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Critique de YANCOU


Il faut croire que la grande littérature se présente le plus souvent sous couverture sobre - de préférence blanche (la Blanche de Gallimard, qui n'est pas blanche, celle des éditions de Minuit, de chez POL, le jaune de Verdier, pour n'en citer que quelques-unes) - mais salissante ; c'est le cas avec ce nouveau livre de Thomas Kryzaniac. Après deux semaines à transporter Vivarium pour me permettre de terminer sa lecture au plus vite, ce livre est dans un état déplorable, taché, usé, couvert de traces dont je ne m'explique pas toujours l'origine ; mais c'est aussi le signe d'un livre aimé et parcouru avec un grand intérêt.

Sans dévoiler l'histoire, on pourra signaler sa haute qualité littéraire, son inquiétante étrangeté, son goût pour le fantastique (on pense parfois au Portrait de Dorian Gray d'Oscar Wilde), et une touche surréaliste. D'ailleurs, il arrive que les lectures évoquent des musiques (pour le coup c'était surtout Personal Monster des Legendary Pink Dots) ou des peintures ; Vivarium m'a immédiatement plongé dans l'atmosphère de la Forêt de Max Ernst, où les troncs forment un mystérieux barrage, un angoissant mirage, comme une hallucinante et instable construction. Et c'est bien là l'effet que produit la lecture de Vivarium : on glisse sans cesse dans la forêt des âmes, dans une nature toute dissonante et angoissante. Il y a un malaise constant à suivre ce jeune journaliste en mal d'histoires, cet écrivain misanthrope, et sa jeune compagne dont le rôle est souvent changeant ; mais il y a aussi une fascination à suivre leurs comportements sur une île où tout semble s'inverser : ce n'est plus l'homme qui regarde la nature, mais la nature qui regarde l'homme, et elle le pétrifie, telle Méduse.

Exigeant que le lecteur sorte du confort de son fauteuil pour s'engager dans l'inconnu, Vivarium est l'un des grands romans de cette rentrée littéraire 2015.
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