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Citations sur Notre désir est sans remède (15)

On dit que les gens qui vivent sous un volcan ou sur une faille sismique ont une perception différente du temps, qu’une sorte d’urgence existentielle les habite et les pousse. Ils ont intériorisé l’imminence permanente de la catastrophe, l’idée qu’à chaque instant tout peut s’arrêter, tout peut être recouvert de cendres ou glisser vers les entrailles de la Terre ; ils vivent en conséquence, en sursis, en suspens
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La légende dorée n’a pas son envers sombre – on ne sait quelle légende noire qui en serait le récit alternatif et antagonique, une autre histoire plus ou moins secrète, et forcément plus réelle parce que souterraine, honteuse, exsudant le scandale, les blessures et les vices, tout ce qu’il est soi-disant préférable de taire et qui passe donc pour le fond véritable des choses mais qui fait couler bien plus d’encre encore, excite la chronique, éperonne notre désir, attise sans jamais suffire à l’assouvir notre soif de spectacle avec plus de violence que les versions officielles, enchantées.
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Les tueurs désormais ne se cachent plus dans l’ombre, derrière les projecteurs et les enchevêtrements de la machinerie ; ils ont appris à évoluer en pleine lumière, et l’art d’exhiber leur mâchoire.
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...il y a ceux pour qui l’adjectif “oubliée” ne renvoie pas tant aux défaillances de leur propre mémoire ingrate qu’au constat que la renommée de l’actrice ne leur est même jamais parvenue.
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A force d’être traitée comme une malade, vous finissez par agir réellement comme telle.
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Toute l’image réside alors en son regard : il aimante le nôtre ; ses yeux sont noirs, profonds, à la fois sévères et vifs ; ils évitent résolument l’axe de la caméra, ne le croisent que par accident pour ainsi dire, chassent sur le côté, reviennent vers Edwards sur qui ils ne restent jamais longtemps fixés ; et lorsqu’ils se détournent ou se relèvent, discrètement mais très distinctement, une flamme y brille, que nous connaissons. Cette lueur ne nous trompe pas. C’est de la fureur. Le fleuve qui court dans ses veines n’est pas tari. Sa colère est intacte.
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Quoiqu’on ne sache jamais vraiment qui se mire en qui, si l’image précède le modèle ou l’inverse, si ce sont les héros des films noirs qui s’inspirent des barons de la pègre enrichis par la prohibition (cet âge d’or qui, hélas, vient de prendre fin à peine trois ans plus tôt) ou les bandits eux-mêmes qui s’ingénient à se conformer le plus scrupuleusement possible au portrait fantasmé que Hollywood brosse d’eux, cette accointance vestimentaire lui confère – croit-il – une certaine prestance un peu canaille, une autorité virile.
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Mafieux et malfrats vivent et meurent dans un monde à part, où règne leur loi propre ; eux aussi sont les tenants d’une loi sauvage, une autre certes que celle que le producteur représente – mais ce dernier croit volontiers que la sienne n’est pas la moins aiguë ni la moins cruelle.
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Il commente à l’emporte-pièce les nouvelles du monde (le monde restant généralement circonscrit à quelques kilomètres alentour), les ragots du jour amplifiés à sa guise et tordus selon les besoins de son éloquence particulière – mais, après tout, faire subir des torsions à la réalité est son métier. Les autres studios, un par un, en prennent pour leur grade. Quand il rit, son corps est secoué par un tressautement qui fait crisser le cuir de son fauteuil et l’oblige à s’agripper aux accoudoirs. Il dispense à la ronde ses anathèmes et ses congratulations ; dans l’assistance, il compte bien sûr ses souffre-douleurs et ses favoris, qui tous connaissent leur partition, le personnage dont ils se doivent d’endosser les attributs, et s’en acquittent avec la docilité calculatrice dont est tissé le quotidien de toutes les cours – puisque les empires sont des théâtres : celles et ceux qui essuient ses remontrances ou ses sarcasmes savent aussi qu’ils ne sont pas les moins nécessaires ni les moins chers au cœur du patron qui, ainsi, assied son pouvoir à leurs dépens et, grâce à eux, rappelle chaque soir à ses visiteurs, aux réalisateurs, aux stars même que, s’il accepte volontiers sur les plateaux d’être relégué au second plan et de s’effacer derrière d’autres volontés que la sienne, ici, au cœur du sanctuaire, là où se prennent les décisions, dans l’œil du cyclone du spectacle, il est bien l’unique maître de la loi sauvage.
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C’est ici que les films sont écrits, négociés, tournés, montés, retouchés, et d’où ils partent à la conquête de la Nation, à la rencontre d’un peuple pour en irriguer les consciences et y véhiculer la bonne parole, celle bienfaitrice, qui commande aux bonheurs de l’american way of life et raconte les récits qui la fondent. Cette même année – l’homme au cigare connaît les chiffres – plus de cent millions de citoyens se sont massés dans ces salles noires qui, serties au cœur battant de chaque ville, sont alors, dit-on, les nouvelles cathédrales de l’humanité. La foule des spectateurs y vient pour son édification aduler la geste de saints dont une bonne partie est remplacée chaque saison, canonisée de neuf pour les besoins de la cause et pour la multitude, autrement dit pour nous qui trouvons notre extase à n’être plus rien d’autre qu’un simple regard, avidement dardé sur les icônes façonnées au secret du gigantesque sanctuaire où œuvre une armée de scribes, d’artisans, de casuistes et de peintres d’un genre nouveau, et dont l’homme au cigare et au borsalino est quelque chose comme, à la fois, l’intendant, l’ingénieur et l’archimandrite.
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