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Critique de mfrance


Je n'ai pas "lu" Shoah, mais je l'ai "vu" trois fois au moins, peut-être quatre. La force de ce film, c'est de raconter l'indicible avec une totale économie de moyens, une complète absence de pathos, une rigueur de professionnel du reportage.
Il ne montre rien d'autre que l'état actuel des lieux où se sont déroulées les horreurs que les camps d'extermination ont engendrées.

La force de Shoah ? Pas d'images choquantes, non, mais le bruit des roues du train sur les rails et le sifflement de la locomotive, puis le son de plus en plus assourdi de la machine qui ralentit et s'arrête devant le panneau "Treblinka" là où tout finit !

La force de Lanzmann, c'est de permettre aux derniers survivants de transmettre leur témoignage.

la force de Shoah ? c'est l'émotion de Filip Müller, qui raconte au bord des larmes comment il était chargé de récupérer les corps de la chambre à gaz et de les larguer dans les crématoires d'Auschwitz

et celle d'Abraham Bomba, qui à Treblinka devait tailler les chevelures des malheureux avant de pénétrer dans la chambre à gaz.

La force de Lanzmann, c'est aussi de donner la parole à ces paysans polonais, souvent indifférents, qui voyaient passer les convois en faisant ce geste, le doigt passant devant le cou, compréhensible par tous.
C'est aussi, d'avoir réussi à dérober les souvenirs de ce nazi, ayant sévi à Treblinka et qui raconte, avec une complète absence d'émotion le déroulement des opérations de mort !

Il y a aussi les témoignages implacables de ceux, qui pendant que ces horreurs se produisaient, ont tenté, en vain, d'avertir les hautes instances internationales.
Roosevelt, Churchill, De Gaulle, ils ont tous été au courant. Mais les camps n'étaient pas un objectif prioritaire ! et en outre, ils n'ont pas été immédiatement convaincus de la réalité de ces abominations.
Le film dure plus de neuf heures, mais il faut le voir.
On peut le regarder en plusieurs fois ! car neuf heures d'affilée c'est trop demander à notre capacité d'acceptation de ces paroles implacables ou déchirantes.
Et ces paroles, il faut s'en souvenir .... et pour cela, il faut lire et relire le livre, qui n'est rien d'autre que la relation exacte du film.
Une oeuvre insoutenable, une oeuvre incontournable.

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