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Critique de Nastasia-B


Eugène Labiche est un bon gros bourgeois, qui n'a jamais véritablement eu besoin de sa plume pour vivre, ce qui lui permit de s'amuser à écrire. Peut-être sans le savoir, il est à l'origine d'un mouvement et d'un renouveau de la comédie, dite comédie bourgeoise ou vaudeville.

Actif avant le milieu du XIXème siècle, il connaît ses principaux succès au début de la seconde moitié de ce siècle et représente la forme primitive d'un théâtre qui connaîtra son apogée avec Georges Feydeau et qui s'éteindra peu ou prou avec Sacha Guitry. Aux côtés de Feydeau, on peut aussi mentionner Georges Courteline, mais avec un côté plus mordant qui dérive un peu par rapport à la comédie bourgeoise bon enfant qu'initie Labiche.

Le Voyage de Monsieur Perrichon est chronologiquement le deuxième gros succès de l'auteur après le Chapeau de Paille D'Italie, neuf ans plus tôt. C'est une comédie en quatre actes, dont la valeur m'apparaît assez inégale.

On commence par un premier acte mou, convenu et gentillet, sans grand intérêt, puis, doucement mais sûrement, le second acte devient plaisant et drôle, très distrayant. le troisième acte tient lui aussi toutes ses promesses avant que le quatrième nous replonge dans la mollesse plan-plan du début et nous laisse un goût mitigé.

Vous avez compris que s'il n'y avait eu que les actes II et III, j'aurais apporté tout mon suffrage à cette comédie, vaudeville typique, où l'on sent que Feydeau puisera beaucoup de son style et de son inspiration théâtrale.

Nous suivons donc un certain M. Perrichon, bourgeois ayant bâtit une rondelette fortune en tant que carrossier. Avec sa grosse épouse et sa charmante fille Henriette, il s'apprête à partir en voyage à l'étranger en Suisse et en Savoie (n'oublions pas que la Savoie n'est devenue définitivement française qu'en 1860, date de la sortie de la pièce, les vacances dans les Alpes étant alors un sujet brûlant d'actualité).

Cependant, dès la gare parisienne, deux larrons, Armand et Daniel, bourgeois héritiers de bonne famille ont lorgné la petite Henriette et se sont, l'un comme l'autre, promis d'enlever la main de la petite bourgeoise.

Ce faisant, c'est un savant concours de séduction où il faut autant plaire à la promise qu'à sa mère et, surtout, qu'à son père, le veule, hypocrite et orgueilleux petit grand Monsieur Perrichon.

Eugène Labiche de se prive pas pour étriller la bourgeoisie, sur son manque de courage, son inculture, sa fatuité et encore bien d'autres qualités de ce genre. Mais c'est toujours très bon enfant, très paternaliste, très bien pensant. Bref, l'archétype de " la comédie à papa ".

Une forme qui connaîtra son heure de gloire un siècle plus tard au cinéma avec Fernandel et qui de nos jours encore sévit au cinéma périodiquement. Ce n'est pas désagréable, ça se mange sans pain, il y a parfois quelques traits bien sentis, mais ça ne s'envole jamais trop, trop haut. Ceci n'est d'ailleurs pas bien grave, c'est du divertissement et c'est une comédie sans prétention.

Personnellement, j'aime mieux un bon Feydeau, je trouve ça plus fin, plus subtil, mieux écrit par moments, plus délicieusement ambigu et gaillard mais ceci n'engage que moi et ne perdez jamais de vue que ceci n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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