AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de mariech


Tom Lanoye avait plus ou moins promis à sa mère d'écrire un livre sur elle , c'était son désir à elle , elle trouvait que quand on est un écrivain de talent , on doit écrire sur ses parents , c'est à la fois , un hommage et un dû , n'est ce pas tout de même un peu grâce à elle qu'il est ' arrivé ' .
Ce livre l'auteur finira par l'écrire mais après la mort de sa mère , après la mort de son père même qui lui survivra deux années après la mort de sa femme . Entre le fils et le père , il y a également un petit jeu , le père espère pouvoir lire enfin ce livre tant attendu , hommage à sa femme qu'il ne cessera d'aimer toute sa vie , maintenant qu'elle est morte , il espère que le livre sera écrit avant sa mort .
Mais le livre ne sera pas écrit à ce moment , comme l'auteur nous le confie , écrire c'est aussi détruire , mettre à nu , ce n'est pas son genre d'embellir les souvenirs et c'est pour cette raison que le livre ne pourra être écrit qu'après la mort du père .
Puis commence le récit en lui - même où l'auteur nous promet de tout dire , travail tellement difficile qu'il le remet sans cesse , lorsqu'en enfin le livre se
met doucement en place , l'auteur comme il le dit lui - même tourne autour du pot , du pot belge rajoute - t - il , en nous expliquant que c'est tout à fait belge de faire des digressions, en lisant ça , j'ai pensé que j'étais une bonne représentante de notre belgitude .
Le titre la langue de ma mère fait référence à la langue maternelle , celle qui nous marque et évidement puisque c'est le vif du sujet , à la langue perdue , la mère de l'auteur étant atteinte d'aphasie dans ces vieux jours , victime d'une première attaque cérébrale , annonciatrice de nombreuse crises jusqu'à celle ultime qui va entraîner ( enfin ) sa mort .
Que dire de ce roman ? Je dois dire qu'ayant lu Les boîtes en carton que j'avais adoré , j'ai été déroutée par moment par l'écriture , il y a des passages où je me suis dit ' oh comme je suis déçue , on m'en avait dit tant de bien....' , et puis quelques jours à peine après ma lecture , je sens que le roman est en moi et qu'il va y rester un bon moment , et ça c'est très bon signe , va veut dire que le roman m'a touchée profondément malgré ses défauts .
Et puis oui j'en attendais beaucoup , peut - être un peu trop , l'auteur c'est le moins qu'on puisse dire ne fait pas dans la facilité , il n'essaye pas de nous émouvoir à tout prix , à nous arracher des larmes , ceci étant dit , avec le recul , je me rends compte que c'est ce que j'aime , l'absence de mièvrerie , je m'en passe très bien de là mièvrerie .
A certains moments l'écriture paraît sèche , froide mais justement ça met le récit en valeur .
Cette mère , hyperactive , femme de boucher dans un petit village flamand , maman de cinq enfants , qui adore parler , a le sens de la repartie avec n'importe qui en face d'elle , va jouer les rôles principaux dans la troupe de theatre local , cette mère va subir la pire des punitions pendant sa vieillesse , perdre la parole , pire , parler un charabia incompréhensible , ce genre de punition qui tombe de façon aléatoire sur nous pauvre mortel , qui nous atteint dans ce à quoi on tient le plus au monde , dans ce cas , pour la mère , la parole .
L'auteur nous explique très justement que dans la vie , on ne peut pas toujours tenir nos promesses , dans ce cas précis , la promesse de ' faire quelque chose ' si la mère était atteinte d'une maladie qui lui ferait perdre sa dignité , oui dans ces cas nous sommes souvent lâches , mais peut - il en être autrement , n'y a - t - il pas encore l'espoir qui nous permet de ne pas tenir de promesse ?
Non seulement la mère devient aphasique mais lors du symptôme inaugural de l'atteinte cérébrale, elle va s'en prendre de façon violente à son mari , lui le seul homme de sa vie , lui l'amoureux transi de toute une vie , ce couple qui n'a jamais embrassé d'autres lèvres , et voilà que la maladie vient chambouler tout ça de façon dramatique .Et la mère doit être placée , nouveau choc pour ce couple uni .
Tableau de famille heureuse non exemptée de malheur , le couple ne perdra - t - il pas le fils qu'on appelle son plus difficile , fils trop pareil à sa mère pour s'entendre avec elle , qui décèdera d'un accident de voiture à l'âge de 32 ans.
Tableau réaliste de la mère , qui travaille sans relâche , qui aime le travail bien fait , les efforts pour se surpasser , qui est aussi comédienne à la ville que sur les planches de son théâtre , qui acceptera plus facilement que son fils ne l'imagine l'homosexualité de son fils , ah comme le dialogue est savoureux à ce moment du roman, quelle analyse pertinente sur l'acceptation de l'homosexualité et le contexte de la jeunesse des parents , on est toujours conditionné par notre enfance dit l'auteur .
Oui il y a bien des défauts dans ce livre mais il y a surtout une analyse pertinente de ce qui s'appelle la vie , cette vie sur laquelle nous n'avons pas toujours prise , qui nous blesse où ça fait mal .
Encore un dernier mot avant de terminer cette longue critique , comme dans Les boîtes en carton , l'auteur décrit avec minutie les personnes qu'il a côtoyé enfant , oh quel talent ces descriptions , ça m'a marqué , l'époque , les personnes , tout est retracé avec talent , moi j'avais oublié les pièces de vingt cinq centimes , voilà c'est le mot de la fin .


Commenter  J’apprécie          203



Ont apprécié cette critique (18)voir plus




{* *}