La chute d’une tuile qui tombe sur la tête d’un passant constitue l’exemple classique de ce qu’est le hasard, la coïncidence fortuite d’évé-nements totalement indépendants les uns des autres. Autrement dit, les raisons de la chute de la tuile et la présence du passant sont deux événements totalement indépendants l’un de l’autre. Mais l’esprit a quand même besoin de trouver une explication à cette situation totalement accidentelle (sans jeu de mots). On invoque alors le destin, la fatalité, etc. (Lecomte, 1992). Les rêves prémonitoires constituent un autre exemple de non-compréhension de la notion de hasard.
L’opposé de la connaissance, c’est l’ignorance. Mais être ignorant n’est pas stupide en soi. Ce qui l’est, c’est décider d’entretenir son ignorance pour mieux consolider ses croyances. L’agnatologie, l’étude des pratiques culturelles de l’ignorance, semble avoir acquis ses lettres de noblesse si on se fie au nombre d’ouvrages publiés au cours de la dernière décennie (par exemple : De Nicola, 2017 ; Firestein, 2012 ; Gross et McGoey, 2015 ; Henry, 2017 ; Michéa, 1999 ; Oreskes et Conway, 2012 ; Proctor, 2011 ; Rosling et al., 2018 ; Schiebinger et Proctor, 2008). L’historien des sciences R.N.
En fait, réfléchir, c’est fatigant – surtout entre les repas. Si la conclusion d’un raisonnement est crédible, pourquoi ne pas y croire ? Kahneman (2016) en donne un exemple classique repris par plusieurs auteurs : toutes les roses sont des fleurs, certaines fleurs fanent vite, donc certaines roses fanent vite. Bon nombre d’étudiants universitaires estiment ce syllogisme valide. Or, il se peut qu’il n’y ait aucune rose parmi les fleurs qui fanent vite. Comme la conclusion est crédible – en effet, certaines roses fanent vite –, pourquoi réfléchir plus longtemps ? Un tel biais cognitif n’a de surcroît aucune conséquence dans la vie réelle. On est ici au cœur de la paresse du raisonnement humain, valorisée, voire renforcée maintenant, par les réseaux sociaux dont l’heuristique du « like » fait appel aux émotions et non au raisonnement.
« La seule méthode éprouvée pour maîtriser la croissance démographique, c’est d’éradiquer l’extrême pauvreté et de permettre aux gens d’accéder à des vies meilleures, avec éducation et contraceptifs » (p.120). La croissance économique et la santé évo-luent de concert : là où les revenus augmentent, la santé s’améliore et vice-versa. Ayant eu accès à l’éducation, les parents ont voulu moins d’enfants mais mieux éduqués.
Certains individus se croient indûment à l’abri des conséquences susceptibles d’arriver aux autres qui auraient le même comportement. Par exemple, l’idée que la COVID-19 est un danger pour les autres peut conduire à faire fi des consignes sanitaires de sécurité. Par ailleurs, on ne compte plus dans certains cas le nombre d’excès de vitesse, de retard au travail, de conduite en état d’ébriété non sanctionnés.