AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Josephine2


Merci à Masse Critique, Babelio et aux Editions Séguier pour m'avoir permis de découvrir ce livre, dédié à La Parisienne.

Ce livre, écrit à quatre mains, a pour but de décrire la Parisienne de Paris sous toutes les coutures ou du moins de nous en donner un aperçu. En tout cas, les auteurs s'y essaient. Il se découpe en 2 larges parties : une 1ère partie décrite par Antoine Laurain et Gérard Bauër et une 2ème partie, celle de Pierre de Régnier et de Henry Becque, à travers leur roman et pièce de théâtre.

En premier lieu, sous la plume, d'Antoine Laurain, on remonte le temps et on traverse les époques pour nous permettre de la discerner. Et pourquoi ce mythe. J'apprécie beaucoup son écriture. Il réussit à nous intéresser à La Parisienne. Il nous parle de son charme, de son caractère, de son évolution au cours des siècles. On passe de l'école des femmes de Molière, aux courtisanes, pour se diriger, à la fin du XIXème siècle, vers « La grande Cocotte ». Mais ce qui les révéla vraiment, ce fut le théâtre et le cinéma.

Il nous parle également de leur élégance qui se veut naturelle, innée et qui a dépassé nos frontières. Peu importe le temps passé devant le miroir, ce qui compte, c'est que cela ne doit pas se voir. Pas de vulgarité chez elle. Cela ne l'empêche pas d'être multiple et indéfinissable.

Alors que pour Gérard Bauer, la Parisienne est avant tout de Paris, née à Paris. Elle ne peut provenir d'une autre ville, ni d'un autre pays. Elle ne s'importe pas.

Suivant les époques, des changements interviennent au niveau de l'habillement et de l'allure de la Parisienne. « La nature nous prodigue des Agnès, mais ne nous fournit plus d'Hermione ». Mais pas seulement. Il y a également l'uniformisation des désirs. La banalisation se généralise chez toutes les parisiennes, quel que soit leur niveau social et ça, c'est une révolution.

De plus, elles vont voir ailleurs ce qui se fait de mieux en matière de mode. Elles prennent modèle sur les Etats-Unis. Pour Gérard Bauer, c'est plutôt négatif : « Elle est devenue charmante, en toutes circonstances et dans toutes les classes. Mais, il n'est pas certain qu'elle n'ait pas abdiqué, ni qu'elle n'ait pas perdu le sens du magnifique ». Il ressent de la nostalgie.

Gérard Bauer parle aussi de l'évolution des moeurs, des habitudes, des changements : Elles se prennent en chargent et décident seules de leur vie. Elles investissent les industries et le commerce, réservés aux hommes, en bref, elles acquièrent leur indépendance. La flânerie disparaît au détriment du stress et de la rapidité. Mais également, elles embellissent. Une femme de 40 – 50 ans n'est plus une « vieille cocotte », comme elle a pu l'être autrefois.

Avec Pierre de Régnier, on change de registre. On passe de l'élégance, de la beauté, et de l'admiration à la bagatelle, à la volupté, au plaisir, à la frivolité. On suit les pérégrinations amoureuses et tumultueuses de Bernard, personnage principal dans son roman « La femme ». Il volète de papillon en papillon. La Parisienne est juste là pour assouvir les désirs à l'instant T. Il n'y a pas d'attachement. Surtout pas. La vie glisse de femme en femme, sans s'arrêter sur aucune. Il y a Suzy, la comédienne, qui se jouera de Bernard, Marianne pour qui il pensait avoir un penchant, Alice, qui était amoureuse de Bernard, mais qu'il trompera éhontément, Ninette, qui était toute jeune, Simone qu'il désire à tout prix, Marthe avec qui il partagera une idylle, Betty qui le fera courir, Hélène dont il tomba follement amoureux, Rosine qui resta indifférente à sa cour.

Cela s'explique par le fait que Pierre de Régnier a eu une vie assez dissolue, qu'il raconte d'ailleurs dans son livre « La vie de Patachon ». Elle n'était faite que de fêtes délurées, de beuveries, et d'escapades nocturnes où tout le monde couchait avec tout le monde. Que de désoeuvrement et d'autodestruction dans cette manière de vivre, dans le Paris des années folles.

Quand à la pièce de Henry Becque, on pénètre au coeur de la vie de la Parisienne. C'est un Vaudeville. Il y a le mari, qui ne soupçonne pas que son épouse à un amant, et l'amant. A travers les dialogues des différents protagonistes, on découvre la vie d'une parisienne. Elle doit jongler entre son mari et son amant, qui se fait très pressant et dont elle aimerait se débarrasser, car elle a des vues sur un autre homme. Malgré tous ses efforts pour le décourager, celui-ci s'accroche. Mais ne vous y trompez pas, la Parisienne reste sous l'entière coupe de son mari. Elle doit lui rendre compte de tout et n'a pas son mot à dire. Elle n'est pas émancipée. Bien que… Dans cette pièce, c'est elle qui, de par ses conseils à son mari, lui obtiendra le poste tant désiré. Pièce très plaisante qui se lit facilement et qui m'a fait sourire.

Livre esthétiquement très beau, pages en papier glacé, plaisant à lire, une belle écriture fluide, sans compter les très belles gravures de la Parisienne, de René Gruau, qui viennent ponctuer les chapitres tout au long du livre.

L'analyse qui est faite de la Parisienne est bien amenée. On parle d'émancipation, de liberté sociale, d'évolution des moeurs. Il n'est pas aussi léger qu'on pourrait le penser au premier abord. Tout a un coût. Certaines n'arrivent pas à atteindre leur objectif. Elles retombent dans une existence étroite, monotone et retourne à l'anonymat.
C'est un bel hommage à la Parisienne à travers les époques.

Ce serait bien que les éditions Séguier sortent un livre sur les femmes qui, elles, ne sont pas Parisiennes… (là je suis un peu jalouse, je l'avoue).
J'espère que vous aurez l'occasion d'avoir ce livre prochainement dans les mains et que vous l'apprécierez autant que moi.
Commenter  J’apprécie          110



Ont apprécié cette critique (10)voir plus




{* *}