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Critique de ATOS


Il y a des livres qui sont de notre famille. Des livres qui ont cette même odeur. Ces couleurs, ces bruits là. On le sait, les yeux fermés, les mots grands ouverts , on sait. Tout cela nous l'avons dans notre même bagage. Prendre la route c'est souvent trouver le sens du chemin. Il faut parfois bien des années avant d'en voir le sens. Voir, entendre, être touché.
Le bruit d'une charpente, celui d'un sous bois, ce bruit qui a la même sonorité que ceux qui vous entrent par le dessous des toits lorsque le vent fait murmurer les portes des granges.
Des odeurs de vin, et de tanins, des parfums de sève, des paroles de sang. Une fresque de bois, de chair et de terre. un tendre langage de signes. Peindre ce que l'on sent, ce que l'on respire, sans omettre un seul centimètre carré de sa peau, un seul miroir de son oeil. Tout voir, en entier, nu et entièrement. Pas généralement, ni globalement, mais en détail en une évidente particularité, réaliser la mosaïque du monde que l'on reçoit. Totalement. Retrouver cette vérité, cette sincérité du monde. L'innocence de ce que l'on voit . Là en dedans soi.
Des pages que l'on tourne comme on fait glisser la paume de sa main le long d'un mur de pierre. du relief, des angles, des coupes, des courbes, de la poussière, du salpêtre, un écritoire contre lequel vient se frotter la lumière des étoiles. Une histoire aussi belle que la terre est ronde.
II y a les gens. Les gens qu'on fuit et ceux qu'on aime, ceux qui vous quitte, ceux qu'on trouve et ceux qui nous retrouvent.Ceux qui nous bouleversent et ceux qui nous transforment. Il y a les gens. Leur force, leur désarroi, toutes leurs enfances, et parfois leur effroi.
Il y a des gens, et leurs silences, des courbes, des virages, des épaules contre des dos, et des ventres frémissant contre la peau.
Il y a la moiteur chaude des étables, les paumes que l'on ouvre et ces mains que l'on tend.
Mad de Mickaël Lambert est une magnifique surprise.
Surprise d'amitié . Puisque que c'est en cheminant sur les sentier de Babelio que j'ai rencontré cet auteur. Ami poète, homme de lieux, d'espaces, que les Éditions « murmure des soirs » nous proposent ici de découvrir en sa qualité de romancier. Et c'est une très belle découverte de lecture.
Cela faisait un qu'un roman ne m'avait pas fait, simplement et si joliment, naturellement du bien.
Mad et Jean, Rémi et Julie, quatre personnages qui embrassent, frappent et caressent les murs de toute leur image. C'est simple et si compliqué à la fois de se dire comment on s'aime. Dire l'amplitude et la profondeur de cette force là. En dire la Beauté.
Par les mots, par un souffle, les sons, les frôlements, par les gestes, par une pensée, une couleur, un renoncement, par une biche qui s'arrête, par le noisetier qui porte l'espoir d'un l'été, par le chemin, le premier matin, la forme d'un corps, la pression d'une main, la longueur d'un hiver, un mouvement qui creuse les draps, c'est compliqué, et si simple à la fois.
Fragile comme un rameau , subtile comme la lumière qui parle à la fenêtre du jour, violent comme la beauté de l'orage, fort comme la vie qui hurle sa folie sous les torrents de ses nuits.
Les mains saignent, les coeurs tremblent, les ombres rapetissent. La vie prend, donne, délivre, livre, reprend.
Le jour se lève.
La vie vous reprend en dedans. A vous brûler la peau.
Parce que c'est puissant, c'est puissant lorsque les âmes ne renoncent pas.
Tout. Naturellement puissant. Cela donne sens. Sens à tout ce qui croit, vit et meurt entre nos bras.
Sens à nos mains, à leur chemin, à leur regard.
Tableau vivant donc tel est ce très beau premier roman.
J'ai aimé l'idée de ce personnage, aimé ses peintures, sa démesure, aimer sa façon de retourner le monde pour le remettre en mouvement, pour qu'il puisse se mettre à danser.
Le premier roman de Michaël Lambert.
J'attends, déjà, le prochain que m'apportera un nouvel été.
« Ici peindre a du sens ».

Astrid Shriqui Garain

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