C'est le premier pas dans l'immoralité qui est le plus difficile mais, une fois l'impulsion donnée, on ne peut plus reculer.
Quand j'ai fait les branchements initiaux, j'avais la gorge nouée et le dos trempé. Mais, petit á petit, cette peur s'est muée en frénésie et je ne pouvais plus m'arrêter. Quitte á pénétrer dans l'immortalité, autant le faire jusqu'au bout
Pourtant, il y a une autre issue. Car nous ne sommes pas seuls dans le wagon de notre vie. Certaines observent par la fenêtre, d'autre préférent fermer les yeux, et certains encore regardent autour d'eux, regardent les autres passagers, et parfois rencontrent leur regard. C'est dans le moment là que se situe la clé qui scintille comme une évidence. Ce dont on a besoin, après tout, ce n'est peut-être pas de descendre du train, mais de voir que certaines passagers s'ennuient autant que nous. Et cette clé nous permet de rester dans le wagon tout en vivant autre chose.
Rien n'a changé. Toute la vie, on attend que quelque chose se passe, mais rien n'arrive jamais. On meurt et rien ne survient après non plus. Jamais rien. J'espérais qu'en observant cette vie plutôt qu'en la vivant je parviendrais à en tirer un sens, quel qu'il soit. Ce que je vois m'attriste plus qu'autre chose.
Il se passe rien, parce que c'est au quotidien qu'on stérilise le monde, qu'on castre nos sentiments qu'on fait tout, en faite, pour ne pas vivre.
Ecrire est le l’acte le plus intime qu’il soit, c’est lui qui dévoile le processus de notre réflexion personnelle.
Depuis que je suis loin de toi, je suis comme loin de moi.
Après tout, c’est cela même, la vie, essayer souvent et échouer tout autant de fois.
Peut-être que ç’est ça, ma petit mort à moi : ouvrir les yeux bien grand sur le monde tel qu’il est, et m’en gaver jusqu’à l’overdose. Pas besoin de caméra ou de micro pour savoir ce qu’il se passe. En quatre lettres : rien.
Mais lire un journal, cela n'a pas de sens. Un journal ne vit que par l'écriture, toute lecture en est la destruction. Qui n'a jamais eu honte en relisant ses propres mots ? Surtout ceux emplis d'émotions ? Ils n'ont de sens que sur l'instant.
Et il me semblait que c'était cela, le bonheur:
pouvoir, pendant une courte éternité suspendre le temps, ne plus se soucier de rien, tout simplement laisser voguer son esprit au gré des notes.
Et, à nouveau, une case toute noire: "Toutefois, derrière la porte, le néant était toujours là."
À nouveau je peux me pencher sur ce qui nous intéresse : le néant.
J'aime ma fille, au point de revivre un peu.
Un journal ne vit que par l'écriture, toute lecture en est la destruction