Je le suivis du regard tandis qu'il tournoyait dans les airs en silence. Ca sembla prendre une eternité. Je compris le moment ou ca se produisit, aussi surement que si j'avais ecouté les battements de son coeur: Je reconnus l'odeur de la mort. Le bruit d'eclaboussures, lorsque son corps atteignit l'eau la seconde d'apres, parut derisoire et insignifiant, pas le genre de fin qu'on predirait a un homme qui avait detruit une nation.
Bleu du Ciel, me dis-je, que la vie a un prix derisoire quand on croit savoir ce que veulent les Dieux. Comme ca doit etre pratique pour un dirigeant de recourir a ce raisonnement quand il envoie des jeunes gens au combat...
Elle haussa un sourcil meprisant. Elle parvenait a exprimer beaucoup plus avec un seul sourcil que bien des gens avec toute une gamme d'expressions faciales.
Pendant un moment, il me fut impossible de bouger. Il ignorait qu'il avait laissé derriere lui un arome trahissant ses emotions: peur, tristesse, acceptation de la mort, determination. J'etais ecrasé par le poids du courage et de la douleur d'un autre.
J'avais parfois l'impression que nous etions chacun le miroir de l'autre, uniquement séparés par le temps: j'etais l'homme qu'il avait ete trente ans plus tot.
La mort n'est pas une fin, juste un etat different, si different que ca ne sert a rien d'y penser.