'autre.

S'ils ont pu se côtoyer un moment, ils n'ont pas vécu tout à fait la même époque et surtout n'ont pas utilisé les mêmes voies littéraires ni choisi les mêmes objets. Krudy se veut ici romancier, mais à sa façon, déconcertante, picaresque, agrégeant plus des moments qu'il ne laisse dérouler la trame. Poète avant tout, il déroute un peu, dans sa façon de dépeindre le monde littéraire de son époque qu'il prend par tous les bouts mêlant fiction et réalité, personnages authentiques et inventés pour peupler cette galerie romanesque qui lui importe autant que les aventures de ses héros. le récit n'est pas linéaire, et l'incertitude de la suite même si elle n'est pas déflorée ne constitue pas l'intérêt principal. Jugé à cette aune, Krudy risque d'être toujours perdant.

Mais si l'on veut bien plonger dans le monde qu'il nous dépeint et le suivre dans ses parcours sinueux, il faut admettre qu'il sait faire partager ses émotions et ses menus plaisirs fussent-ils d'autrefois. Forcément nostalgique d'une période qu'il juge parfois sévèrement- il n'est pas dupe- il ne peut cacher combien elle reste profondément gravée dans son coeur. 7 hiboux témoigne de cette période de fin de siècle, où tout vacille et menace mais où rien ne s'est encore joué.




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