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Critique de Fleitour


Comment échapper à la fascination qu'exerce la petite danseuse d' Edgar Degas. A travers le mot fascination je n'évoque nullement la beauté du modèle ou la réalisation fulgurante du sculpteur. J'observe que tous les passionnés sont pris au piège de cette statuette, qui semble les affronter, les troubler, et même les envoûter .


Peut-être faut-il passer par le biais de la danse pour revenir à cette pause qui n'est ni banale ni totalement élégante. Camille Laurens a été danseuse, elle a en tête toutes les postures, tous les pas, tous les sauts que les jeunes pousses doivent apprendre dès l'âge de cinq ans. Camille devine rien qu'en regardant le modèle les souffrances de ces jeunes artistes.


Entre la fascination qu'elle éprouve, ou qu'elle cherche à débusquer, et les affres de la formation des petits rats, Camille Laurens a composé un voyage inattendu qui donne à la petite Marie van Goethem, une présence palpable, comme une sculpture musicale jouée par Edgar Degas et par tous ceux qui ont approché la petite danseuse de 14ans.


Dans la mystérieuse proximité de sa vie, et la simplicité de la distance qui la sépare d'Edgar Degas, la petite danseuse pose la question, « qu'est-ce qu'une femme », une énigme pure. "Cette quête du féminin, cette enquête infinie sur l'énigme du féminin, sur sa quintessence, au-delà des apparences apprises, l'a mené en un lieu très voisin, un lieu commun à elle et à lui... page 112."


Si l'admiratrice de l'oeuvre de Degas collectionne toutes les images et les belles reproductions qui représentent Marie, elle ne dissimule pas ambiguïté des troubles attachements, qui unissent les petits rats et leurs admirateurs.
Admirateurs, parlons plus ouvertement de protecteurs et de prostitution. Combien de fils de belles familles se sont ruinés en se liant à une danseuse au regard troublant et ingénu. Les coulisses des spectacles de l'Opéra de Paris ont été prospères de cette triste réalité.


Degas à la différence d'un Renoir n'embellit pas le modèle, ne fait pas de la petite danseuse une princesse à la beauté insolente aux yeux de guêpe. Non, car tout l'arrière salle du spectacle, seul, éveille sa sensibilité, et pourquoi pas le force à accentuer ses traits, pour lui donner l'apparence d'une fille perdue. C'est l'exact contraire d'Ingres qui ajoutait des vertèbres pour amplifier le dos vertigineux de ses odalisques.


En ayant passé beaucoup de temps à photographier des enfants en cours de danse ou pendant le spectacle de fin d'année, de 5 de mes petits enfants, je suis toujours ébloui, comme par ces sauts où la lige des jambes dessine par jeu l'horizontale. Quel fabuleux travail !


Cette petite danseuse en étirement nous subjugue dans cette pose parfaite. Ce sont des moments de grâce et quelques éclairages que Camille Laurens dévoile, elle ne tombera pas dans le piège de s'éterniser page 43 "sur l'Opéra désigné parfois comme le fleuron douteux d'un monde interlope."
Camille propose une belle rétrospective très travaillée aux descriptions très évocatrices, à la découverte du mystère Edgar Degas et de ses 50 statuettes en cire, et pour elle une quête personnelle sur les traces laissée par sa famille.

Lisez et admirez l'expo Degas, sous la direction de Camille Laurens, la directrice, de cette exposition et de ce livre très visités, sous le regard de la Petite Danseuse de 14 ans.
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