La belle et le grenadier

Voilà un roman idéal à lire en cette période de l'année ! Moi qui adore les histoires de fantômes et qui souhaitaient me mettre dans l'ambiance d'Halloween, je suis comblée.
Mais même si La Belle et le Grenadier parle de revenants, l'histoire ne fait pas peur pour autant. Car Rigobert de Bonneville et Pauline de Solignac sont de gentils fantômes, et Rigobert est même très amusant. Il me rappelle, par certains côtés de sa personnalité (notamment la malchance) Sir Simon, le célèbre fantôme de Canterville d'Oscar Wilde.
Ici, toutefois, il n'est pas question, pour nos fantômes, de tenter d'effrayer des américains pragmatiques. Nos deux héros vaporeux sont chargés, par leurs ancêtres, de retrouver une partie du trésor des Templiers, dérobé par certains membres de l'ordre au nez et à la barbe de Philippe IV le Bel. Cette quête dans laquelle se lance les deux fantômes se révèle assez compliquée et va occuper toute leur existence de fantômes (et celle-ci est bien plus courte que l'existence des humains). Heureusement, au cours de leurs aventures, Pauline et Rigobert vont rencontrer des personnages sympathiques, qui vont les assister dans leurs recherches. de découvertes en découvertes, les deux fantômes en apprennent plus sur leurs ancêtres, Jehan de Bonneville et Isabeau de Polignac.

Avec ce roman passionnant et amusant, Philippe Laperrouse nous promène à travers différentes époques de l'histoire de France. Rigobert est en effet membre des armées napoléoniennes. Plus précisément, il est Grenadier, membre du 1er régiment de la Garde impériale.
En tant que fantôme, il conserve cette apparence, ce qui explique aisément la surprise de certaines personnes qui font la connaissance de Rigobert au XXIe siècle.
Quant au fantôme de Pauline, si sa tenue est également d'époque, elle attire bien moins l'attention, puisque la jeune fille porte une robe de bal blanche à taille haute, un peu comme celles que l'on rencontre dans les adaptations des oeuvres de Jane Austen.


Philippe Laperrouse nous conte également, par le biais de ses personnages, l'histoire de l'ordre des Templiers, tout comme l'arrestation de ses membres par Philippe le Bel, qui en a profité pour faire main basse sur la trésorerie de l'ordre. Jehan de Bonneville ayant été un proche de Jacques de Molay, le nom de ce dernier est plusieurs fois mentionné, et tout cela me donne bien envie de relire Les Rois maudits de Maurice Druon.

La Belle et le Grenadier fourmille donc de détails historiques précis et passionnants. Et la plume de l'auteur, soignée et superbe, m'a définitivement conquise ! Après ma lecture de plusieurs romans traduits très approximativement, pleins de fautes d'orthographe et de grammaire que l'on ne peut vraiment pas qualifier de coquilles ou de fautes de frappe, j'étais légèrement désespérée et prête à brûler plusieurs éléments de ma bibliothèque (ce qui en dit long sur mon désespoir, vu que je considère le simple fait de corner une page d'un livre comme un sacrilège digne d'une mort lente et douloureuse précédée d'une bonne séance de torture bien cruelle). La Belle et le Brigadier m'a heureusement redonné foi en l'espèce humaine et en la capacité de certains auteurs/traducteurs à produire des romans de grande qualité.

Et puis, en plus et pour mon plus grand plaisir, l'histoire de ces revenants bien sympathiques s'est terminée sur une note douce et joyeuse... que je vous laisse découvrir.

Ce roman n'est donc que du bonheur, de la première à la dernière page !