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Critique de lafilledepassage


Après « comment faire l'amour avec un nègre sans se fatiguer » (je l'écris, j'adore tellement ce titre), Dany Laferrière nous revient avec un deuxième roman, au titre – il faut bien l'avouer – beaucoup moins réussi …

Le livre aussi est moins bien réussi : ce n'est pas vraiment un roman, ni un journal, mais plutôt un collage de notes, anecdotes, hommages (dont un très bel hommage à Baldwin). On a l'impression qu'on a fait ce livre avec les chutes (chutes à prendre dans le sens des fibres textiles) d'autres ouvrages. Apprenti écrivain, ne jetez rien … On ne sait jamais !

Il est toujours question de couleur de peau (ah ces boites de nuit où les Afro-Américains se retrouvent, dans une ambiance torride aux rythmes entêtants. La sueur luisante sur la peau noire … tout cela me rappelle le très beau « Tram 83 », lu il y a déjà quelques années) et d'Amérique – ce pays qui ne tient aucune de ses promesses, et par là de racisme. Et l'auteur admet que sans ce racisme viscéral des Blancs américains pour les Noirs, sans ces lieux communs du racisme ordinaires, ces préjugés qui ont la peau dure, son premier roman n'aurait jamais été publié, n'aurait jamais été un succès (ma grand-mère dirait « à quelque chose malheur … »). Et moi, petite lectrice blanche vivant au milieu de gens de ma couleur, je me pose la question : sans cette piqure constante du racisme, Dany Laferrière aurait-il éprouvé le besoin d'écrire ? Qu'est-ce qui pousse un homme, une femme, à prendre la plume ?

Laferrière pose aussi d'autres questions : qu'est-ce le succès ? Qu'est-ce qu'un (bon) écrivain ? Qu'est-ce que la littérature aujourd'hui ? Y a-t-il place pour un discours différent, un discours qui n'enfonce pas les portes ouvertes ? Est-il possible d'écrire sans trahir ?
Mais les plus belles pages sont assurément celles où il parle de son ami Bouba et de leur amitié. Et j'aurais aimé en lire plus, de ces pages, pleines de tendresse et de délicatesse.

L'auteur reste fidèle à Lucien Montas qui, en 1972, alors directeur du quotidien haïtien « Nouvelliste », lui suggère de faire court dans un style simple.

Un bon moment, mais sans la fraicheur et la puissance de son premier roman.
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