AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4

sur 42 notes
5
6 avis
4
6 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
0 avis
En 1889, ils ne sont qu'une vingtaine de soldats allemands à débarquer en Namibie, avec pour mission de développer une colonie. Ce qu'ils ignorent c'est qu'ils vont devoir tuer, et qu'ils vont le faire sans se poser de questions ou presque, parce que ce sont des soldats qui obéissent. D'autres suivront afin de poursuivre l'asservissement de la population indigène avec toujours plus de violence et de cruauté - il faut faire de la place pour les colons, et l'homme noir considéré comme un animal est traité comme tel.

Avec ce sujet difficile, Niels Labuzan a réussi un remarquable roman historique qui est aussi un roman sur la mémoire et l'oubli. Lire Cartographie de l'oubli c'est ne pas oublier qu'en Namibie des hommes ont perpétré un génocide. Le pire d'entre eux étant probablement le général Lothar von Trotha qui décida, purement et simplement, l'éradication d'un peuple - tous les Hereros devaient quitter le pays, leur pays, ou mourir. Un peu plus tard, Guillaume Il décidera qu'il est plus utile de les réduire à l'état d'esclaves dans des camps de concentration.

Un ordre d'extermination et un ordre d'asservissement qui, quarante ans après, seront les mêmes pour des Blancs en Europe, sous prétexte qu'ils sont Juifs, tziganes, handicapés mentaux ou homosexuels. Une sorte de continuité historique du génocide entre la colonisation du Sud-Ouest africain et le IIIe Reich.
Commenter  J’apprécie          597
Namibie ou le génocide oublié du II Reich.

La Grande Histoire est plus aisément racontée quand on y introduit les destins des hommes qui l'ont faite, la subissant ou y participant. Mêlant ici personnages réels et fictifs, Niels Labuzan construit un roman historique passionnant sur un crime à grande échelle au début du XXème siècle.

Par des allers et retours temporels, le roman s'attache à reconstituer la conquête du territoire en 1890, par le quotidien de quelques militaires: vie rude, disciplinée et solitaire du soldat, conflits armés avec les tribus, ségrégation et regroupements des populations (déjà...bien qu'on parle alors de "réserves").
La vie des civils de la colonie atteste de l'extrême condescendance de la société allemande envers un peuple de "sous-hommes", la rigueur et la suffisance d'un Empire germanique qui ouvre la voie aux atrocités du siècle à venir.

Le chaudron est en ébullition!
Les révoltes des Hereros et Namas seront enrayées par un génocide à grande échelle et des camps de concentrations. C'est à cette commémoration en 2004 que participe un descendant métis en recherche de ses propres racines namibienne et allemande.

Je ne connaissais pas l'empire colonial allemand, concrétisation de la volonté d'expansion d'un empereur mégalomane, désirant rivaliser avec les autres puissances européennes du moment par des conquêtes sur le sol africain. Voici un livre à la fois attachant et instructif, ouvrant à la compréhension des mentalités de l'époque coloniale accompagnées de théories raciales effrayantes. Une belle réflexion sur l'éveil à la conscience de la légitimité des peuples indigènes sur leur propre sol.

Je recommande vivement.

Belle image de la 4ème de couverture: "L'un pense écrire l'Histoire, l'autre la questionne."'
Commenter  J’apprécie          394
Un roman qui ne laisse pas indifférent, qui prend aux tripes, qui retourne le coeur et l'âme.
Un récit sur la mémoire d'une nation, d'un peuple, mais également un récit rempli de violence et de cruauté.
L'auteur a de bonnes connaissances historiques, chacun de ses mots servent l'histoire.
On apprend, on se rend compte que bien avant Hitler, les allemands avaient cette supériorité, étaient à la conquête d'une race pure.
J'ai plus d'une fois eu honte de l'homme et de ses agissements.
Un livre poignant, difficile mais il est important de le lire, pour que jamais l'on oublie ce génocide.
Commenter  J’apprécie          140
Un grand roman d'aventures, d'aventure personnelle, d'histoire et d'histoire humaine. Niels Labuzan évoque ou crée des personnages à travers les siècles, puisqu'il a le bon goût d'impliquer le passé dans le présent et s'investit totalement dans chacun des héros ou anti-héros au point de nous faire pénétrer dans leur esprit. A lire sans modération, à toute heure du jour ou de la nuit et dans n'importe quel endroit. La dernière page refermée on a le sentiment d'être, peut-être, un peu plus intelligent (e).
Commenter  J’apprécie          140
Ce moment de l'histoire m'était totalement inconnu. Un génocide perpétré par l'Allemagne, et considéré comme le premier génocide du XXè siècle. Ils ont menti, manipulé, et tué presque tous les Héréros et les Namas, peuples autochtones des territoires colonisés. le roman se passe en Afrique du Sud-ouest entre 1890 et 1906. On assiste à ce terrible moment de cruauté et de racisme, par le biais du soldat allemand Jakob Ackermann, un homme qui malgré ses opinions répond toujours aux ordres de ses supérieurs; et celui, en 2004, d'un métisse namibien à une cérémonie commémorative des massacres passés, qui veut en savoir plus sur ses origines.

Un roman dur, mais très éclairant sur la philosophie des conquérants. C'est réellement terrible ce que les autochtones de divers pays ont subi, et ça au nom de l'expansion territoriale et économique, de la modernité. Un roman essentiel.
Commenter  J’apprécie          120
Cartographie de l'oubli est un premier roman touchant à une thématique controversée et contemporaine : celle de l'oubli, l'oubli des massacres et des génocides tabous...

Entre deux époques, entre le XIXème siècle et le XXIème siècle, Niels Labuzan nous livre deux récits, deux histoires extrêmement bien ficelées avec pour chacune un style et un rythme très différents. Je suis passionnée par L Histoire, par le passé et surtout sur les périodes que l'on cherche à cacher, à effacer de nos mémoires. La question de la reconnaissance d'un génocide est au coeur de tous les débats actuellement. Ici il est question de ce qui est considéré comme le premier du siècle dernier. L'auteur nous amène en Afrique, en Namibie plus exactement...

Dans chaque histoire, dans chaque être se cache une part de la grande Histoire, l'ensemble de nos vies, de nos témoignages forge le conglomérat de notre passé. Ainsi le récit nous est conté du point de vue de Jakob, un jeune soldat allemand débarquant dans une colonie. Un homme naïf, obéissant, ne remettant pas en cause les ordres et dont la première mission se terminera dans un bain de sang... A côté de cet être vivant au XIXe, nous retrouvons un narrateur interne en 2004 qui va remettre en cause toutes ses certitudes inhérentes à l'Histoire de son peuple.

Deux chemins qui se croisent dans la roue du Temps, un acteur et un observateur du passé qui vont chacun devoir faire face à leur interrogations. J'ai trouvé que ce premier roman était réussi d'une part parce que l'écrivain ne va pas dans la facilité : son style est unique car il change selon l'époque, les ellipses temporelles engendrent du rythme pour l'un, les questionnements incessants à notre époque font revenir le calme. Il y a une véritable réflexion sur être dans L Histoire et réfléchir, enquêter sur L Histoire.

En définitive, un premier roman que j'ai beaucoup aimé et qui me change de mes lectures habituelles. J'ai hâte de lire le prochain livre de Niels Labuzan !
Lien : http://leatouchbook.blogspot..
Commenter  J’apprécie          120
« ça n'a pas commencé en 1933, c'est ce que je sais », comprend le narrateur, de père allemand et de mère namibienne. le jeune homme qui parle ainsi est arrivé sur les lieux le premier à Okahandja, pour la commémoration du centenaire, en présence de l'ambassadeur. « Tu, caché, enterré, il explose aux yeux de tous ». Quoi ? le génocide, enfin reconnu, de la population Herero. Et c'est ce qui intéresse notre narrateur, sur les traces de son passé de métis, de ses racines namibiennes. Qui était sa grand-mère, avec laquelle le métissage commence ?

Nous plongeons alors en 1889, date de l'arrivée de Jackob Ackermann dans un petit port de l'Afrique du Sud-Ouest. Jackob, soldat allemand, l'un des pionniers chargé d'assurer la sécurité de l'empire. Jackob est le fil conducteur, celui par les yeux duquel nous allons voir évoluer l'occupation allemande sur ses terres africaines. Colonie de peuplement, contrat avec les ethnies, rapport de force, violence. le ton se durcit, les rapports sont de plus en plus inégaux jusqu'à se mettent en place la première politique raciale de l'Allemagne,…..en Namibie…en 1904-1905. Oui, c'est vrai, « ça n'a pas commencé en 1933 ».
Tout ce qui est alors mis en place par l'Allemagne éclaire d'un jour nouveau ce qui s'est passé après l'arrivée d'Hitler au pouvoir. Lois raciales, camps de prisonniers, travail forcé, extermination…Tout était neuf sous les tropiques, et se reproduira trente ans plus tard.

Mais ce n'est pas un essai, ni un livre d'histoire. C'est bien un roman, avec une double trame narrative, l'une suivant le personnage contemporain en 2004, l'autre suivant Ackermann le temps de son séjour en Afrique du sud-ouest, sur une trentaine d'années. Et c'est la fiction qui éclaire l'histoire et qui donne la force à ce roman. C'est donc un roman éclairant sur un aspect terrifiant de l’histoire que j’ignorais totalement.
Commenter  J’apprécie          110
Que sait-on de l'action des Allemands en Afrique ? Et plus particulièrement dans le Sud-ouest africain, région sur laquelle l'Empire allemand avait réussir à établir son protectorat dans les années 80 du XIXe siècle ? Peu de choses, à vrai dire, et le roman de Niels Labuzan vient à point combler cette lacune et répondre à nos interrogations légitimes,
En 1889, un groupe de soldats allemands débarquent dans le Sud-ouest africain .Jacob Ackermann en fait partie, il est jeune, âgé de dix-neuf ans .C'est un lieutenant discipliné, patriote , qui pressent que sa vie sera bien plus utile, bien plus passionnante ici qu'en Allemagne .Au milieu de ce décor, de ces déserts, ces étendues infinies, tout lui semble possible .En 2004, un jeune Namibien, métis d'Allemands et d'Africain, assiste à une cérémonie commémorant le massacre des Hereros, une tribu composant autrefois la population du Sud-ouest africain .Les deux personnages vont dialoguer durant tout le roman, à plus d'un siècle de distance.
Dès le débarquement, Jacob pressent que les missions civilisatrices qui justifient cette présence des Européens sont en réalité grosses de menaces, porteuses des pires crimes : « Pavlov avait dit vrai .C'est un combat qui avait débuté .Le Sud-ouest africain leur apparut soudain comme un endroit terrible. Cette terre allait être le théâtre d'atrocités. »

Pourtant , cette intuition tarde à être confirmer, mais elle se précise , inexorablement .Jacob, qui est tombé amoureux d'une certaine Brunhilde, songe à quitter la vie militaire pour la rejoindre un jour mais sans savoir comment .Il est au contact de Leutwein, qui pense pouvoir se ménager les faveurs des indigènes par des accords, des traités de protection .Jacob entre aussi en contact avec von Trotha, un officier qui lui fait très clairement comprendre que le but réel du Reich ( le deuxième) est bien d'éliminer les indigènes .Le sommet de l'horreur est atteint lors de la rencontre du Dr Fischer, fervent adepte de l'eugénisme et adhérent à la théorie de l'inégalité des races humaines . de son côté, le jeune métis des années 2000 s'interroge sur l'ale tat moral et psychologique de ces hommes qui ont permis cela, ou l'ont provoqué sciemment .Ses origines allemandes-on apprend qu'il est apparenté à l'officier Pavlov- le perturbent, au point de s'en distancer sensiblement .Mais la question est posée par Niels Labuzan et elle est effrayante : cette colonisation du Sud-ouest africain, marquée par des massacres, qui correspondent aux critères du génocide, par la création de camps de concentration destinés aux indigènes, guidée par une idéologie de la supériorité de l'homme occidental sur les « sauvages et primitifs » ne renvoient-elle pas à un autre Reich : celui des nazis ?
Les personnages s'interrogent sur ce que l'on leur fait faire, ils doutent parfois, comme Jacob Ackermann, ou sont certains de la justesse de leur cause, comme von Trotha .Le jeune métis, se définit comme « un européen d'adoption », comme pour exorciser ses interrogations sur son ascendance .Ce roman, premier de l'auteur, aura le mérite d'évoquer cette question des sources du nazisme, et du XXe siècle : a-t-il commencé en Afrique au siècle précédent ?
Le récit est bien mené, il maintient l'intérêt du lecteur au cours d ces cinq cents pages, Un bémol toutefois : l'utilisation d'un vocabulaire crû et argotique dans certaine répliques, là où un emploi lexical plus soutenu aurait été plus adéquat.
Commenter  J’apprécie          40
Magnifique livre ! Un véritable coup de coeur, coup de poing aussi.
Sous une forme romancée, c'est en fait la véritable histoire d'un génocide qui se déroule, comme en préambule aux autres génocides du XXe siècle (Arménie, holocauste). Mais alors que ces génocides-là, on s'en rappelle, qui a déjà entendu parler du massacre systématique des Héréros et autres Namas, ces peuplades africaines victimes de la barbarie et du sadisme ?
Tout au long de la lecture, je suis allée lire sur Internet les biographies de von François, Leutwein, von Trotha et autres Goehring... J'ai appris, beaucoup, maintenant je ne peux plus dire que je ne savais pas: "Ça n'a pas commencé en 1933, c'est ce que je sais."
Commenter  J’apprécie          40
Jakob Ackermann, jeune soldat allemand, n'a pas 20 ans quand il est envoyé dans une des colonies du Reich. Dans les années 1880, le Sud-Ouest africain (futur Namibie) est peuplé de quelques tribus hereros éparpillées, qui n'ont pratiquement jamais vu d'homme blanc, et encore moins de soldats … Les premiers contacts sont cordiaux, mais très vite les ordres du Reich tombent : le pays lui appartient, les Hereros doivent se soumettre ou mourir. A chaque nouvel officier qui prend la tête du régiment, les massacres se multiplient … jusqu'à l'ordre final.

En 2004, un des descendants des premiers soldats allemands, métis par sa mère, assiste à la commémoration du massacre des Hereros par les Allemands, le mot de « génocide » se chuchote, révélant ainsi un siècle de déni.

J'ai été très vite emportée par cette histoire sanglante, terrible, mais que l'on connaît peu, comme c'est souvent le cas pour des événements qui concernent d'autres pays. La période de la colonisation française a été ainsi amplement documentée, mais il est intéressant de sortir de nos frontières pour comprendre ce qui a pu se passer dans les autres colonies, où les autres pays européens n'ont pas à se glorifier davantage que nous …

Avant ce roman, je n'avais aucune idée de qui étaient les Hereros et j'ai été bouleversée par leur histoire, malheureusement l'histoire universelle des conquêtes et des brutalités militaires qu'elles impliquent. le roman nous propulse à une époque où la « race » blanche se sentait assez supérieure pour massacrer sans pitié ni remord, puisque les autres races ne comptaient pour rien …

L'alternance entre les premiers massacres et la cérémonie officielle de 2004, qui se déroule dans la tension, est efficace car elle permet d'atténuer la dureté du récit. Surtout, elle laisse entrevoir l'espoir que le pays puisse enfin vivre en paix avec son passé, même si une simple reconnaissance n'efface pas les crimes. le point de vue de Jakob, qui prend petit à petit ses racines dans ce pays si éloigné de la froideur allemande, a ceci d'intéressant qu'il n'est pas celui d'un soldat à part, qui aurait défendu les Hereros ou se serait finalement intégré dans le paysage : d'un bout à l'autre, c'est un bon soldat qui obéit aux ordres, même les pires, et qui ne fera pas mieux que les autres, incapable de s'extirper de ses préjugés et de ses contradictions.

« Il s'imagina les petits-bourgeois, après le déjeuner du dimanche, buvant un cognac de France et devisant sur la race humaine, leurs femmes coincées dans un corset, plaignant les soldats obligés de se confronter à ces » nègres « . Et leurs enfants, qui, dès leur plus jeune âge, entendaient ces théories, qui n'avaient rien vu de la vie mais qui savaient mépriser ce qui était différent. » Pourtant cette lucidité ne le fera pas agir … A l'inverse, la femme qu'il aime le mettra face à ses responsabilités, tentant jusqu'à la fin de lui enlever ses oeillères …

A petites touches, l'auteur rend aussi hommage aux hommes, guerriers hereros ou d'autres tribus, qui se sont opposés à la présence blanche, tel les chefs Witbooi ou Maharero, belles et grandes figures de la résistance, une résistance que l'on sait pourtant vaine quand elle oppose des lances à des fusils … Niels Labuzan nous révèle ainsi, sans rien nous épargner, le destin de cette terre lointaine en nous la rendant ainsi si proche, et se fait l'écho de toutes les atrocités perpétuées au nom de la civilisation.
Lien : https://missbouquinaix.com/2..
Commenter  J’apprécie          20



Autres livres de Niels Labuzan (1) Voir plus

Lecteurs (107) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3189 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}