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Critique de Nastasia-B


Ce livre m'a laissé une sensation de malaise. Non pas que je le juge mauvais, bien au contraire, mais vraisemblablement parce qu'il a su fouiller, au fond de moi, ce qu'il y avait de plus nostalgique, aller voir du côté de mes plus sombres parts d'ombre que j'imaginais ensevelies, oubliées, inexhumables (excusez ce néologisme de peu de goût).

Les protagonistes du roman tournent tous autour du destin de Ludvik, dont l'étoile cessera de briller au parti communiste suite à une plaisanterie qui, pour n'être pas très drôle, n'a pas fait rire les autorités tchécoslovaques des années fin 1940, début 1950.

Tout son parcours s'en retrouve bouleversé, mais aussi, et surtout toute sa vision de la vie. Sa route croise ou s'éloigne à jamais de personnes plus ou moins brisées comme lui et, l'auteur nous fait vivre (comme plus tard dans L'Insoutenable Légèreté de L'Être) les mêmes scènes depuis le point de vue propre de chaque protagoniste.

On y côtoie les envies et les attentes (souvent déçues) de chacun et nous comprenons pourquoi il règne une telle incompréhension dans les rapports qui unissent ces protagonistes. Nul n'est bon ni mauvais, mais en suivant sa logique propre, chacun blesse l'autre à son insu.

L'auteur développe une très intéressante réflexion sur la vision rétrospective de ses personnages qui se jugent eux-même une quinzaine d'années après les tournants de leurs vies respectives, qui, à l'instar des héros de la Guerre Et La Paix de Tolstoï, savent pardonner, comprendre, excuser ou oublier des événements qui leur ont porté préjudice ou bien, au contraire, qui n'arrivent pas à tirer de trait et ne savent qu'attendre une vengeance ou une réparation pour ce qu'ils ont vécu d'atroce.

L'oeuvre, dans son ensemble, (et c'est probablement ce qui m'a le plus remuée) est une sacrée claque donnée aux idéaux de la jeunesse, une mise en garde aussi sur ce que l'on peut faire ou penser tandis qu'on est encore un être inexpérimenté où l'on se leurre continuellement.

Car, pour Kundera, ce qui est commis sera (au mieux) oublié et non réparé, quelles qu'en soient les conséquences désastreuses pour autrui, aussi est-il important de prendre du recul sur soi-même, particulièrement en ses jeunes années.

Un livre donc, éminemment nostalgique, qui taraude, et qu'il ne convient probablement pas de lire trop jeune, mais ce n'est là que mon avis de semi-vieille, qui navigue entre deux âges, avec ses lambeaux de jeunesse accrochés aux affres de la vieillesse, autant dire, pas grand-chose.
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