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Critique de enjie77


J'ai eu la surprise, pendant la lecture de Mercy, Mary, Patty, de découvrir les premières intentions de Michel Berger en regardant une émission sur la genèse de STARMANIA qui rendait aussi un hommage à France Gall.
Le projet initial de Michel Berger s'intitulait Angelina Dumas. Il s'inspirait de l'enlèvement de Patricia Hearst et se voulait une réflexion sur le syndrome de Stockholm. Il a délaissé ce projet au profit de STARMANIA. Néanmoins, il conservera ce personnage pour Crystal qu'interprétera France Gall. Cette synchronicité entre l'émission et le livre m'est apparue comme un petit clin d'oeil nostalgique à toute une génération qui s'est enthousiasmée pour l'opéra rock STARMANIA. J'ai trouvé cela très joli et je voulais partager cette anecdote avec vous.
Lola Lafon s'empare de l'enlèvement de la jeune Patricia Hearst, en 1974, petite fille du milliardaire américain William Randolph Hearst, par un groupuscule révolutionnaire, le SLAM, afin de poser la question « Patricia a-t-elle subi un lavage de cerveau ou a-t-elle adopté de son plein gré la cause de ses ravisseurs ».
L'auteure, pour cette enquête fiction, va imaginer la collaboration de deux personnages : une enseignante, sociologue, Gene Neveva, en poste dans les Landes, elle-même issue des partis contestataires américains, et une petite jeune fille française, Violaine, qui lui servira d'assistante et portera un regard innocent sur l'affaire Patricia Hearst. Elles devront rédiger un rapport et tenter de déterminer les motivations de Patricia Hearst.
Le style de ce livre est assez embrouillé et porte préjudice à sa compréhension et à son message. Dommage car ce récit aurait pu être plus captivant. J'ai vu passer quelques observations sur Babelio de lecteur qui ont fini par abandonner le livre.
Il m'a fallu dépasser la forme pour ne m'intéresser qu'au fond qui a fini par revêtir un intérêt personnel philosophique et m'a renvoyée à mes propres questionnements de jeune adulte, époque lointaine, concernant la Liberté et le déterminisme.
L'individu est le fruit de son éducation, de son milieu social, s'il se construit en opposition radicale à ce qui l'a façonné, ne risque-t-il pas de tomber sous d'autres influences ? Avec le temps et un esprit critique affuté, peut-on tendre vers une certaine liberté ? le libre arbitre existe-t-il réellement ou bien est ce juste une hypothèse ?
Patricia Hearst est-elle vraiment devenue ce qu'elle était en prenant conscience du monde qui l'entourait : Tania. Ou bien est ce simplement un syndrome de Stockholm ?
Lola Lafon interroge, dérange mais ne donne aucune réponse. Beaucoup de zones d'ombre subsistent d'autant que la version de Patricia Hearst changera souvent au fil du temps.
Personnellement, Violaine a plus retenu toute mon attention. le travail qu'elle entreprend avec Gene et la manière dont cette dernière l'oblige à réfléchir, à poser un regard sur le monde qui l'entoure, a affiner ses arguments, va lui permettre d'accéder à sa liberté de pensée. Mais Violaine subit aussi un enfermement : elle est anorexique ! Sa rencontre avec Gene va déterminer le reste de sa vie. Elle deviendra une courroie de transmission.
Bien que Lola Lafon n'exprime aucune opinion, qu'elle laisse le doute, l'incertitude, planer sur le changement de Patricia Hearst, j'ai eu du mal à croire au personnage de Patricia Hearst, Il y a comme un je ne sais quoi d'inauthentique chez cette jeune femme qui prend conscience à 19 ans du monde qui l'entoure. Confortablement installée dans sa vie de jeune femme privilégiée, elle ne peut pas ignorer les évènements qui secouent les Etats-Unis à cette époque. Ce n'est pas une rebelle, elle ne s'est jamais engagée pour une cause après son enlèvement. Alors, syndrome ou pas ?
Ce récit porte le nom de trois femmes qui ont pris un chemin de vie différent de celui que la société leur avait assigné : Mercy pour Mercy Short, accusée de sorcellerie en 1690, à Salem, Mary pour Mary Jemison enlevée par la tribu amérindienne des Sénécas en 1753 et Patty pour Patricia Hearst. Trois femmes qui peut-être ont décidé d'exister selon leur désir en choisissant de donner un sens à leur existence suivant leur choix.
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