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Critique de MarcelineBodier


Il y a des livres qui nous plaisent parce qu'ils entrent de plus en plus profondément dans les personnages, nous invitant à entrer de plus en plus profondément en nous-mêmes. Et puis il y a ceux qui nous plaisent parce qu'ils font le contraire : ils partent de l'histoire particulière d'un personnage, l'insèrent dans un réseau plus vaste dans lequel il prend sens, puis un réseau de plus en plus vaste, élargissant à chaque fois son sens. Dans le premier cas, le sens est intime, psychologique ; dans le deuxième cas, il est sociologique, politique. Dans le premier cas, le plaisir de la lecture vient du fait que progresser dans le livre est comme utiliser un microscope qui éclaire des détails de plus en plus fins ; dans le deuxième cas, le plaisir naît de la sensation de partir d'un détail et, au fur et à mesure qu'une montgolfière mentale nous fait prendre de la hauteur, d'insérer ce détail dans le paysage qui en révèle le sens. Dans le premier cas, les clés sont dans l'infiniment petit ; dans le deuxième cas, elles sont dans l'infiniment grand.

Les trois tomes de Millenium écrits par Stieg Larsson (je poste cette chronique sur la page de chacun des trois livres) appartiennent au deuxième cas : pour moi, il est impossible d'en écrire trois chroniques différentes, tant c'est leur enchaînement que j'ai trouvé époustouflant. Certes, le premier tome pourrait se lire tout seul, mais s'arrêter là en réduirait considérablement la portée : ce serait se priver de cette sensation unique d'accéder à une histoire de plus en plus large qui, à chaque étape, donne la sensation qu'on a enfin trouvé la clé ultime avant de réaliser que non, il y avait moyen de monter encore plus haut pour voir un paysage encore plus grand.

De ce fait, je me demande ce que peuvent bien faire les deux tomes écrits par la suite : puisque Stieg Larsson s'est arrêté au niveau planétaire, est-ce que son successeur a impliqué des extra-terrestres ? A-t-il fait un pont avec Star wars ? Alors, n'étant pas amatrice de science-fiction, je ne les lirai jamais ! Bon OK, je ne suis pas si sectaire : c'est aussi parce que l'idée des suites commerciales me déplaît... et puis je pense bien qu'il n'y a pas de complot inter-galactique. Mais alors, le seul choix qui me paraît s'être présenté au successeur est celui d'avoir troqué la montgolfière contre le microscope et d'être reparti dans l'autre sens, en direction de l'exploration des personnages et de leurs tribulations personnelles. D'ordinaire, j'adore ça, mais là, cela ne peut que trahir l'esprit de la trilogie, et ce, même si ce sont de bons romans. Donc je conseille sans réserve de lire, que dis-je de dévorer les trois tomes de Millenium jusqu'au bout, pour accéder à la grisante sensation de contempler le monde de tout là-haut ; et exceptionnellement, je me sens à l'aise pour déconseiller la lecture de deux livres dont je n'ai pas lu une ligne !
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