Aïna l'Aventurière Fantastique, tome 2 : Retour aux sources

― Les Terriens ont inventé quelque chose d’incroyable, avec lequel tu peux tout savoir. Comme un Twit, mais version réservée au savoir terrien. C’est en partie grâce à ça que j’ai pu avoir les informations nécessaires pour m’adapter ici.
― Et c’est quoi ? Un manuel ?
― Internet !

J’avais réussi à me forcer à ne pas bouger, même si j’avais eu l’envie, par réflexe, de reculer. Je me sentais beaucoup moins supérieure maintenant qu’ils s’approchaient tous de moi. Le chef se retrouva de nouveau le visage à quelques centimètres du mien, mais cette fois j’étais obligée de lever la tête pour le regarder dans les yeux.
Mon cœur s’accéléra, la peur m’envahissant. Mais je n’en laissai rien paraître (enfin, j’espérais). Je le regardai intensément, comme si mes yeux avaient pu le transpercer, comme si j’avais pu ainsi voir le fond de son âme.
― Vous êtes à moi à présent.

― Mais pourquoi ils voudraient que tu aies le pouvoir absolu ?
― Parce qu’ils voulaient se l’approprier par moi. Et ils le croient sûrement encore. Ils doivent se demander comment me le voler. En même temps, ils avaient justement peur que je me l’approprie sans que je sois sous leur contrôle, et c’est ce qui fait qu’ils y croient encore plus !
― T’es folle !

Je me nomme Mane et je viens d’un horrible pays. Ma vie y était insupportable. Je ne rêvais que d’une chose : la changer. Je ne savais pas comment faire, mais j’étais sûre que c’était possible. J’espérais que c’était possible. Car vivre à Brace était horriblement dur. Tout le monde vivait comme des esclaves, travaillant dur pour… rien en échange. Cependant, même si tout le monde souffrait, personne n’envisageait jamais de vivre autrement. Comme si c’était tout simplement impossible. J’avais l’impression d’être la seule à y penser, à en rêver.

Lorsque la planète fut en vue, mon cœur faillit lâcher. C’était si étrange ! Jamais je n’avais pensé revenir un jour ici. C’était étrange mais… j’étais ravie ! J’étais plus attachée à ces terres et à leurs habitants que je n’avais voulu le croire.

― Le moment est venu pour nous d’accomplir notre mission, déclarai-je aux cent cinquante-sept personnes qui formaient l’équipage, plus les sept prisonniers, Liria et Drahcir. Cette mission nous a été confiée à Liria, Drahcir et moi. Mais c’est aussi la vôtre. Je ne sais pas ce qui nous attend. La guerre, je ne suis pas sûre de savoir ce que c’est. Ce que je sais, c’est qu’on a besoin de nous, et de vous aussi, car toute aide est pour eux la bienvenue. Je sais que vous n’avez pas forcément de raison d’aller vous battre. Vous ne connaissez pas ces gens. Mais vous pouvez quand même y aller, pour la fierté d’avoir aider des gens qui en avaient besoin. Mais pas seulement pour cette raison. Car nous n’allons pas seulement aider des gens, nous allons aussi nous battre… pour la liberté.

L’Impératrice remarqua que le mal était de plus en plus actif dans les dimensions. Pour répondre à cette menace, elle convoqua des hommes et des femmes et en fit des Manitous. Elle nous donna à chacun un grand pouvoir et quelques autres petits, en les puisant dans la magie élémentaire de la dimension Sairina. Elle nous envoya ensuite dans plusieurs dimensions avec pour mission de combattre le mal partout où il s’était infiltré. Et si l’un d’entre nous est confronté à un mal puissant ou qu’il a besoin du pouvoir de l’un des Manitous, il peut faire appel à lui par l’intermédiaire de l'Impératrice.

― Tu t’en rappelles quand on s’est fait kidnapper pas les Aard-geests ? me demanda à un moment Liria.
― Je ne risque pas de l’oublier ! Il faisait dix fois plus froid qu’ici, c’était moins beau, le chemin était plus raide et on marchait encore plus vite ! Là, on est obligées de marcher dans la montagne pour réussir notre mission, mais c’est trop génial ! Tu ne trouves pas ?
― Ouais. C’est moins bien que les batailles dans l’Espace, mais c’est pas mal quand même.

« […] C’est dingue la mémoire que t’as ! Comment tu faisais quand j’étais pas là ?
― Quand t’étais pas là, je n’avais pas à retenir des noms de lieux perdus au milieu de nulle part ! J’avais une vie tranquille.
― Trop ennuyeux ! »
(Liria et Aïna)

Je me demandai soudain ce que je faisais là. La Terre était devant moi. Depuis des mois, je rêvais d’y vivre. Mais maintenant que j’étais devant, j’avais peur. Les aventures dans l’Espace me semblaient moins effrayantes que d’essayer de trouver une existence sur Terre.