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Critique de Fabinou7


« Ô temps suspend ton vol ». Oui, Lamartine a l'art (et la manière) de la langueur.

Dans ces Méditations Poétiques (et Nouvelles Méditations Poétiques), le lecteur est convié, comme dans toute méditation, à éprouver le temps qui dure. Mais Il y a aussi une dimension spatiale, comme un goût d'immensité.

Le souffle est tantôt épique, les vagues grondent, la houle fouette les visages, tantôt mélancolique, la brise dessine une onde délicate sur l'azur du lac, les feuilles humides dans la brume bruissent vaguement sous le zéphyr.

La lyre du poète convoque les mythes et la nature dans une lyrique osmose.

Puis, sa foi le pousse à s'adresser au Divin et, entre suppliques éperdues et soumission incrédule, Lamartine questionne, au-delà de la mise en scène de son intimité, les sentiments humains.

L'entourage du poète joue un rôle prépondérant dans une oeuvre influencée tant par les mentors qui l'ont inspiré que par les muses (Elvire) qui ont guidé sa plume (à titre d'éclairage sur ce point, la préface de 1849, rédigée par le poète lui-même).

Et l'amour, jusqu'à la lie. Pour le meilleur, la pureté du sentiment, et pour le pire, une conception de la passion désincarnée, que lui reprocheront ses contemporains, à l'image de Flaubert qui, sarcastique, prédit qu'il « ne restera pas de Lamartine de quoi faire un demi-volume. C'est un esprit eunuque, la couille lui manque, il n'a jamais pissé que dans de l'eau claire ».

Si la lecture De Lamartine peut être de longue haleine c'est que la théâtralité de ses vers invite à la déclamation. Sa poésie se réchauffe, jusqu'à l'embrasement parfois, lorsqu'elle est ostensible. Elle a besoin de cet écho des contreforts du mâconnais où elle naquit, sur une mousse liquoreuse, à l'ombre des charmes.

Maintes fois raillé et caricaturé, la lyre à la main en pleine révolution du Printemps des peuples, cet éphémère adversaire de Napoléon III à la présidence de la Seconde République reste incontestablement une lecture majeure de l'aventure romantique et finalement, de quoi peut-on lui en vouloir ?
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